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Afrikamera 2011 : Beyond present and future
La diaspora africaine promeut le cinéma à Berlin
critique
rédigé par Claire Diao
publié le 19/11/2011
Alex Moussa Sawadogo, Directeur du festival Afrikamera
Alex Moussa Sawadogo, Directeur du festival Afrikamera
Ardiouma SOMA dans la salle de conservation des bobines (Cinémathèque Africaine de Ouagadougou)
Ardiouma SOMA dans la salle de conservation des bobines (Cinémathèque Africaine de Ouagadougou)
Annie Djamal, responsable de l'Organisation Générale des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC)
Annie Djamal, responsable de l'Organisation Générale des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC)
Pedro Pimenta, directeur du festival Dockanema
Pedro Pimenta, directeur du festival Dockanema
Charles Asiba, directeur du KIFF - Kenya International Film Festival
Charles Asiba, directeur du KIFF - Kenya International Film Festival
Jacques Rutabingwa, représentant à Afrikaméra 2011 du Rwanda Film Festival dont il est le Directeur technnique
Jacques Rutabingwa, représentant à Afrikaméra 2011 du Rwanda Film Festival dont il est le Directeur technnique
Laza, directeur des Rencontres du Film Court de Madagascar (RFCM)
Laza, directeur des Rencontres du Film Court de Madagascar (RFCM)

En Allemagne, hormis quelques films africains sélectionnés lors de la Berlinale et les programmations d'opérateurs culturels comme AfricAvenir, Haus der Kulturen der Welt (KHW) et Enoka Ayemba, peu d'écrans reflétaient la créativité cinématographique africaine. Peut-être parce que les rapports entre ce pays et l'Afrique ne sont pas aussi forts que ceux que la France ou la Grande-Bretagne ont entretenus avec leurs anciennes colonies ?

Quelles qu'en soient les raisons, la naissance du festival Afrikamera de Berlin ne tient qu'à une personne : Alex Moussa Sawadogo, Burkinabè expatrié depuis dix ans en Allemagne. ""Durant mes études de management à Berlin, je devais monter un projet, explique-t-il. J'étais le seul Africain et le seul étranger parmi les 30 étudiants allemands de ma classe."

Constatant que l'Allemagne montrait très peu de films africains, il décide de monter un festival de cinéma. Seul hic, la langue. "Imaginez, le petit Burkinabè qui parle un allemand chaotique veut monter un festival de cinéma africain ! Il me fallait des alliés, alors je n'arrêtais pas de parler du projet à mes camarades de classe". Alliant hospitalité africaine et opération séduction, Alex Moussa Sawadogo invite ses camarades à manger africain chez lui. "On devait être 10, on a fini à 20 !" raconte-t-il en riant. Fort de son succès culinaire, il réussit à intéresser des étudiants qui le soutiennent dans son projet.

Pendant un an, il envoie des demandes de financements à toutes les ambassades et fondations. "Au début, je voulais associer toutes les ambassades africaines présentes à Berlin. Un événement comme ça, ça n'existait pas ! Imaginez, si toutes les ambassades me donnaient 500€, je n'aurai même pas besoin de soutiens locaux !". La réalité est différente. Seule l'Ambassade du Burkina Faso à Berlin apporte son soutien ; les autres font acte de présence lors des projections.

Mais à force de persévérance, Alex Moussa Sawadogo fait les bonnes rencontres. Une députée le met en contact avec le Ministère des affaires étrangères allemand. Pour le jeune entrepreneur, c'est l'opportunité à ne pas rater. "Je me suis enfermé pendant 10 jours pour apprendre l'allemand. Il fallait que ma présentation soit béton car c'était mon unique chance. Le jour du rendez-vous, je me suis retrouvé devant des Allemands en costard-cravate. Je récitais mon speech plus que je ne l'expliquais. Au bout de quinze minutes, le gars m'interrompt. - Tu es africain ? Oui. - Tu veux vraiment faire ce festival ? Oui. - Tu as besoin d'argent ? Oui. - Alors c'est bon, je finance ton projet. Imaginez ! 10 jours de préparation et en quinze minutes, le gars me donne son accord ! Cinq minutes plus tard, il m'appelle sur mon téléphone. - Je te donne 50 000€."

Grâce à ce soutien, Alex Moussa Sawadogo lance en 2007 la première édition d'Afrikamera. Entouré de collaborateurs talentueux, tant dans le domaine de la communication que du web, le jeune homme promeut une Afrique qui gagne et un travail de qualité. Pour preuve, son festival a lieu au Kino Arsenal, l'Institut du Film et de la Vidéo de Berlin qui accueille chaque année le Forum de la Berlinale. "Quand nous avons démarché le cinéma, ils ont tout de suite été intéressés par le projet, nous explique Florian Wachinger, chargé de communication du festival. L'Arsenal est un lieu qui valorise tous les cinémas du monde. Il leur paraissait normal d'accompagner un festival de cinéma africain, d'autant plus que leurs salles sont équipées de tous les formats de projection imaginables".

Pour sa 5e édition, Afrikamera se positionne au-delà du présent et du futur. En invitant des représentants des Journées Cinématographiques de Carthage (Annie Djamal), du Fespaco (Ardiouma Soma), du festival de documentaire Dockanema du Mozambique (Pedro Pimenta), du Kenya International Film Festival (Charles Asiba), du Rwanda Film Festival (Jacques Rutabingwa) et des Rencontres du Film Court de Madagascar (Laza), le festival met un réel coup de projecteur sur les initiatives menées sur le continent.

L'événement fait figure de rendez-vous annuel tant les salles sont pleines lors des projections. Ici se mélangent cinéphiles et curieux, amoureux de l'Afrique ou expatriés. Et cette initiative, saluée par les spectateurs et partenaires locaux, l'est surtout par les pionniers du cinéma en Afrique. "Organiser un festival de cinéma africain est très compliqué et on a souvent envie de baisser les bras, avouait Ardiouma Soma dans son discours d'ouverture du festival. Mais quand je vois une salle pleine comme ça et la dynamique de jeunes comme Moussa, j'ai envie de dire à Pedro [Pimenta] : nous ne devons pas baisser les bras."

Claire Diao

Afrikamera du 16 au 20 novembre 2011
http://www.afrikamera.de

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