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Entretien avec Michael Kamuanga, réalisateur de Faso Furie
"La femme est au-dessus de l'homme"
critique
rédigé par Jean-Marie Mollo Olinga
publié le 26/07/2012

À Yaoundé, le public des Ecrans noirs 2012 a trouvé osées certaines scènes du film burkinabè du Congolais Michael Kamuanga. Il s'en explique.

En regardant Faso Furie, on se croirait à Hollywood sous les tropiques. Pourquoi ce film ?

Je suis cinéaste et cinéphile, c'est-à-dire un réalisateur qui aimerait faire les films qu'il apprécie dans les salles et à la télévision. J'ai beaucoup travaillé au Burkina Faso, et je voulais réaliser un film policier et d'action, en utilisant des comédiens locaux. C'est de là qu'est partie l'idée de ce film.



N'avez-vous pas eu de problèmes avec des noms qui rappellent des événements douloureux tels que la disparition de Norbert Zongo [journaliste assassiné, Ndlr], ou bien l'évocation des "diamants de la mort" au Liberia et en Sierra Léone ?

Aucun problème. Zongo est assez courant au Burkina Faso, et c'est un nom qu'on retrouve chez moi en République démocratique du Congo. Rien à voir donc avec la personne à laquelle vous faites allusion.
Pour les diamants, c'est effectivement une évocation métaphorique des "diamants de la mort" du Liberia et de Sierra Léone. Clairement, c'est un parti pris, sans entrer dans les détails ; c'est un clin d'œil à l'histoire et c'était le but de cette séquence.

Des scènes interminables de nu de femmes et de violence parsèment votre film. N'avez-vous pas peur de heurter ? Quel public visez-vous ?

J'ai fait un film populaire, un film d'action et d'aventure avec leurs codes de lecture que j'ai juste respectés. Il y a un peu de violence, mais c'est une violence de bande dessinée, que je traite de manière fantaisiste, pour que le public ne la prenne pas au sérieux. C'est une fantaisie que j'assume totalement, parce que c'est le genre qui le veut. Le nu se situe dans la même démarche. Un public qui a déjà vu ce genre se retrouve et le public africain est très instruit. C'est une interprétation africaine de la chose.

Les femmes tiennent le beau rôle dans ce film. Pourquoi, alors que nous vivons dans un monde machiste ?

La première scène d'amour était de montrer, visuellement et sur le plan sonore, une femme de caractère. Je voulais apporter quelque chose de plus, surtout au niveau du dialogue que la femme a avec son amant et qui est en décalage avec la situation. Il y a un vrai rapport de force entre les deux amants et la femme est au-dessus de l'homme parce qu'elle domine. Et dans tout le film, tous mes personnages féminins ont de la personnalité. Je voulais que chaque fois qu'une femme apparaît dans le film, on s'en souvienne. Mais je suis d'accord que certaines scènes sont osées, c'est aussi une façon de capter l'attention du public.

Etes-vous féministe ?

Non. Dans la vie de tous les jours, on trouve des femmes comme celles-là, c'est juste qu'on n'en voit pas assez dans les cinémas africains. Ça apporte un peu de saveur.

Vous vous retrouvez devant et derrière la caméra. Etait-ce pour faire des économies ?

Non. Premièrement, ce sont deux choses que j'ai apprises. J'ai une formation de réalisateur, de monteur et d'acteur. Je fais les arts dramatiques, le théâtre, adaptés au cinéma. Les arts martiaux, c'est mon hobby.
Deuxièmement, ça me permet d'être un auteur jusqu'au bout des doigts et je voulais incarner physiquement cette forme de cinéma. Un de mes professeurs d'art dramatique disait que Charlie Chaplin était un auteur total qui incarnait ce qu'il écrivait, et j'aime ça.

Propos recueillis par Jean-Marie Mollo Olinga

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