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Entretien avec Jean-Michel KIBUSHI NDJATE WOOTO, réalisateur et producteur congolais
"Je suis prêt à recevoir des projets d'auteurs "
critique
rédigé par Simon Mbaki Mazakala
publié le 25/10/2013
Le réalisateur et producteur Jean-Michel KIBUSHI NDJATE WOOTO
Le réalisateur et producteur Jean-Michel KIBUSHI NDJATE WOOTO
Simon Mbaki Mazakala (Africiné)
Simon Mbaki Mazakala (Africiné)
Le Crapaud chez ses beaux-parents (1991)
Le Crapaud chez ses beaux-parents (1991)

Le vendredi 13 septembre 2013, Jean-Michel KIBUSHI NDJATE WOOTO de l'association Malembe Maa, a procédé, à l'Institut Français de Kinshasa / Halle de la Gombe, à la cérémonie de projection des projets des stagiaires dont les œuvres ont été réalisées avec le partenariat de l'Union Européenne dans le cadre de "l'Afrique Anim'Action".
Il nous a accordé cet entretien.

Africiné : Vous êtes cinéaste spécialisé en cinéma d'animation. Vous êtes à Kinshasa pour des sessions de formation. Qui êtes-vous en train de former, pour quels objectifs ?

Jean-Michel KIBUSHI NDJATE WOOTO : Notre association "le Studio Malembe Maa" organise depuis une année le projet "Afrique Anim' Action". Il s'agit d'une formation autour des métiers des films d'animation.

Dans ce cadre là, nous avons déjà 2 modules autour du scénario et autour de la réalisation. Il nous reste quatre modules dont deux sont en cours. Après la clôture de la formation au mois d'aout, il y aura une restitution au mois de septembre.

"Afrique Anim action" réunit des stagiaires de Burundi, de Rwanda et de la RDC. Son programme c'est de soutenir les jeunes auteurs dans le domaine du cinéma d'animation. Et pour la première fois dans l'histoire du cinéma d'animation d'Afrique noire, nous allons avoir une bonne collection d'œuvres : 9 films d'une durée totale de 40 minutes. C'est le travail que nous effectuons à l'institut congolais de l'audiovisuel de la Radio télévision Nationale Congolaise (RTNC).

Donc, je n'ai pas changé de métier. Je suis dans la formation des jeunes auteurs, parce qu'il faut penser à la relève. C'est afin que nos auteurs puissent parler, animer nos contes, nos légendes, nos histoires contemporaines, pour également continuer à produire.

Depuis un certain temps, vous n'avez plus de nouveaux films. Après "Le crapaud chez ses beaux parents", "Mwana Mboka", "Prince Loseno", on ne voit plus rien. Est-ce un abandon ?

Je n'ai pas abandonné le métier. Je suis de plein pied dans le métier, avec bien sûr cet accent sur la formation des jeunes. Je prépare mon premier long métrage. Ça fait cinq (5) ans que j'adapte la nouvelle "Ngando" de Paul Lomami Tshibamba ; une adaptation tout à fait libre dont le développement est en cours. D'ici novembre 2013, ça sera la fin. Ça me permettra d'aller à la recherche des moyens de production. Ça va être une production internationale de plusieurs pays : Belgique, Allemagne, France, Pologne et Danemark.

Il y a d'autres jeunes gens qui veulent faire le métier que vous faites et se demandent comment faire pour devenir cinéaste, surtout dans le domaine du cinéma d'animation ?

On doit suivre le schéma classique. C'est-à-dire pour devenir réalisateur, il faut être porteur d'histoires à structurer, à organiser cinématographiquement. Et quand on est porteur de projets, on se présente à un producteur. Je suis producteur. Je suis prêt à recevoir des projets d'auteurs, les encadrer, chercher les moyens qu'il faut pour réaliser des films.

C'est le cas maintenant des jeunes qui sont en formation. Pour la première fois de leur vie, chaque jeune va signer sa première œuvre, va faire son premier pas dans ce que nous appelons le cinéma d'animation.

Vous appelez cela cinéma d'animation. Des personnes se demandent : "on va animer quoi ? Qu'est ce qu'on va faire ? Comment on va procéder ?"

Le cinéma d'animation est un cinéma qui utilise les acteurs qui n'ont pas d'os, n'ont pas de chair. C'est un cinéma qui consiste à donner vie à un dessin ; raison pour laquelle le dessin animé n'est qu'une technique d'animation plus connue par rapport à d'autres techniques, comme la marionnette, poupées animé, la pâte à modeler, le sable, comme des éléments animés. Il y a plusieurs techniques variées au-delà du dessin animé qui est le vecteur de la famille du film d'animation.

Vous vous mettez à produire, à réaliser, à former. Ça ne se limite pas là bas, vous faites aussi la caravane pour le Sankuru qui est un festival. Qu'est ce que vous montrez là bas ? Pourquoi vous allez à Sankuru ?

Le festival "La caravane du cinéma mobile pour le Sankuru" totalise aujourd'hui 10 ans. La dixième édition de ce festival animé amène le cinéma africain dans le milieu rural. Parce que là bas les gens n'ont pas la possibilité d'accéder à la télévision, aux médias, comme les gens qui habitent la ville. Nous amenons le cinéma vers eux. Nous formons un lieu de rassemblement, citoyenneté, de démocratie ; un lieu de l'homme tout court. Ce cinéma a beaucoup de succès parce que nous avons sillonné les régions de Sankuru en moto, en véhicule, en avion, à vélo, à pieds, en pirogue, pour aller vers le public.

Voilà la raison d'être de ce cinéma qui devient aujourd'hui un événement incontournable dans la région, avec des répercussions importantes au sein de la population.
Pendant ces dix ans, vous trouverez que les habitants connaissent mieux le cinéma, surtout le cinéma africain. Cela se passe sur grand écran, à la place du village, avec les moyens modernes convaincants, avec une sono puissante et des conditions de projection vraiment de qualité qui, parfois, ne se retrouvent pas dans beaucoup de nos villes.

Ceci étant, donc vous faites la promotion du cinéma ?

Tout à fait. Vous savez que la plupart des films africains sont réalisés en Europe, du moins les films qui passent à la télévision et sur le plan international. Nus avons constaté que nous-mêmes Africains nous n'avons pas accès à ces films tournés souvent au pays, mais exploités à l'extérieur.
Raison pour laquelle il faut permettre au public de consommer ces images, de voir notre identité plutôt que toujours voir des images venant d'ailleurs qui parlent d'autres cultures que la nôtre.

Propos recueillis par Simon MBAKI MAZAKALA
Kinshasa, le 19 septembre 2013

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