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Ecrans noirs : Bye bye 2012, welcome 2013
La 16ème édition du festival de cinéma a primé le film "Julie et Roméo" du Burkinabé Boubakar Diallo.
critique
rédigé par Stéphanie Dongmo
publié le 11/07/2012
Ecrans Noirs 2012
Ecrans Noirs 2012
Stéphanie Dongmo (Africiné)
Stéphanie Dongmo (Africiné)

La cérémonie de clôture de la 16ème édition des Ecrans noirs s'est déroulée le vendredi 7 juillet au palais des congrès de Yaoundé. Ouvert par le film "Rebelle" du Canadien Kim Nguyen, le festival s'est refermé par la projection des deux films primés : le court métrage en 3D "Animtest" (04mn, 2012) du Camerounais Soffo Simo et le long métrage "Julie et Roméo" (90 mn, 2011) du Burkinabè Boubakar Diallo.

Tourné en 18 jours et en vidéo, le 11ème long métrage de Boubacar Diallo, qui réalise entre un et deux productions chaque année depuis 2004, était en compétition face aux films comme "Viva Riva" du Congolais Djo Tunda Wa Munga, "Le collier du makoko" du Gabonais Henri Joseph Koumba Bididi ou encore "La 5ème corde" de la Marocaine Selma Bargach.
"Julie et Roméo" est une adaptation à l'africaine du classique "Roméo et Juliette" de William Shakespeare. C'est l'histoire de deux amoureux. Par une malencontreuse méprise, le fiancé croit que sa dulcinée s'est tuée et se suicide. Mais, au lieu que Julie se tue à son tour, suivant l'oeuvre de Shakespeare, elle se bat plutôt pour faire revenir Roméo à la vie par la magie noire. Le film, qui utilise des effets spéciaux et où l'on remonte dans le temps, a connu du succès au Burkina Faso.

Bassek Ba Kobhio, le délégué général des Ecrans noirs, a avoué sa surprise quant au choix du jury : "Je me serai attendu à ce que ce soit "Viva Riva" qui soit primé. Boubakar Diallo fait des films en vidéo, sans beaucoup de moyens, mais ce sont des films populaires. Le cinéma c'est un art, mais aussi une réponse à des attentes du public".
Auteur de l'essai "Je suis noir et je n'aime pas le manioc" et président du jury pour cette édition, Gaston Kelman explique ce choix : "On en a marre du cinéma calebasse. On a hésité entre "Julie et Roméo" et "Viva Riva". On s'est dit que "Viva Riva" pouvait se porter tout seul et on a décidé de lancer "Julie et Roméo" qui a plein de défauts, mais aussi beaucoup de potentialités. C'est un film qui présente une Afrique nouvelle".
Membre du jury et distributeur à l'étranger de la comédie romantique "Le mec idéal" de l'Ivoirien Owell Brown (Étalon de bronze au Fespaco 2011), Jean Roké Patoudem se réjouit de ce choix : "Le public africain s'accapare de son cinéma et le jury l'amène à le comprendre. C'était déjà le cas pour "Le mec idéal". "Julie et Roméo" est un film qui s'adresse aux Africains et le public s'y retrouve".

Bilan d'une édition qui change (pas encore tout à fait)

Dans l'ensemble, les festivaliers font un bilan positif de cette édition des Écrans noirs, même s'ils reconnaissent des couacs. Président de l'association Cameroon films industry (Collywood), Waa Nkeng Musi affirme : "Cela a été un succès par rapport à l'année dernière, même si aucun film en anglais n'a été primé. Pour les prochaines années, je recommande aux organisateurs d'être plus exigeants quant aux films sélectionnés pour être en compétition".
Pour le réalisateur Eloi Bela Ndzana, "il y a deux ou trois ans, les Écrans noirs ont sérieusement battu de l'aile. Il y avait une grande absence du public. Cette année, le festival a été meilleur avec un visage beaucoup plus festif. Cependant, sur le plan organisationnel, il reste des problèmes : beaucoup de films ont été annulés, ce qui a choqué". S'il ne les cite pas nommément, le réalisateur camerounais pense sûrement à deux cas : "Aujourd'hui" (Tey) du Sénégalais Alain Gomis ou "Les couilles de l'éléphant" du Gabonais Henri Joseph Koumba Bididi, alors que ce dernier film était programmé dans le cadre d'une rétrospective des films gabonais.

Cette année, le public a été plus présent. Tous les soirs, des centaines de personnes ont assisté aux projections, mais surtout aux animations sur le car-podium prêté par le ministère des Arts et de la Culture, au village du festival situé sur le boulevard du 20 mai. L'une des attractions qui a drainé beaucoup de jeunes a été le Ciné-talent. Un concours lancé dans quatre catégories : miss et master, danse traditionnelle, danse urbaine, comédie.

Ce succès n'a pas empêché qu'il y ait des projections, pourtant gratuites, avec moins de dix spectateurs, notamment au Palais des congrès et dans la salle de la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps), partenaire du festival. Des films annulés, des dvd défectueux ou qui ne sont pas arrivés, les projections qui ne commencent pas à l'heure, sont autant de problèmes qui font désormais partie du décor aux Écrans noirs.

Pour la première fois, le festival a eu une maîtresse de cérémonie pour l'ouverture et la clôture, l'actrice ivoirienne Emma Lohoues qui tient le rôle principal dans "Le mec idéal" : "Cela a été un honneur pour moi, d'autant plus que c'est la première fois que je suis sollicité pour être la maîtresse de cérémonie d'un festival. Ces Écrans noirs, j'ai adoré : les films, l'ambiance au village du festival, la bouffe... "

Cinéma et télévision

Le thème de cette édition, "Le développement de la télévision africaine : atout ou frein pour le cinéma du continent", a donné lieu à un colloque de deux jours. En marge du festival, l'Association des producteurs indépendants du Cameroun (Apic) a organisé une rencontre professionnelle sur le thème "le documentaire et la télévision en Afrique".
Une journée de la critique s'est tenue le 4 juillet, avec des projections de grands films africains et une conférence-débat sur le thème : "Critique de cinéma et développement". C'était à l'initiative de Cinepress, l'association camerounaise des critiques de cinéma dont Pélagie Ng'onana est la nouvelle présidente.

Dès l'année prochaine, le festival Écrans noirs sera inscrit au budget de l'État qui en deviendra ainsi le co-organisateur. "Cela nous amène à être un peu plus serein quant au financement, à ne plus beaucoup nous soucier des caprices des sponsors", se réjouit Bassek Ba Kobhio.
Ama Tutu Muna, la ministre des Arts et de la Culture, a profité de la tribune des Ecrans noirs pour annoncer que deux salles de cinéma verront bientôt le jour au Cameroun, dont l'une à la Cinémathèque nationale en réfection. Un concours de scénario devra aussi être lancé, dans le cadre de la volonté politique de relance du cinéma camerounais qui, cette année encore, a été absent au festival Écrans noirs.

Les Écrans noirs 2012 se poursuivent au Gabon du 9 au 13 juillet, avec des projections cinématographiques à l'Institut français de Libreville.

Stéphanie Dongmo

Le palmarès des Ecrans noirs
- Écran d'honneur (Meilleur Film) : "Julie et Roméo" (90 mn, 2011) de Boubakar Diallo, Burkina Faso ;
- Écran d'honneur Charles Mensah : Hichem Rostom, comédien, Maroc ; pour l'ensemble de son œuvre.
- Écran du meilleur film étranger : "Ainom" (90 mn) de Lorenzo Cella Valla et Mario Garofalo, Italie ;
- Écran du meilleur comédien : Yonas Perou, "Le Collier de Makoko" de Henri Joseph Koumba Bididi, Gabon ;
- Écran du documentaire : "Zwelidumile" (112 mn) de Ramadan Suleman, Afrique du Sud ;
- Écran du court métrage : "Animtest" (04 mn de Soffo Simo, Cameroun ;
- Écrans de l'espoir spécial Apic-Écrans noirs : "Sur le chemin de mon rêve" de Jean-Jacques Ndoumbè, Cameroun.

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