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Le Repenti
Épines de la concorde nationale en Algérie
critique
rédigé par Michel Amarger
publié le 07/04/2013
Michel Amarger (Africiné)
Michel Amarger (Africiné)
Merzak Allouache, le réalisateur
Merzak Allouache, le réalisateur
Nabil Asli (Rachid, le repenti)
Nabil Asli (Rachid, le repenti)
Adila Bendimered (Djamila)
Adila Bendimered (Djamila)
Khaled Benaissa (Lakhdar)
Khaled Benaissa (Lakhdar)
Le Repenti
Le Repenti
Le Repenti
Le Repenti

LM Fiction de Merzak Allouache, Algérie / France, 2012
Sortie France : 10 avril 2013

Le cinéma de Merzak Allouache fixe délibérément la situation de l'Algérie pour tenter d'éclaircir ce qui la fait régulièrement disjoncter. Écarté du pays après Bab El-Oued City, 1993, à cause des "années noires", il y revient dès 2000, pour L'autre monde qui montre l'action destructrice des intégristes. Puis il dénonce l'aspiration à l'exil clandestin qui frappe la jeunesse avec Harragas, 2009, avant de saisir les émois des jeunes Algériens dans Normal !, 2011. Cette fois, c'est la loi de "pardon et de concorde nationale", accordée aux intégristes ayant gagné le maquis pour revenir à la vie civile en déposant les armes, qui motive la réalisation de sa nouvelle fiction, Le Repenti, 2012.


LE REPENTI de Merzak Allouache - Bande-annonce par SDulacDistribution



Le héros, Rachid, est un jeune jihadiste qui descend des montagnes pour réintégrer son village après avoir pris le maquis. Il vient se rendre, abandonnant toute arme, pour bénéficier de l'amnistie promise par le gouvernement. Avec cette loi, diversement appréciée en Algérie, l'État tente de ressouder la société après les exactions d'une partie de la population, enrôlée les intégristes.
Rachid revient voir les siens, reprendre un travail. Il fait mine de se remettre dans la vie du village sans faire d'éclats, malgré les regards méfiants et hostiles. Tout en semblant filer doux, le jeune repenti laisser filtrer le doute. Entre ses silences et ses non-dits, se glisse la violence qu'il laisse surgir soudain contre ceux qui le remettent en cause. Mais un repenti doit aussi guider les forces de l'ordre qui veulent traquer les terroristes, repliés dans les montages. Rachid paraît s'y prêter jusqu'à un certain point. Un véritable point de chute pour Le Repenti.

En soulevant ces questions, Merzak Allouache construit une histoire épurée, axée sur la figure du repenti. La caméra le suit comme pour traquer les indices de sa rédemption ou de la manipulation possible. Autour des scènes tendues qui accompagnent les gestes du héros, le réalisateur algérien laisse respirer l'action. Les courses dans la campagne, les déplacements furtifs dans la nuit, les trajets en voiture font transpirer les latences où se glissent les doutes sur le véritable repentir de Rachid. Le temps s'étire alors comme pour désamorcer un suspens pourtant bien installé.



En centrant l'argument sur quelques personnages principaux, Merzak Allouache oriente ses acteurs vers un jeu retenu. Nabil Asli, Adila Bendimered, Khaled Benaissa campent des Algériens en butte avec la loi de concorde nationale qui paraît une arme à double tranchant. Éclairant l'ambiguïté de la repentance, le film peut alerter sur une loi qui semble une manière peut-être dangereuse, de régler les divisions semées dans le pays.
L'appui de l'équipe algérienne permet au cinéaste de transcender les conditions d'un tournage à budget modeste. Coproduit par la France, Le Repenti fait partie de la veine la plus libre et la plus efficace du cinéma de Merzak Allouache. Celle où il pénètre au cœur des problèmes brûlants de l'Algérie avec la souplesse et la sensibilité du temps présent.

Vu par Michel AMARGER
(Afrimages / RFI / Médias France)

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