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Cameroun : les jeunes acteurs veulent créer un label
critique
rédigé par Pélagie Ng'onana
publié le 06/11/2013
Le réalisateur Moussa Touré entouré d'acteurs camerounais
Le réalisateur Moussa Touré entouré d'acteurs camerounais
Pélagie Ng'onana (Africiné)
Pélagie Ng'onana (Africiné)
L'acteur Alain Bomo Bomo, Président de la Cameroon Actors Agency
L'acteur Alain Bomo Bomo, Président de la Cameroon Actors Agency
Vue de l'atelier
Vue de l'atelier
Vue de l'atelier
Vue de l'atelier

Sous l'impulsion d'Alain Bomo Bomo, la Cameroon actors agency milite pour la défense des droits et intérêts des comédiens. En même temps qu'il s'active pour la professionnalisation des corps de métier du cinéma.

Le 15 octobre dernier, ils ont organisé à Yaoundé une conférence sur les corps de métier du cinéma. Cette dernière s'est tenue en prélude à la création de la Cameroon film industry. Cette dernière se positionnera en "une plate forme d'échanges entre toutes les parties prenantes afin de régler, par les lois, le cinéma camerounais". Un projet ambitieux que la Cameroon Actors Agency (qui regroupe plusieurs comédiens du pays) veut porter à bras le corps. La rencontre qui a mobilisé comédiens, réalisateurs, techniciens et producteurs a consisté à jeter les bases d'une réflexion sur la réglementation des métiers du cinéma au Cameroun.

Un peu plus tôt en juillet, la Cameroon Actors Agency (CAG) avait le stand le plus animé au village du festival Ecrans noirs. Une trentaine de comédiens, habitués ou débutants, ont meublé massivement les cinq jours d'atelier, sur "la maîtrise du jeu d'acteur", animé par le comédien Alain Bomo Bomo. "J'ai contacté personnellement ces jeunes, je suis en train de partager avec eux ce que j'ai appris. Il faut reconnaitre que ce qui nous tue c'est le manque de formation", avoue le jeune acteur.

Pour l'occasion, les participants ont eu l'opportunité de s'abreuver à la source de quelques cinéastes de renom tels que Moussa Touré (Ecran d'or 2013). Ce dernier affirmait alors que "en général, les jeunes en Afrique, sans exception, ont envie. C'est le même discours et le même envie qu'on rencontre partout. Ils sont ouverts et disponibles". Cependant, poursuit-il, "le cinéma n'est pas possible sans les Etats. S'ils veulent y arriver il faut qu'ils forment la jeunesse, nous sommes dans une ère de formation".

C'est en fait la prise de conscience de cette nécessité qui donne naissance à la CAG en 2004-2005. Réalisant que l'Etat ne se bouscule pas beaucoup pour eux, les jeunes comédiens ont noté l'exigence de se mettre ensemble pour évoluer. "C'est vrai qu'il n'y a pas de textes qui régissent notre travail, mais nous-mêmes pouvons imposer cela", souligne Alain Bomo Bomo.

Contrats d'esclave

Mais l'initiateur regrette le grand retard qu'a accusé le mouvement. Il serait aujourd'hui mieux structuré et plus influent s'il n'avait pas subit le coup de divers conflits. Parce qu'il dénonce les "contrats d'esclave" que leur font signer les réalisateurs, Alain Bomo Bomo est taxé de syndicaliste. Sa carrière en pâtit, puisqu'il est boudé dans les séances de casting. "J'ai constaté à un moment donné que malheureusement, nous ne regardions pas tous vers la même direction. Les gens se sont immiscés entre nous et donnaient de mauvais conseils", se rappelle-t-il.

L'association, qui réunissait des comédiens tels que Thierry Ntamack, Ferdinand Engo, Tatiana Matip, Koppo, Toni Bath, commence à chanceler. La plupart des membres abandonnent le navire.
En 2007-2008, un nouveau noyau se reconstitue et essaye d'ouvrir, pendant le festival Ecrans noirs, une sorte d'écurie d'acteurs pour les éventuels castings. Le projet avorte mais le groupe continue à mener des réflexions en catimini. Entre temps, Bomo Bomo améliore ses connaissances au Centre de formation professionnel de l'Audiovisuel (Cfpa) à Yaoundé. Aujourd'hui, il est au Cameroun l'un des acteurs les plus demandés.

Bassek ba Kobhio le sollicite pour animer l'atelier cette année au festival Ecrans noirs. "Actuellement il y a un réservoir de jeunes qui aspirent à devenir acteurs. Mais nous avons perdu presque dix années dans des conflits négatifs. Si nous avions commencé ce travail depuis ce temps, nous serions déjà bien avancés. Mon souci est que les jeunes de maintenant ne retombent pas dans les mêmes pièges que nous. Le cinéma camerounais a besoin de comédiens compétents pour le faire démarrer", argumente le leader de la Cameroon Actors Agency.

Le groupe est dirigé par un bureau qui compte un président, Alain Bomo Bomo, un vice-président, Joel Menanga, un chargé des relations extérieures, Ferdinand Engo, une chargée de la communication, Michèle Ntédé et une chargée des affaires financières, Kate Kamamen. L'accent est particulièrement mis sur la communication, notamment sur les réseaux sociaux, avec pour objectif d'atteindre un large public. "Avec le temps, nous comptons former un agent. Ce dernier va parler au nom de tous les acteurs, afin que ce métier soit valorisé et respecté. Nous avons vraiment l'intention d'apporter une révolution dans le jeu d'acteur au Cameroun", renchérit Ferdinand Engo.

A côté du nouveau logo, de la page facebook régulièrement animée, les initiatives militent également en faveur de l'ouverture d'une filière pour acteurs à l'Institut supérieur de formation aux métiers du Cinéma et de l'Audiovisuel de l'Afrique Centrale (Iscac) créée par Bassek ba Kobhio. Espérant avoir l'expertise des grands frères comme Gérard Essomba, Eriq Ebouaney ou encore Emil Abossolo Mbo.

Un flot de résolutions a jailli de la conférence du 15 octobre. Celle par exemple de la mise en place dans les semaines à venir, d'une convention collective "taillée à nos réalités". Les premières moutures seront réalisées par chaque corps de métier, afin d'en extraire des textes qui tiendront lieux de statuts pour la corporation à soumettre à l'appréciation du ministère des Arts et de la culture.
En outre, la corporation appelle fortement à la coproduction entre cinéastes. Une mesure palliative à la fermeture croissante des guichets de financement du cinéma africain. Le groupe se voit même déjà à sa première production. Les responsables des différents corps de métiers ont promis de mettre à la disposition de la Cameroon film industry du matériel, des techniciens et acteurs pour lancer, juste après la refonte des statuts, la première production dans un délai de cinq mois.

Pélagie Ng'onana

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