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W.a.k.a, de Françoise Ellong
Le combat pluriel d'une mère
critique
rédigé par Pélagie Ng'onana
publié le 05/07/2013
Pélagie Ng'onana (Africiné)
Pélagie Ng'onana (Africiné)
Françoise Ellong, réalisatrice de W.A.K.A.
Françoise Ellong, réalisatrice de W.A.K.A.
Patricia Bakalack (Mathilde) et Bruno Henry (Max, le proxénète), dans Waka
Patricia Bakalack (Mathilde) et Bruno Henry (Max, le proxénète), dans Waka
Françoise Ellong (scénario dans les mains), entourée d'une partie de l'équipe
Françoise Ellong (scénario dans les mains), entourée d'une partie de l'équipe
Bruno Henry (Max, le proxénète), sur le tournage de Waka
Bruno Henry (Max, le proxénète), sur le tournage de Waka
La réalisatrice et Séraphin Kakouang, le scénariste du film
La réalisatrice et Séraphin Kakouang, le scénariste du film
Projection à Yaoundé, avec l'équipe du film, en arrière-plan
Projection à Yaoundé, avec l'équipe du film, en arrière-plan
ancienne affiche
ancienne affiche

Dans son premier long métrage, la réalisatrice camerounaise met la mère au cœur de toutes les controverses.

Lorsque Mathilde met au monde son fils Adam, la réalisatrice ne s'empresse pas d'en finir avec la scène. La caméra intensifie cet enfantement pénible dont les cris pesants de cette jeune femme qui transpire, traduisent déjà la tournure tumultueuse que va prendre la vie de l'actrice. La venue d'Adam constitue le véritable déclic puisqu'elle va déterminer les choix que va opérer sa mère. Mathilde (incarnée par Patricia Bakalack), peu bavarde est cependant très protectrice envers sa progéniture.
C'est en effet cet amour, par-dessus tout, d'une mère pour son fils, que la réalisatrice Françoise Ellong veut présenter aux spectateurs dans cette fiction de 90 minutes. Elle fait donc certains choix, comme celui d'occulter l'existence du géniteur et placer Mathilde au centre de sa vie et celle de son fils. Le spectateur ignore aussi la raison de l'échec sociale de cette trentenaire, dont les parents ont travaillé dur pour payer ses études. Des détails que la réalisatrice épargne à son intrigue, préférant surtout s'appuyer sur les sacrifices que peut consentir une mère par amour pour le fruit de ses entrailles.

Trailer W.A.K.A, Françoise Ellong from Africiné www.africine.org on Vimeo.



C'est en effet son corps que la jeune maman décide de sacrifier pour assurer l'éducation de son fils. Coptée par Max (Bruno Henry) le proxénète, Mathilde avale son orgueil et sa dignité, et se jette dans les rues des coins fréquentés de Douala pour être " hôtesse d'accueil", réponse qu'elle donnera plus tard à son fils qui veut savoir quel métier exerce sa mère. A travers de gros plans qu'affectionne Ellong, le spectateur essaye de rentrer dans l'univers de Mathilde le jour et Marilyn la nuit, rôle merveilleusement porté par l'héroïne. Un choix esthétique commun aux réalisations de Françoise Ellong qui "aime enfermer le spectateur, lui permettant d'être beaucoup plus proche de ses personnages en rentrant dans leur psychologie". Mais cette option dépouille la mise en scène de sa poésie, abîmant toute beauté que peut offrir certaines séquences et sevrant le spectateur de certains espaces avec lesquels il souhaite convenablement se familiariser. Le montage vient nourrir cette impression qu'a le cinéphile de voir les personnages, notamment l'héroïne, se dérober à chaque fois qu'il essaye de mieux la connaitre. C'est que l'auteure du film a voulu éviter le mélodrame. "Je ne recherche pas la pitié du spectateur, précise-t-elle. Je veux surtout montrer la bravoure et le courage de cette mère".

Une existence ténébreuse.

Prostituée malgré elle, la vie de Mathilde est aussi sombre que les ténèbres qu'elle côtoie quotidiennement pour "pointer". La plupart des scènes sont tournées de nuit, au gré des tournures que prennent les sorties de la nouvelle Waka. Mais les conditions approximatives de projection à l'Institut français et au Palais des Congrès de Yaoundé, n'ont pas rendu service au travail abattu par Thomas Moren, le cadreur. Pourtant, en plus des cadrages justement posés, le caméraman négocie magnifiquement les teintes. La maitrise des profondeurs de champs donne la texture et les détails qu'il faut pour apprécier, à travers les émotions, le jeu des acteurs. W.a.k.a regorge de comédiens au feu sacré, qui rentrent convenablement dans la peau de leurs différents personnages. Guidés par un scénario bien construit et une mise en scène exigeante, Bruno Henry (Max), Alain Bomo Bomo (Luc), ou encore Franck Ateh (Adam 11 ans) donnent sérieusement leurs répliques à l'héroïne.

Le spectateur est cependant confus quant au rêve que voulait offrir Mathilde à son fils. Gloria (Céline Fotso), la compagne d'Adam (Yoli Fuller) occupe assez gratuitement l'espace qui aurait permis de savoir ce qu'Adam est véritablement devenu.
W.a.k.a est le premier long métrage de Françoise Ellong tourné au Cameroun. Le film n'est pas encore sorti en salle mais a déjà été projeté à Cannes et est actuellement en compétition au festival Écrans noirs qui s'achève le 6 juillet prochain à Yaoundé.

Pélagie Ng'onana

FICHE TECHNIQUE
Titre : W.a.k.a
Durée : 90 min
Genre : Fiction, Drame
Réalisation : Françoise Ellong
Scénario : Séraphin Kakouang
Avec: Patricia Bakalack, Bruno Henry, Franck Ateh, Yoli Fuller, Alain Bomo Bomo, Jacobin Yarro,
Image: Thomas Moren
Son : Jean Marc Cedot
Producteur délégué : Jonathan Taieb
Producteur exécutif : Cyrille Masso
Production : Grizouille production, LFR Films

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