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FESPACO 2013 : Le Sénégal fait carton plein à Ouaga
Les cinéastes sénégalais décrochent 11 prix
critique
rédigé par Fatou Kiné Sène
publié le 06/03/2013

Le Sénégal figure désormais sur le palmarès des lauréats de l'Etalon d'or du Yennenga. Le film Tey (Aujourd'hui) du réalisateur Alain Gomis a obtenu cette haute distinction du Festival panafricain du cinéma et de l'audiovisuel de Ouagadougou (Fespaco) samedi lors de la clôture de la 23e édition.

(Envoyée spéciale) - La dernière séquence de la 23e édition du Festival panafricain de cinéma et de l'audiovisuel de Ouagadougou (Fespaco) a été jouée samedi 02 mars 2013, au stade du 4 août. Le Sénégal a reçu pour la première fois de son histoire l'Etalon d'or du Yennenga, la plus haute distinction de cette manifestation avec le film Tey (Aujourd'hui) d'Alain Gomis.



C'est à l'unanimité que le jury présidé par la réalisatrice martiniquaise, Euzhan Palcy l'a choisi sur les vingt films en compétition officielle. Palcy affirme: "nous avons eu beaucoup de plaisir à visionner ces films, la sélection a été bonne, c'est pourquoi il a été difficile de choisir". Mais ajoute-t-elle: "c'est à l'unanimité que nous avons choisi Tey d'Alain Gomis pour son histoire, sa cinématographie et pour son sujet actuel". Le spectacle est alors indescriptible à l'annonce de cette bonne nouvelle. La joie se lisait sur tous les visages, particulièrement sur celui du lauréat Alain Gomis, sous le coup de l'émotion. Tout ému d'être ainsi récompensé, le réalisateur de Tey cherche ses mots après avoir reçu le trophée des mains du président du Faso, Blaise Compaoré. "Je remercie Djibril Diop Mambety qui m'a donné l'envie de faire du cinéma, les réalisateurs burkinabés Gaston Kaboré et Idrissa Ouédraogo avec qui j'ai signé mon premier contrat, le Nigérian Newton Aduaka, mes producteurs Oumar Sall, les personnages du film Saul Williams et Djolof Mbengue avec qui j'ai écrit le scénario… Je salue tous les autres films qui étaient en compétition, vive le cinéma africain ! vive le Fespaco !", crie d'une voix hésitante le lauréat 2013 de l'Etalon d'or du Yennenga, Alain Gomis. Retrouvé trois heures de temps après, lors du diner offert par le milliardaire sénégalais Arona Dia, Alain Gomis estime n'avoir pas imaginé au moment de la remise des prix, la puissance de l'Etalon. "J'avais l'impression que ce n'était pas moi à tel point que j'ai oublié mes mots, mélangé les gens que je devais remercier, j'ai pensé à tous ceux qui ont travaillé dans ce film et à ceux qui, durant des années, ont donné l'envie aux autres de faire des films", révèle Gomis. Le cinéaste dédie son prix au défunt comédien Thierno Ndiaye Doss.

Pour lui, c'est comme un soulagement, une fierté collective. "Je suis très content, parce que les gens sont contents. Enfin, on se dit qu'on peut. On a prouvé qu'on existait, malgré les conditions difficiles. C'est impressionnant pour des gens qui se sont battus seuls", exprime le réalisateur Gomis. Le lauréat interpelle les autorités sénégalaises afin qu'elles aident les cinéastes à mieux faire leur travail. Alain Gomis espère que ce prix sera un nouveau début et c'est vers les jeunes que cette attention et exigence doivent être consacrées. Le Sénégal fait ainsi son entrée dans la galerie des lauréats de l'Etalon d'or du Yennenga après 44 ans d'existence du Fespaco. Cette manifestation a été créée par les aînés, notamment le réalisateur Ousmane Sembène dont la statue trône sur la place des cinéastes à Ouagadougou. Le film du cinéaste Alain Gomis a obtenu au total quatre prix : deux prix spéciaux, celui de l'Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO, 2 millions de nos francs) et celui de l'Union économique monétaire ouest africain (UEMOA, 5 millions de francs Cfa) l'Etalon d'or du Yennenga (10 millions) et le prix de la meilleure interprétation masculine pour le comédien Saul Williams (1 million de Francs Cfa).
Alain Gomis a une maîtrise d'études cinématographiques après des enseignements d'histoire de l'art. Il a réalisé de nombreux films dont Caramel et chocolats (1996), L'Afrance (2001), Ahmed (2006). Fils d'émigré sénégalais, il parle dans ses films d'identité et de déconstruction narrative.

ILS ONT OBTENU L'ETALON DE BRONZE ET LE TROISIEME PRIX DOCUMENTAIRE : Les cinéastes Moussa Touré et Ousmane William Mbaye honorés

Le Sénégal ne s'est pas limité à remporter samedi l'étalon d'or de cette 23e édition du Fespaco. Il a décroché aussi l'étalon de bronze (d'un montant de trois millions de francs Cfa) avec le film La Pirogue de Moussa Touré même si le public a exprimé sa déception à l'annonce par le jury du résultat. Tous espéraient qu'il remporterait l'étalon, car son film a été plébiscité par les cinéphiles lors des projections.



Le lauréat, Moussa Touré, - qui a reçu un message de félicitation et d'encouragement de la part de sa mère -, a dédié son prix à la jeunesse africaine et particulièrement sénégalaise. Il a remercié son équipe, son producteur Eric Névé et tous ceux qui lui ont permis de faire des films. Le jury a récompensé cette histoire cauchemardesque vécue par des jeunes qui voulant réussir, ont risqué leur vie dans des pirogues d'infortunes pour aller en Europe. Moussa Touré a obtenu deux autres prix : le prix de l'Ambassade des Etats-Unis au Burkina Faso, d'un montant de deux millions de nos francs et le prix de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), d'une enveloppe de cinq millions.
"Je dédie ce prix à Sembène Ousmane, Ababacar Samb, Momar Thiam, Djibril Diop Mambety", dit-il.

L'autre Sénégalais distingué samedi est le réalisateur Ousmane William Mbaye. Il a reçu le troisième prix documentaire pour son film Président Dia avec une enveloppe d'un million de francs Cfa.



Présidente du jury documentaire, la Camerounaise Osvalde Lewat salue le film pour son éclairage du passé. "Si les leaders étaient aussi éclairés, on n'en serait pas là aujourd'hui", fait-elle remarquer.

Tous ont obtenu un trophée. Après le festival de Carthage en novembre dernier à Tunis où tous les trois films sénégalais Tey (2012), La Pirogue (2012) et Président Dia (2012) ont été primés, le Fespaco vient confirmer la pertinence de ces narrations cinématographiques.

DISTINCTIONS : Ces autres récompenses octroyées

Les cinéastes de plusieurs pays ont été honorés samedi pour la qualité de leur film. Yema de l'Algérienne Djamila Sahraoui a reçu l'Etalon d'argent. Ce film qui raconte la vie de Ouardia, une vieille dame algérienne, partagée entre ses travaux champêtres et ses deux enfants ennemis. L'un qui intègre un groupe islamiste, est accusé par sa mère d'avoir tué son frère. Ce film a aussi eu une mention spéciale du Jury ainsi qu'une mention du Jury de la Critique Africaine (présidé par le Sénégalais Baba Diop).



Deux documentaires primés ont aussi retenu l'attention durant le festival. Les Poulains d'or et d'argent octroyés, respectivement, à Même pas mal de la Tunisienne Nadia El Fani et Calypso rose de la Camerounaise Pascale Obolo. Ces deux films ont la même écriture cinématographique. Calypso rose raconte la vie et le combat de la chanteuse Calypso. Même pas mal aussi a le même relent avec en toile de fond le combat que mène Nadia El Fani contre les islamistes dans son pays la Tunisie. Le film Toiles d'araignée d'Ibrahima Touré du Mali - récompensé par l'Union africaine - dénonce cette corruption, la mal gouvernance et la violation des libertés au Mali sous Moussa Traoré, l'ancien président.

Fatou Kiné SENE

article paru sur Walf, le lundi 04 Mars 2013.

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