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Festival image et vie - Edition spéciale (janvier 2012)
Cinema africain : regards croisés sur le financement et la diffusion
critique
rédigé par El Hadji Massiga Faye
publié le 07/01/2012
E. Massiga Faye
E. Massiga Faye
Selma Bargach, réalisatrice marocaine
Selma Bargach, réalisatrice marocaine
Missa Hébié, réalisateur burkinabè
Missa Hébié, réalisateur burkinabè

Financement, réalisation, diffusion… autant de points qui ont retenu l'intérêt de critiques, réalisateurs autour du cinéma africain. Ces regards croisés étaient, jeudi, l'objet de la rencontre-échange initiée par le Groupe image et vie (Giv), en partenariat avec l'Association sénégalaise de la critique cinématographique (Ascc).
Dans le cadre de l'édition spéciale de son festival de cinéma, intitulée "le meilleur du cinéma", qui se poursuit jusqu'au samedi 7 janvier 2012, le Groupe image et vie (Giv), en partenariat avec l'Association sénégalaise de la critique cinématographique (Ascc), a organisé, jeudi, une rencontre-échange avec les professionnels du cinéma autour de la qualité des films africains et leur capacité à rencontrer leur public.
A cet effet, deux réalisateurs africains de renom ont été invités à la Maison de la culture Douta SECK (MCDS), sis au quartier de la Médina, Dakar. Il s'agit de Selma Bargach du Maroc avec son film La 5ème corde et Missa Hébié du Burkina Faso, auteur du long métrage En attendant le vote.



Dans son propos introductif, Modou Mamoune Faye - président de l'Association sénégalaise de la critique cinématographique (Ascc) - a rappelé que le but de cette rencontre-échange était de relever le niveau de la critique. Selon le journaliste Modou Mamoune Faye, ce sont plutôt les autres qui parlent de notre cinéma à notre place. D'où la nécessité pour les journalistes africains d'avoir ce rôle d'alerte et de critique, estime le président de l'Ascc.

"L'argent, nerf de la guerre"

Celui-ci trouve que le 7ème art peut être une industrie culturelle, créatrice d'emplois, au-delà de l'aspect divertissement. Toujours est-il que le dilemme entre faire un film d'auteur et un film grand public se pose pour les réalisateurs africains. Pour le président de la Fédération africaine de la critique cinématographique (Facc), Baba Diop, il y a lieu de contextualiser un cinéma africain très intellectuel après les indépendances, avec une vision très classique. "Avec la télévision, le cinéma est devenu moins intello", relève Baba Diop. Parlant de son expérience cinématographique, la réalisatrice marocaine, Selma Bargach, a évoqué la place de l'argent pour faire un film. "L'argent est le nerf de la guerre. Le producteur doit avoir de l'argent en dehors des subventions, remarque l'auteur du long-métrage La 5ème corde, Prix du jury en 2011 au festival de Khouribga (Maroc). Nous connaissons, aussi, la fermeture des salles de cinéma. Mais, il y a une politique d'accompagnement avec l'ouverture de multiplexes, notamment à Tanger et à Rabat." Seulement, observe Selma Bargach, la communication n'est pas agressive, pour ce qui est des sorties de films. "Le problème du budget de communication demeure au niveau des radios et des télévisions", pense la réalisatrice qui s'est donnée comme défi, dans son premier long métrage, La 5ème corde, de travailler rigoureusement la structure scénaristique, l'évolution du personnage principal et les dialogues. Pour celle qui a dix années d'assistanat de réalisation à son actif, il est important de savoir ceux avec on va travailler.
Dans la même lancée, le réalisateur burkinabé, Missa Hébié, soutient qu'il faut compter sur ses propres moyens, se battre. L'auteur du film En attendant le vote est d'avis que le réalisateur ne doit pas avoir peur de ses opinions et de prendre des décisions. Sur ce registre, M. Hébié a établi le lien entre le cinéma africain et son public. Selon lui, la plupart des films africains sont des films d'auteurs qui ont la particularité de faire beaucoup réfléchir. "Ce sont ces films qui voyagent en dehors du continent et permettent d'aller loin, à la différence du cinéma grand public dit populaire", argue-t-il. Le cinéaste estime que les Burkinabés ont acquis une culture cinématographique, grâce au Fespaco, avant de regretter que les salles soient fermées à Dakar.

Réflexion, respect et humilité

Prenant la parole, le réalisateur sénégalais Mansour Sora Wade, a mis l'accent sur le financement du 7è art avec des guichets internationaux qui allouent de moins en moins de financement. "Nous sommes fautifs, quelque part, reconnaît-il. Les subventions ont tué le cinéma. On ne s'est pas préoccupé du devenir de cet art". De l'avis du jeune réalisateur Mamadou Ndiaye, la réflexion devrait porter, aujourd'hui, sur comment financer un film.
Dans son intervention, Khalilou Ndiaye du Groupe image et vie a relevé le caractère extrêmement difficile qui entoure le métier de cinéaste qui demande beaucoup de ténacité, d'imagination. "Nous avons la mission de construire, de former les publics cinéphiles", soutient M. Ndiaye. Il invite ses collègues à plus d'humilité et de respect envers les uns et les autres. "Nous devons nous unir et nous battre dans un même cadre d'expression", dit-il.

A la suite des différentes opinions exprimées, Fidèle Diémé, ancien directeur de la Cinématographie du Sénégal, suggère des places de convergence entre les différents acteurs pour réfléchir et avancer dans la cohésion, au-delà du cadre macro-économique existant, pour apporter des solutions aux difficultés du 7ème art. "L'avenir du cinéma sénégalais doit se situer devant nous et non derrière nous", lance Fidèle Diémé.

A la suite des différentes opinions exprimées, Fidèle Diémé, ancien directeur de la Cinématographie du Sénégal, suggère des places de convergence entre les différents acteurs pour réfléchir et avancer dans la cohésion, au-delà du cadre macro-économique existant, pour apporter des solutions aux difficultés du 7ème art. "L'avenir du cinéma sénégalais doit se situer devant nous et non derrière nous", lance F. Diémé.

Comment réussir un film ?

Le cinéaste burkinabé Missa Hébié a donné quelques idées pouvant concourir à la réussite d'un film. L'auteur de En attendant le vote (dans lequel joue l'acteur sénégalais Ibrahima Mbaye) de citer en filigrane : le choix du thème, le travail du scénario avec d'autres scénaristes, la recherche des financements, trouver des techniciens et comédiens pour un bon casting et choisir le matériel qu'il faut.

Aux yeux de son collègue Mansour Sora Wade, le cinéma est art collectif qui demande de travailler avec des gens qui ont des compétences, que ce soient sur le scénario, la production, la direction d'acteur. Non moins important pour M. Hébié, le décor qui parle plus que le dialogue. "Il faut savoir utiliser les symboles de l'Afrique en les mettant au bon endroit et au bon moment", opine le Burkinabé.
Dans le même ordre d'idée, Selma Bargach souligne que le décor reflète la psychologie des personnages, même au niveau des costumes.
Le président de l'Ascc, M. Mamoune Faye résume en citant le talent, la patience, la persévérance pour faire du cinéma.

E. Massiga FAYE

Article paru dans Le Soleil (Dakar) du Vendredi 06 Janvier 2012.

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