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Portrait de Laminou Tilimdo
Cinéaste touche-à-tout
critique
rédigé par Stéphanie Dongmo
publié le 20/06/2011
Stéphanie Dongmo
Stéphanie Dongmo
Laminou Tilimdo
Laminou Tilimdo
Affiche de la 1ère édition du Festival International du film mixte (FIFMI 2011) de Ngaoundéré, Cameroun (12 au 16 déc 2009)
Affiche de la 1ère édition du Festival International du film mixte (FIFMI 2011) de Ngaoundéré, Cameroun (12 au 16 déc 2009)
Arice SIAPI, directrice du Festival International du film mixte (FIFMI 2011) de Ngaoundéré, Cameroun, du 08 au 12 janvier 2011.
Arice SIAPI, directrice du Festival International du film mixte (FIFMI 2011) de Ngaoundéré, Cameroun, du 08 au 12 janvier 2011.
Laminou M. Tilimdo, réalisateur
Laminou M. Tilimdo, réalisateur

Scénariste, acteur, réalisateur, monteur et producteur autodidacte âgé de 39 ans, il compte une dizaine de films distribués dans le grand Nord du Cameroun.

"Soureyya" (52mn, 2010), un film de Laminou Tilimdo projeté au Festival international du film mixte de Ngaoundéré en janvier 2011, s'est vu couronner du 1er Prix du court métrage. Acclamée par le public et saluée par la critique, cette œuvre tournée en français est la dernière de la longue liste de films réalisés par le cinéaste, qui porte toutes les casquettes de la chaîne de production d'un film : scénariste, acteur, réalisateur, monteur, producteur et bientôt distributeur.

D'aussi loin qu'il se souvienne, Laminou Tilimdo a toujours rêvé de faire du cinéma. En 1989, avec quelques amis, il créé le club cinéma du quartier Sabongari à Ngaoundéré où il est né en 1972. Ensemble, ils produisent le film "Les fraudeurs" à l'aide d'une caméra VHS empruntée au père d'un ami. Trois ans plus tard, avec des camarades de classe, Laminou Tilimdo lance le club cinéma du lycée classique de Ngaoundéré. "Si je savais" et "L'héritage de Simo" qu'ils produisent en 1995, sont diffusés au cours des projections payantes organisées au sein de l'établissement. La même année, peut-être trop absorbé par sa passion, Laminou Tilimdo échoue à l'examen probatoire et quitte définitivement les bancs pour se consacrer au cinéma.

En 1998, Laminou Tilimdo est le secrétaire général d'une association d'artistes de l'Adamaoua. Ensemble, ils se lancent dans la production des films en fufuldé : "Yaadou bee dabare" (Marche avec intelligence) et "Wada wasmita" (Agir et regretter) sortent la même année, réalisés et montés par lui. Autodidacte, il tombe souvent. Mais toujours, il se relève et avance inexorablement. Laminou Tilimdo voit grand et ne veut pas s'arrêter en si bon chemin. Il s'essaie aussi à l'écriture des scénarios, et plus tard à la production.

La piraterie au rendez-vous

En 2001, les artistes de l'Adamaoua s'associent avec le Ballet royal de Ngaoundéré. De cette fusion naîtront trois longs métrages: "Khaddara" en 2001, "Yarda" et "Niiyassou" en 2002, tournés en haoussa. Laminou Tilimdo écrit, réalise et produit "Sey gedal" (Le destin) en 2003 et "Alkawal" en 2004. Chaque film est tourné en une semaine avec une caméra numérique. Il faut compter une autre semaine pour le montage et le film peut sortir en Dvd et Vcd. "Sey gedal" et "Alkawal" sont distribués dans le grand Nord, via des boutiques où on trouve en majorité des films de Nollywood, de Bolywood et de Hollywood. Mais sortir ces films en Dvd et Vcd a ouvert grand la porte à la piraterie.
Le film original coûte 5000Fcfa, alors que celui piraté coûte 500Fcfa. De plus, il est mieux distribué. On le trouve dans les principales villes des régions de l'Adamaoua, du Nord et de l'Extrême-Nord, et jusqu'à N'Djamena, au Tchad. Si l'argent ne rentre pas, Laminou Tilimdo et surtout, les acteurs de ses films, acquièrent la notoriété auprès du public.

En 2005, Laminou Tilimbdo écrit, joue, réalise et monte le film "Mal djamba" (Le charlatan). Ce film est tourné en trois parties de 60 minutes chacune en fulfulde (peul) et sous-titré en français. "Les films en langues locales sont très bien accueillis par le public. Toutefois, je veux donner une chance à mes films de s'exporter au-delà des frontières du grand Nord. Ce film a été pour moi la consécration, il a confirmé mon talent", explique-t-il.
Bien que vendu à 1000Fcfa, "Mal djamba" est piraté. "Les distributeurs sont les premiers pirates. De plus, ils ne reversent pas toujours l'argent des Cds vendus", se plaint Laminou Tilimdo.

En 2008, le cinéaste pluriel écrit, réalise et produit "Djannatou" et en 2009 "Djoondé Douniya". Échaudé par ses expériences passées, il se garde bien de les sortir en Dvd. Mais le problème de fond demeure.
"Il faut trouver comment récupérer les dépenses engagées dans la production d'un film. Puisqu'il n'y a pas de salles de cinéma, nous sommes en train de réfléchir à une nouvelle forme de distribution. Je vais relancer la production des films en home vidéo quand j'aurais mis sur pied un réseau de distribution personnel", prévient-il.

Mais Laminou Tilimdo manque de financements. "Il n'y a pas de mécène, ni de sponsor ; les distributeurs ne sont pas fiables ; il n'y a pas de diffuseur ; aucune salle de cinéma".
Pourtant, il en est sûr, "nous avons le potentiel. Ce qui nous manque, c'est un cadre qui permette une bonne définition des rôles. Car, il n'est pas sain d'être à la fois acteur, scénariste, réalisateur, monteur, producteur. C'est dangereux, à la limite, car, on n'a que son regard qui n'est pas forcément critique pour ses oeuvres", déplore-t-il.

Stéphanie Dongmo

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