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FESPACO 2011 - Compétition documentaire
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critique
rédigé par Samir Ardjoum
publié le 03/04/2011
Samir Ardjoum
Samir Ardjoum
Lossogo, refuge ou poudrière de Samory Touré (Seydou COULIBALY)
Lossogo, refuge ou poudrière de Samory Touré (Seydou COULIBALY)
L'eau va à la rivière (Ed Adamo KIANGEBENI)
L'eau va à la rivière (Ed Adamo KIANGEBENI)
On n'oublie pas, on pardonne (Annette KOUAMBA MATONDO)
On n'oublie pas, on pardonne (Annette KOUAMBA MATONDO)
FESPACO 2011
FESPACO 2011

Lossogo, refuge ou poudrière de Samory TOURÉ (Seydou COULIBALY) / On n'oublie pas, on pardonne (Annette KOUAMBA MATONDO) / L'eau va à la rivière (Ed Adamo KIANGEBENI)

Le cinéma Neerwaya abritait le matin du dimanche 26 février 2011,
les trois premières projections de la compétition officielle du documentaire.

Trois films, trois nationalités (Angola/RDC ; Congo Brazzaville ; Côte d'ivoire), trois regards différents sur les travers de la société mais un mode de filmage commun : le reportage. Regrettable décision !

"Let's go crazy" clamait Prince, le dandy de la soul/pop dans les années 80. Chanson qui résonne inlassablement en voyant ces trois documentaires où la folie des hommes est aussi conséquente que la pauvreté qui s'éparpille dans les images des trois réalisateurs. Misère judiciaire dans On n'oublie pas, on pardonne, noirceur économique dans L'eau va à la rivière et impossibilité de transmission dans l'étrange Lossogo.

Lossogo, refuge ou poudrière de Samory Touré (Seydou COULIBALY)

Dans ce dernier, le jeune réalisateur ivoirien place la barre haute en convoquant une figure historique (le résistant Samory Touré) et en la confrontant à une situation qui risque de déclassifier les valeurs africaines tant glorifiées par l'auteur.

Il s'agit bien ici de localiser uniquement ces rites tout en évitant délibérément d'en saisir les évolutions ni d'analyser les raisons d'une éventuelle disparition.
Lossogo se prolonge donc dans un discours manichéen où l'idéologie passéiste aurait un arrière-goût moqueur.

L'eau va à la rivière (Ed Adamo KIANGEBENI)

Dans le documentaire de Kiangebeni, il est impossible d'esquiver un sourire tant le parcours du réalisateur est semé d'embuches émotionnelles qui le perturbent hautement.
Né en Angola en 1975, réfugié au Congo en raison de la guerre civile et vivant finalement en Belgique depuis l'âge de 16 ans, Ed Adamo Kiangebeni revient à Kinshasa pour tenter de (re)trouver le chainon manquant de son histoire personnelle. Idée intéressante car reliée aux atermoiements du cinéma, mais très vite embourbée dans un filmage démonstratif où chaque larme de cette immigration serait un contrepoint maladroit à cette quête initiatique.

Échec assumé à la fin du film : "Je quitte le Congo et retourne dans mon pays, la Belgique. Je quitte mon ami et ne peux lui dire A la prochaine car ce serait lui mentir".
Conclusion implacable !

On n'oublie pas, on pardonne (Annette KOUAMBA MATONDO)

Des trois films proposés, celui de la Congolaise Kouamba Matondo est le plus pertinent. Convoquant La Folie de Janus, pièce de théâtre rédigée par l'auteure Sylvie DICLOS POMOS, sur le massacre du Beach au Congo imputé à l'armée régulière sur la population en 1998, la réalisatrice va s'emparer du sujet, l'aérer au possible, reprendre de sublimes dialogues de la pièce de théâtre et l'illustrer de plans de carcasses de bâtiments sentant la mort.

La première partie atteint le sublime tant les mots épousent le squelette d'une honte calculée tout en conservant l'aspect cinématographique. Le hors-champ devient alors un vecteur de mise en scène. Dommage que dans les dernières minutes, Kouamba Matondo se sente obligée d'orienter son film vers une série de remerciements et de témoignages en forme d'hommage autour de l'écrivaine.
Regrettable car à cet instant précis, le cinéma est dominé par le cadenas artificiel du reportage !

Une réalisatrice à suivre.

Samir Ardjoum
Algérie et France

Paru le Lundi 28 février 2011, Bulletin Africiné n°12 - Ouagadougou (Burkina Faso), FESPACO 2011 - n°1, p. 6.

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