AFRICINE .org
Le leader mondial (cinémas africains & diaspora)
Actuellement recensés
24 926 films, 2 562 textes
Ajoutez vos infos
Mboko ou l'enfant de la rue, de Blaise Pascal Tanguy
La rue des enfants
critique
rédigé par Stéphanie Dongmo
publié le 11/07/2012
Stéphanie Dongmo (Africiné)
Stéphanie Dongmo (Africiné)
Ecrans Noirs 2012
Ecrans Noirs 2012

"Mboko ou l'enfant de la rue", le documentaire du Camerounais Blaise Pascal Tanguy, était en compétition au festival Ecrans noirs 2012.

Le cinéaste documentariste Blaise Pascal Tanguy semble avoir définitivement choisi la rue pour camper ses films. D'abord, il a co-produit en 2007 la série de dix courts métrages documentaires intitulée "Afrique, les métiers de la rue". Ensuite, il a réalisé en 2011 "Le tueur silencieux", un film qui porte sur la vente illicite des médicaments dans la rue. La même année, il a aussi réalisé "Mboko ou l'enfant de la rue" qui raconte le phénomène des enfants de la rue au Cameroun, son pays qu'il a quitté pour s'établir en France

Dès la première séquence de ce dernier film, on entre dans le vif du sujet. À travers des témoignages poignants, les enfants racontent pourquoi ils ont quitté leurs familles et comment ils se sont retrouvés dans la rue. Ce sont des histoires poignantes qui ont pour dénominateur commun des couples brisés, des parents irresponsables, des familles recomposées qui produisent des enfants délaissés, perturbés, émotionnellement instables. Pour ces enfants dont aucun adulte ne se sent responsable, la rue devient un foyer. Un foyer bien dangereux cependant par les maux auxquels elle les expose : délinquance, vol, viol, prostitution, crime. Ces enfants qui commencent par être des victimes, se transforment très vite en bourreaux dans la rue.

Dans le film, d'après le témoignage d'un cadre du ministère des Affaires sociales, 2.775 enfants de la rue ont été recensés au Cameroun en 2007. Malgré la volonté politique affichée, le gouvernement s'est révélé incapable de trouver des solutions globales appropriées pour endiguer ce phénomène croissant. Il se contente des actions fragmentaires de retour en famille ou d'opérations de force ponctuelles. Pour illustration, en mars 2009, à l'occasion de la visite du Pape Benoît XVI à Yaoundé, la police a lancé une opération de ratissage au cours de laquelle des enfants de la rue ont été arrêtés et jetés à la prison centrale de Yaoundé au motif de vagabondage. Le but étant de cacher à la face du monde les "rebuts" d'une société en mal de repères.

Les centres d'accueil des enfants de la rue existent mais ne réussissent pas toujours à donner un avenir aux enfants qu'ils recueillent et à leur faire accepter un quotidien fait de contraintes. Conséquence, beaucoup retournent dans la rue pour continuer à vivre en marge des normes sociales. Heureusement, las de rapines et du vagabondage, quelques enfants de la rue rêvent de stabilité, ce qui les motive à se trouver un emploi et une maison, pour cesser d'être des "nanga boko", qui signifie "dormir dehors" dans une langue locale.

Sanctions

Jusqu'ici, le cinéma camerounais s'est peu intéressé aux enfants de la rue, contrairement à la littérature qui compte, sur le sujet, une abondante production. "Mboko ou l'enfant de la rue" a le mérite d'aborder un sujet qui fâche.
Le film a ratissé large pour faire parler les parties prenantes de ce problème devenu banal, à force d'être courant, dans les capitales africaines : les enfants de la rue, les associations d'enfants de la rue, le principal ministère concerné, les centres d'accueil des enfants de la rue. Tous proposent des solutions pour réduire, à tout le moins, le phénomène : une action concertée des pouvoirs publics, la création d'instituts pour la formation des enfants sortis de la rue ; les sanctions à l'encontre de parents dont les enfants se retrouvent dans la rue par leurs mauvais soins...

Mais le film n'a pas poussé l'enquête jusqu'au bout et s'est contenté de témoignages sans commentaire, que le spectateur doit prendre pour parole d'évangile. Exemple, en 2007, le ministère des Affaires sociales a recensé 2775 enfants de la rue au Cameroun. Pourtant, sur la même période, l'Institut de recherches et d'études en sciences de comportement (Iresco) estime à environ 4.000 enfants de la rue au Cameroun, dont 2.500 pour la seule ville de Yaoundé. Le film évoque aussi, sans les pénétrer, les réseaux qui tiennent en otage ces enfants de la rue et les détournements de fonds destinés à leur réinsertion. Ce qui laisse le spectateur sur sa faim.

Stéphanie Dongmo

Fiche technique
Titre : Mboko ou l'enfant de la rue
Réalisateur : Blaise Pascal Tanguy
Genre : documentaire
Durée : 52 mn
Sortie : 2011
Production : 2PG pictures, Patou films international

Films liés
Artistes liés
Structures liées
événements liés