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Burkina Faso : Naissance d'un fonds associatif d'aide à la production cinéma
Le Fonds de soutien succès cinéma Burkina Faso
critique
rédigé par Emmanuel Sama
publié le 27/08/2011
Emmanuel Sama
Emmanuel Sama

Dénommé Fonds de soutien succès cinéma Burkina Faso, ce nouveau mécanisme d'aide à la production cinématographique est basé sur le succès engrangé par un film diffusé auprès des spectateurs dans cinq (05) salles agréées de Ouagadougou.
L'annonce publique de la mise en place de ce fonds a été faite le jeudi 11 août 2011.Une phase test couvrira la période du 1er septembre 2011 au 30 juin 2012.
Il y a une condition sine qua non. Les producteurs des trois films comptabilisant le plus d'entrées au "box-office" bénéficieront d'aide à réinvestir (obligatoirement) dans la production d'un prochain film en chantier.
Face au tarissement des aides à la production, des professionnels burkinabé en quête d'appuis extérieurs ont trouvé l'oreille attentive de partenaires suisses disposés à soutenir le cinéma du Faso, convaincus qu'il a encore beaucoup à donner au regard de son parcours et des potentialités créatives qu'il ne cesse de révéler.
La mise en œuvre de ce partenariat est piloté du côté burkinabé par l'Association burkinabé pour la gestion du fonds présidée par Gaston Jean Marie KABORÉ et du côté suisse par FOCAL, constitué par des professionnels de cinéma (Thierry Spicher, Pierre-Alain Meier et Pierre Agathe)

Principes généraux

Ce nouveau fonds n'est ni un fonds initial de production, ni basé sur une sélection qualitative des meilleurs scénarii. Il ne se substitue pas non plus et n'est pas lié au Fonds de promotion de l'Etat déjà existant au niveau du ministère de la Culture. Seuls les producteurs burkinabés peuvent souscrire à ce fonds.
Le fonds succès cinéma, comme le sous-entend sa dénomination, est un mécanisme d'aide automatique octroyée aux producteurs des trois films en tête du "box office". A partir d'un palier fixé à 10 000 entrées dans cinq (05) salles agrées proportionnellement à leurs résultats.
Une charte adoptée par l'Assemblée constitutive définit le principe de cette aide automatique qui est de générer pour le producteur burkinabé, via l'exploitation d'un ou de plusieurs films, des bonifications à réinvestir dans la production de nouveaux films. "Les montants des bonifications sont proportionnels aux résultats obtenus par les films dans les salles de cinéma et doivent être totalement réinvestis dans la production de nouveaux films ; cette condition étant la seule à remplir pour pouvoir débloquer les bonifications du fonds". Une telle entreprise n'est possible qu'en mettant en place un dispositif fiable de billetterie, de comptage, de contrôle et de vérification des entrées et de la réalité d'existence d'un projet de film mis en chantier par les bénéficiaires.

Le dispositif et les conditions

À défaut d'une billetterie nationale, l'association émettra elle-même des tickets qu'elle mettra à la disposition des exploitants des cinq salles agrées pour la phase test au regard des records d'affluence du public dans les dites salles : Ciné- Burkina, Ciné Neerwaya, Ciné-Emergence, Ciné-Tampouy et Ciné Pissy.
Des bordereaux de relevés journaliers et fiches hebdomadaires de récapitulation d'entrées ainsi que des unités téléphoniques seront fournis aux exploitants pour l'enregistrement et la transmission des données.
L'association prévoit d'adjoindre un contrôleur mandaté par elle à ceux des salles agrées. Elle ne s'intéresse pas aux recettes réalisées. Sont exclues du comptage, les entrées réalisées pendant le FESPACO.
Il est à signaler que c'est au producteur, dûment reconnu conformément à la législation, d'inscrire le film auprès du Secrétariat de l'Association. Les autres conditions importantes de participation sont que les films doivent être burkinabé et avoir les caractéristiques suivantes : être de long métrage (supérieur à 1 heure), le producteur délégué du film doit être une société ou un producteur installé au Burkina depuis au moins le 1er janvier 2008 ; le producteur burkinabé doit être majoritaire dans le financement avec une participation d'au moins 55%.
L'admissibilité à la phase test est communiquée au producteur ou à son mandataire après la remise au Secrétariat chargé à cet effet de la copie du contrat d'exploitation, au plus tard une semaine avant le début de l'exploitation par à la fois le producteur et l'exploitant agrée.

Vérification et attribution des bonifications

Un jury ad hoc constitué par le bureau exécutif de l'Association burkinabé est chargé de la gestion de cette phase test. Focal, le partenaire suisse, a mandaté des membres pour superviser et accompagner cette phase. Thierry Spicher assurera le contrôle du comptage des entrées.

Organisée sous forme de concours, la phase test prend fin le 20 juin 2012. Les lauréats seront déterminés de la façon suivante :
1) Le film doit franchir un palier de 10 000 entrées pour être éligible aux bonifications prévues
2) Les trois films de plus de 10 000 entrées ayant le plus grand nombre d'entrées validées seront primés

Cette première phase de mise en œuvre du mécanisme est réalisable grâce à l'appui financier du Bureau de la Coopération suisse au Burkina, le BUCO, à hauteur de 50 millions de francs CFA ; dont 45 millions consacrés à l'aide à la production et 5 millions aux charges de gestion qui conformément à la charte ne peuvent excéder 10% des montants mis à la disposition de l'Association.
Les montants octroyés sont destinés à être obligatoirement réinvestis dans la production d'un prochain film burkinabé. Ils sont de :
- 20 000 000 F CFA pour la production ayant comptabilisé le plus d'entrées.
- 15 000 000 F CFA pour le deuxième
- 10 000 000 F CFA pour le troisième
Les retraits ou virements des bonifications se font après une demande adressée au secrétariat au moyen d'un formulaire officiel.

Cette demande doit être accompagnée de la preuve de détention par le producteur agissant en qualité de producteur délégué d'une liste comprenant :
- le scénario de film,
- la liste artistique et technique,
- le calendrier de production ;
- le plan de tournage,
- le budget détaillé
et le plan de financement.

Les éléments garantissant leur authenticité seront joints à la demande, notamment : les contrats d'auteurs, les contrats d'engagement des techniciens et des comédiens, des preuves de financement.

Des étapes et des pourcentages sont prévus pour les déblocages.
L'objectif principal de la phase test est de vérifier l'applicabilité du dispositif et si les résultats sont probants, de consolider le financement du Fonds succès cinéma Burkina afin de le pérenniser par des nouveaux apports car il aura fait ses preuves de bon accompagnement de la production cinématographie.
Cette initiative doit inciter l'Etat à revoir à la hausse l'aide du Fonds de promotion qui stagne à 50 millions de francs CFA depuis 2005.
Des jeunes cinéastes sont formés et les demandes d'appuis divers sollicités. Le lobbying des professionnels du cinéma devra continuera pour sortir du piétinement et de la régression qualitative du cinéma burkinabé.

Emmanuel SAMA

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