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London River, de Rachid Bouchareb, Algérie/France
L'intimité au rendez-vous
critique
rédigé par Bénédicte Sawadogo
publié le 09/04/2011
Bénédicte SAWADOGO
Bénédicte SAWADOGO
Rachid Bouchareb, réalisateur de London River
Rachid Bouchareb, réalisateur de London River
Brenda Blethyn et Sotigui Kouyaté dans London River, de Rachid Bouchareb
Brenda Blethyn et Sotigui Kouyaté dans London River, de Rachid Bouchareb
Brenda Blethyn et Sotigui Kouyaté dans London river
Brenda Blethyn et Sotigui Kouyaté dans London river

Après Indigènes (2006), le réalisateur franco-algérien Rachid Bouchareb revient avec un autre long métrage London River sorti en France le 23 septembre 2009. C'est un film de 88 minutes plein de suspense et de rebondissement.

7 juillet 2005, quatre attentats simultanés en plein coeur de Londres endeuillent la Grande-Bretagne. Désolation, panique et inquiétude saisissent la Grande Bretagne. L'histoire que raconte le film de Rachid Bouchareb va se construire autour de deux personnages complètement différents que la tragédie va rapprocher.

Elizabeth, veuve, vit seule sur l'île britannique de Guernesey, au large de la Normandie. Elle apprend la tragique nouvelle des attentats à la télévision et appelle immédiatement sa fille, étudiante à Londres, pour prendre de ses nouvelles. Sa fille ne répond pas et ne rappelle pas. Elizabeth part à Londres sur les traces de sa fille. Sur place, elle fait la rencontre d'Ousmane, un père malien vivant à Paris et qui entreprend
une démarche similaire pour retrouver son fils venu d'Afrique, pour étudier à Londres, qu'il n'a pas vu depuis 15 ans. L'histoire est belle et pleine d'émotion.

London River n'aborde pas seulement des questions comme le deuil ou les traditions religieuses mais se révèle bien plus profond de sens. L'émotion est présente et vive à travers les personnages, leurs façons de réagir qui se veulent simples et pudiques, leurs façons de passer de l'espoir au désespoir, de rechercher une réponse à leurs interrogations. Les personnages Ousmane (Sotigui Kouyaté) et Elisabeth Summers (Brenda Blethyn, actrice anglaise) ont su marquer cette émotion. Les traits du visage, les silences, en sont le témoignage. Tout est intelligemment bâti. Rachid Bouchareb construit son récit avec pudeur, sans extravagance. Le drame réunit les deux parents dans une quête commune. Tout semble les séparer.
Elisabeth, chrétienne protestante, fait face à Ousmane, musulman. Tous deux très pratiquants. Des différences culturelles qui ont été un frein à l'établissement de la communication entre les deux personnages.

Le film raconte aussi la fracture qu'il peut y avoir entre parents et enfants. Le désir de liberté des uns conduit à la souffrance liée à l'isolement et à la solitude des autres. Parfois le temps nous vole nos enfants. Ils deviennent très vite adultes, indépendants, responsables et construisent leurs vies bien souvent loin de ceux qui les ont mis au monde. À travers ce film, Rachid Bouchareb imprime sa marque : un cinéma intimiste.

London River pose donc beaucoup de questions. C'est un film à voir, revoir et à faire voir.

Bénédicte Sawadogo
Burkina Faso

Article paru le Mardi 1er mars 2011, Bulletin Africiné n°13 - Ouagadougou (Burkina Faso), FESPACO 2011 - n°2, pp. 1 et 3.
avec le soutien d'Africalia (Belgique | Bruxelles) et du Ministère des Affaires étrangères (France)

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