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Entretien avec Ridha Tlili (Ayan Ken, de son pseudonyme), réalisateur du court métrage Teriague
Un cinéaste en (dé) construction
critique
rédigé par Mohamed Nasser Sardi
publié le 03/06/2011
Ridha TLILI (Ayan Ken).
Ridha TLILI (Ayan Ken).
Teriague
Teriague

Connu sous le pseudo "Ayan Ken" (ou Ayan Kan), titre de son premier court métrage (en 2007), Ridha Tlili est né dans la région de Baten Agaag (entre Gafsa et Sidi Bouzid). Cette région de montagnes dominant la steppe est peut- être la cause des partis-pris cinématographiques de ce jeune cinéaste : une profondeur de champs accentuée et un découpage totalement déconstruit.
L'influence de certains enseignants de l'ISAMM, où il a eu son diplôme d'assistant en 2003, apparait aussi dans son choix de faire un cinéma d'expérimentation avec une approche esthétisante.
Le reste de ses études passe par l'ESAC où il a eu un diplôme national (2008) et l'ISAD où il a soutenu un master (2009). Sa filmographie se compose de trois courts métrages : Ayan Kan (2007), Bas bord (2009) et Teriague (2009).
Son premier court métrage, Ayan Kan, a eu un certain succès dans plusieurs manifestations cinématographiques dont le Prix de la réalisation au Festival de Taghit 2008, en Algérie. Quant à son film Bas Bord a été programmé en 2011 lors des "Soirées du Court Métrage" organisées par l'ATPCC. Le FIFAK 2009 a eu droit à la Première Mondiale de sa dernière réalisation, Teriague, qui a été projeté au Ciné-club de Tunis aussi, durant le mois de décembre 2010.

Tout en musique, Teriague nous emmène dans un voyage, de la ville vers le Sahara en traversant mer et montagnes, pour nous transmettre des images de la Tunisie d'aujourd'hui ; là où se mêlent les festivités bédouines aux chants des sahariens. Une quête d'errance sans fin.

Naceur Sardi : Votre premier film, Ayan Kan, a dérouté plusieurs cinéphiles et critiques tunisiens par son écriture et son montage. Pourquoi ce choix de déconstruction que nous trouvons d'ailleurs dans vos deux autres films ?

Ridha Tlili : Il y a différentes façons de raconter une histoire. Personnellement, j'opte pour celle qui table sur la participation et l'intelligence d'un spectateur qui doit fournir un effort dans l'acte du décodage. J'aime pousser ce spectateur vers le doute et l'interrogation.
En plus, je trouve que l'absurde occupe une grande partie de la vie ; j'essaie de faire le cinéma qui l'exprime le mieux.

Naceur Sardi : Teriague est une œuvre qui ne permet pas la demi-mesure dans sa perception. On l'aime ou on ne l'aime pas. Au fait, c'est quoi Teriague ?

Ridha Tlili : Le sens lexical est "antidote". L'histoire du film est celle d'un homme qui entame une errance, partant de la ville pour arriver au désert. C'est en réalité une double quête ; la quête de soi et la quête d'images belles et colorée de la Tunisie, sans tomber dans le folklorique, et qui sont l'antidote à une vision et une réalité plus sombres.

Naceur Sardi : Mais dans ce désert, votre personnage n'est pas seul ; il suit deux ombres lointaines !

Ridha Tlili : En réalité, toute errance (la mienne comme cinéaste, aussi) a besoin de repères, surtout quant on explore un espace inconnu. Ces repères sont, la plus part du temps, le fruit du hasard. Ce hasard m'a fourni ces deux hommes comme repères. J'en ai fait ceux de mon personnage.

Naceur Sardi : La musique, omniprésente, rythme votre film ; tout en jouant le rôle de leitmotiv et de fil conducteur.

Ridha Tlili : Mon film peut, aussi, être assimilé à une œuvre sur cette musique qui reste une, malgré la variété des morceaux. Elle ponctue le film et fournit d'autres clés pour sa compréhension. Malgré la diversité de provenances et de cultures, ces musiques parlent toutes de l'exil ; mais aussi de l'espoir d'un avenir meilleur. Le chant est une façon de dépasser sa propre situation et d'aborder le monde avec un œil plus optimiste.

Interviewé par Naceur Sardi.

FICHE TECHNIQUE de Teriague
Scénario et Réalisation : Ayan ken (Ridha Tlili)
Image : Rabii Messaoudi & Ayan ken
Son : Wissem Azouzi & Wassim Mestiri
Montage : Khaled Chaouch
Production : Mandarine Production, Tunisie - 2009

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