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Les noces de Coton, de Gérard Nguélé
Le châtiment involontaire
critique
rédigé par Martial Ebenezer Nguéa
publié le 29/06/2011
Les noces de Coton
Les noces de Coton

Le film de Gérard Nguélé évoque le drame sentimental d'une femme à la suite du décès de son époux.

Habitué des documentaires depuis le succès remarquable de Deuxième classe, son film de 26 minutes primé dans plusieurs festivals de court métrage notamment le prestigieux festival de Clermont Ferrand en France, Gérard Nguélé propose une cette fois une fiction.
Les noces de coton, sélectionné dans la catégorie courts métrages en 35 mm en compétition officielle à la 22ième édition du Fespaco a été diffusé officiellement au Cameroun ce dimanche au Centre Culturel François Villon de Yaoundé dans le cadre de la 15ème édition du festival Ecrans Noirs.

Un espace naturel choisi au bord d'un cours d'eau, un lent traveling traverse la nature, la caméra s'arrête et se pose sur une table magnifiquement dressée, un coup d'air frappe. Le décor est tout posé dans ce beau petit film de 15 minutes.
En fait Les noces de Coton se conjugue avec la charmante Toni Bath Atangana, seule actrice dans le film, qui campe le personnage d'une femme meurtrie dans son amour, à la suite du décès de son époux. Elle décide alors de célébrer leurs noces de coton, sur les lieux de leur première rencontre. Elle organise alors un pique-nique à deux. C'est parti pour un drame qui va se vivre dans la tête.

Le tout se construit dans l'esprit du personnage. Elle est prise par une caméra qui fouille. Elle campe son visage, l'épluche sans arrêt. Des instantanés de sa vie d'avant sont évoqués à coups de dialogue et de geste. Elle n'en finit pas de dire, de raconter et de s'éprouver. Lorsqu'elle atteint le comble de sa détresse, elle trempe savamment une main dans sa petite culotte comme pour dire le manque de plaisir et le dégout qui s'est installé dans sa vie. Sa vie est une banalité qui contraste avec toute sa beauté physique.

La démarche du réalisateur semble plus rigoureuse sur la qualité de l'histoire et de l'interprétation de son personnage. Nous sommes en 16/9. Un choix de filmage très complexe. Il fait du spectateur un acteur actif de la mise en abîme de son personnage. La force du propos qui traverse son corps nous afflige au même titre.
Dans le jeu de gros plans sur son visage en sanglotés, on reste captif de ce que le réalisateur et son personnage nous proposent. Finalement, loin de pleurer avec l'héroïne, on en devient vachement proche, car elle se rend sympathique à la fois par son jeu et par la dynamique du montage.

C'est là justement le cinéma de Gérard Nguélé qui a appris à casser les codes d'un cinéma dit d'une origine géographique particulière pour un regard plutôt global de l'humain.
Avec une jeune équipe technique dirigée par Joel Nzeuga à la direction photo, elle confirme sa riche expérience du cinéma. Même si les salles sont rares au Cameroun.

Martial E. Nguea

article paru dans la revue Mosaïques (Yaoundé), - ÉDITION SPÉCIALE Nº 002 du 21 Juin 2011, page 5.
Dans le cadre de l'atelier de formation à la critique animé par Jean-Marie Mollo Olinga (FACC) et Klaus Elder (FIPRESCI). Organisation : les associations Arterial Network et la Cameroon Art Critics (CAMAC), en collaboration avec le Goethe Institut Kamerun.

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