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Dialemi, elle s'amuse, de Nadine Otsobogo
Au cœur d'une inspiration solitaire !
critique
rédigé par Rodéric Dèdègnonhou
publié le 08/03/2013
Rodéric Dèdègnonhou (Africiné)
Rodéric Dèdègnonhou (Africiné)
Nadine O., réalisatrice
Nadine O., réalisatrice
Dialemi, elle s'amuse
Dialemi, elle s'amuse
Laurent Owondo dans Dialemi
Laurent Owondo dans Dialemi
Prudence Maïdou (Elle)
Prudence Maïdou (Elle)
Vanuit het Zuiden
Vanuit het Zuiden
Tunisie
Tunisie
Fespaco
Fespaco

En plein rêve, le sculpteur (Laurent Owondo), l'acteur principal du film Dialemi, elle s'amuse, vit dans une baraque en bordure de mer. Isolé, mais en forte communication avec un environnement naturel bouillonnant de mer, forêt, animaux, il aide des enfants à créer des œuvres d'arts.
Ce personnage emporte les spectateurs dans un univers onirique poétique : une femme imaginaire (jouée par Prudence Maïdou) apparaît dans sa chambre pour parler, chanter, danser et enfin donner de l'espérance. Il n'est concentré que sur elle, mine serrée, toujours en espérant retrouver cette femme imaginaire.



Son souci est de vivre avec la muse noire. Il est profondément obsédé par cette muse et préfère rester dans la précarité plutôt que de s'offrir le cadre décent que lui propose un marchand d'arts africains. Laurent Owondo incarne à merveille le personnage du sculpteur dans sa sensibilité créatrice et son inspiration par cette femme imaginaire.

Dans une belle continuité, les séquences du film nous tiennent en haleine, par la beauté des images. Leur sensualité est en harmonie avec la fascination du sculpteur, de la même façon qu'il caresse son œuvre qui nait peu à peu. Rien d'étonnant alors à ce que la réalisatrice nous montre la beauté nue de cette muse. On verra dans une étonnante ellipse (illusion qui raccourcit le temps) la sculpture terminée, dans la plus pure tradition de la célèbre pierre de Mbigou que l'on trouve au Gabon. Et voilà qu'en vingt (20) minutes, le film explore les supplices de l'inspiration, la fascination pour la muse, le rapport entre l'artiste et l'œuvre, le processus de création et le questionnement sur l'objet de l'art.

Avec cette exploration ouverte, Nadine Otsobogo a choisi les lumières naturelles de son pays, le Gabon, qui apparait dans toute sa splendeur. C'est dans la solitude qu'on peut rêver l'amour : le sculpteur choisit un environnement limité mais la réalisatrice élargit sa vision en ouvrant ses images à la nature environnante.
Lui est dans le secret de sa créativité, mais elle ne se cantonne pas à sa solitude et montre à quel point elle peut être créatrice par la beauté des couleurs, des lumières et des formes. Cela rappelle la phrase du poète : "La vie est un rêve. L'amour en est le rêve et vous aurez vécu que vous avez aimé" Mais le sculpteur n'est pas désincarné : il tient aussi à transmettre aux jeunes générations ses capacités créatrices. On le voit ainsi animer un atelier où des enfants sculptent eux-mêmes ou bien façonnent des jouets.

Selon la réalisatrice du film, Nadine Otsobogo, "le thème de l'œuvre n'est pas forcement l'amour, c'est l'inspiration qui nous touche aussi bien en réalisation, en écriture ou en production". "En fait, c'est ce qui est au fond de nous, je voulais parler de l'amour, mais de l'amour intérieur, qui nous inspire tous les jours", précise-t-elle. Avant ce court-métrage, dans le même ordre d'idées, la réalisatrice avait tourné un autre court métrage, Songe au rêve, pour encourager les spectateurs à rêver. "Tout ce qui vient part du concret, de notre réalité, pour être ensuite transformé, transcendé", a dit Nadine Otsobogo, pour soutenir sa philosophie.
Il s'agit pour elle, de parcourir, à chaque étape de sa réalisation, des univers oniriques poétiques qui sont proches de la société. C'est ainsi les parties cachées de l'homme que la jeune réalisatrice dévoile à travers ses films.

Rodéric Abdon Dèdègnonhou

Article écrit dans le cadre de l'atelier du Bulletin Africiné - Ouagadougou (Burkina Faso), FESPACO 2013. Publié dans Africiné n°18 (Ouaga), Mardi 26 février 2013, pp. 1 & 2.
Ce bulletin est publié par la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC, Dakar) avec le soutien de l'Organisation internationale de la Francophonie, Africultures, Ambassade de France au Sénégal et en Algérie, le Goethe Institut d'Afrique du Sud et du Nigeria, le ministère de la Culture de Tunisie, l'Institut Gabonais de l'Image et du Son (IGIS), l'association Vanuit het Zuiden (Depuis le Sud) et le Fespaco. Il est rédigé par des journalistes membres de la FACC présents au Fespaco 2013, venant de 15 pays d'Afrique.

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