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How to steal 2 million, de Charlie Vundla
Manipulations à tous les étages
critique
rédigé par Sid-Lamine Salouka
publié le 07/03/2013
Sid-Lamine Salouka (Africiné)
Sid-Lamine Salouka (Africiné)
Charlie Vundla, réalisateur
Charlie Vundla, réalisateur
Fespaco 2013
Fespaco 2013
Scène du film
Scène du film
Scène du film
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Depuis le Sud
Depuis le Sud
Tunisie
Tunisie
Fespaco
Fespaco

Les villes sud-africaines figurent au palmarès des plus criminogènes du monde. En effet, avec l'avènement d'une société multiraciale depuis la fin de l'Apartheid en 1994, il s'est produit une nouvelle donne offrant de nouvelles opportunités à la majorité noire du pays mais accroissant également les inégalités et, par là, la délinquance. Le microcosme des truands est très attractif pour le cinéma parce qu'il constitue un réservoir de personnages et de situations à la fois fascinants et aisément reconnaissables pour un public largement conditionné depuis les débuts du 7e art.

Pour son premier long-métrage, How to steal 2 million, le jeune réalisateur Charlie Vundla a choisi de s'attaquer au thriller, en utilisant toutes les ficelles du genre, avec pourtant une certaine originalité dans sa démarche. Admirateur de Quentin Tarantino, Vundla part d'une intrigue principale mettant en scène Jack, un truand sorti de prison avec la ferme intention de se remettre sur le droit chemin. D'autres récits secondaires, mêlant histoire d'amour et tragédie, étoffent la trame linéaire du scénario. Jack, qui est obligé de solder des comptes avec son passé, à la fois financiers et amoureux, est pris dans un engrenage : il doit opérer un cambriolage au profit d'un ami devenu entre-temps le mari de son ex-femme. Pour ce dernier coup de sa carrière, Jack s'allie à Olive, une jeune voleuse au talent prometteur qu'il séduit et qu'il entreprend de coacher…

Le duo improbable formé par Jack et Olive appartient à la catégorie des héros rebelles qui, en transgressant les règles sociales mal faites, acquièrent la sympathie du spectateur. La focalisation opérée par Vundla sur des individus en rupture, privilégie les conflits intérieurs mais ne produit pas un film intimiste. Au contraire, le réalisateur parvient à un objectif majeur de l'artiste : poser les problèmes de sa société.

Cadrages serrés, éclairage axé autour de clairs-obscurs, tout est pensé pour éloigner le spectateur de la vie sud-africaine, en dépit de l'irruption de la langue zouloue dans les dialogues et de la musique sud-africaine moderne qui accompagne les actions. Mais ces choix ont aussi pour but de mettre en lumière la complexité psychologique des personnages. Se sachant pris au piège d'une société, elle-même étant une prison à ciel ouvert, ceux-ci tentent de s'en sortir au moyen de la manipulation. Et si Charlie Vundla n'a pas le talent de Tarantino, c'est en tout cas bien essayé.

Sid-Lamine SALOUKA

Article écrit dans le cadre de l'atelier du Bulletin Africiné - Ouagadougou (Burkina Faso), FESPACO 2013. Publié dans Africiné n°18 (Ouaga), Mardi 26 février 2013, pp. 1 & 3.
Ce bulletin est publié par la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC, Dakar) avec le soutien de l'Organisation internationale de la Francophonie, Africultures, Ambassade de France au Sénégal et en Algérie, le Goethe Institut d'Afrique du Sud et du Nigeria, le ministère de la Culture de Tunisie, l'Institut Gabonais de l'Image et du Son (IGIS), l'association Vanuit het Zuiden (Depuis le Sud) et le Fespaco. Il est rédigé par des journalistes membres de la FACC présents au Fespaco 2013, venant de 15 pays d'Afrique.

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