L'infidélité dans les couples est une thématique souvent traitée par les réalisateurs africains. On se rappelle d'ailleurs la série ivoirienne Ma famille où l'acteur principal Michel Bohiri trompait à longueur de journée sa femme Delta (interprétée par Akissi Delta). C'est aussi le sujet du dernier film du cinéaste burkinabé Boubakar Diallo, Congé de mariage, projeté cette année dans la section vidéo numérique de la compétition officielle du Fespaco.
De quoi parle Congé de mariage ? Toujours de l'infidélité dans un couple issu d'une catégorie sociale aisée, avec en parallèle des historiettes sur les rapports hommes/femmes dans la société burkinabé.
Question : Boubakar Diallo, 51 ans, vise-t-il à faire oublier aux Burkinabés les réalités de la vie quotidienne ? La réponse peut être trouvée dans ce soutien massif des différents ministères burkinabés (ceux de la Culture, de la Santé…) dont bénéficie son film. Et ce n'est pas la première fois pour ce cinéaste, contrairement à d'autres de ses collègues qui ont des difficultés à obtenir des appuis. À travers ce geste, ces ministères seraient-ils en train d'obnubiler le peuple, pour qu'il oublie les manquements de l'État ? La question reste entière.
Congé de mariage n'est différent en rien dans la démarche artistique du réalisateur dans ses précédents films, tels que Code Phœnix ou encore Foulard noir et donc, ne bouleverse pas sa filmographie. Un film qui correspond à sa vision du 7e art : populaire, qui attire les foules avec des sujets accessibles à tous, filmés avec des petits budgets et en support numérique.
Fatou Kiné Sène
Article écrit dans le cadre de l'atelier du Bulletin Africiné - Ouagadougou (Burkina Faso), FESPACO 2013. Publié dans Africiné n°209 (Ouaga), Samedi 02 février 2013, p. 4.
Ce bulletin est publié par la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC, Dakar) avec le soutien de l'Organisation internationale de la Francophonie, Africultures, Ambassade de France au Sénégal et en Algérie, le Goethe Institut d'Afrique du Sud et du Nigeria, le ministère de la Culture de Tunisie, l'Institut Gabonais de l'Image et du Son (IGIS), Africa n°1, l'association Vanuit het Zuiden (Depuis le Sud) et le Fespaco. Il est rédigé par des journalistes membres de la FACC présents au Fespaco 2013, venant de 15 pays d'Afrique.