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Les films 7 Jours à Kigali… et Sometimes in April projetés au WARC
Le compte à rebours d'un génocide orchestré…
critique
rédigé par Fatou Kiné Sène
publié le 26/04/2014
Fatou Kiné Sène (Africiné)
Fatou Kiné Sène (Africiné)
Mehdi Bâ, coréalisateur, journaliste et écrivain
Mehdi Bâ, coréalisateur, journaliste et écrivain
Jeremy Frey, coréalisateur
Jeremy Frey, coréalisateur
7 jours à Kigali
7 jours à Kigali
7 jours à Kigali
7 jours à Kigali
7 jours à Kigali
7 jours à Kigali
7 jours à Kigali
7 jours à Kigali
Raoul Peck, réalisateur
Raoul Peck, réalisateur
Idriss Elba (Augustin)
Idriss Elba (Augustin)
Oris Erhuero (Honoré)
Oris Erhuero (Honoré)
Sometimes in April
Sometimes in April
Sometimes in April
Sometimes in April
Augustin et Xavier, Sometimes in April
Augustin et Xavier, Sometimes in April
L'écrivain Felwine Sarr, co-Programmateur de la double soirée
L'écrivain Felwine Sarr, co-Programmateur de la double soirée
L'écrivain Boubacar Boris Diop, co-Programmateur de la double soirée
L'écrivain Boubacar Boris Diop, co-Programmateur de la double soirée

Les Editions Jimsaan (des écrivains sénégalais Boubacar Boris Diop, et Felwine Sarr) et le Centre de recherche ouest africain de Dakar (Warc) ont commémoré les vingt ans (1994-2014) du génocide des Tutsis au Rwanda. C'était les mardi 22 et mercredi 23 avril 2014, à travers deux projection de films.
Il s'agit du documentaire 7 jours à Kigali : La semaine où le Rwanda a basculé de Mehdi Bâ (présent à la projection) et Jeremy Frey et de la fiction Sometimes in april (Quelques jours en Avril) du cinéaste haïtien Raoul Peck.

Vingt ans après, le génocide des Tutsis au Rwanda continue à émouvoir. Les mêmes interrogations reviennent malgré les nombreux films réalisés sur le sujet : Rwanda, pour mémoire, (2003) de feu Samba Félix Ndiaye ; Homeland (2005) de Jacqueline Kalimunda, Matière Grise (2011) de Kivu Ruhorahoza, etc.

Comment en est-on arrivé là ?

Les réalisateurs Mehdi Bâ et Jeremy Frey replongent dans ce massacre du 20e siècle dans le film 7 jours à Kigali…, produit cette année et projeté mardi au Warc.

7 days in Kigali, Mehdi BA & Jeremy FREY extrait byJava Films from Africiné www.africine.org on Vimeo.



Du mercredi 6 au 13 avril 1994, jour après jour, le documentaire déroule le compte à rebours de la première semaine où le Rwanda a basculé dans ce massacre. Sans entrer dans ces images parfois insupportables, les cinéastes ont choisi le film narratif pour parler du génocide. Il a été déclenché le mercredi 6 avril 1994 à 20h30, après qu'un missile ait abattu le Falcon du président Hutu, Habyarimana qui descendait vers l'aéroport de Kigali, capitale du Rwanda. Le président burundais et de hauts responsables des deux pays respectifs avec un équipage français y étaient aussi. Ils revenaient d'Arusha, en Tanzanie. Des rescapés composés de génocidaire, de Tutsis, Hutus, d'étrangers (français…), racontent devant la caméra le calvaire survenu à partir de ce moment. Chacun déroule son histoire à partir du lieu où il se trouvait le jour du début des hostilités. On en sait plus sur le refus des Occidentaux d'intervenir dans cette guerre qu'ils jugent comme un "combat entre Rwandais". La caméra survole Kigali comme l'a fait l'avion d'où tout est parti. Même si c'est une capitale de 2014, filmée vingt ans après les évènements.

Le film s'arrête sur les endroits où se trouvaient les rescapés et les forces étrangères : Centre culture franco-Rwandais ; le siège des Forces patriotes du Rwanda (Fpr) ; Radio télévision libre des mille collines (Rtlm) qui appelait à détruire "les cafards" (surnom bestialisant que les génocidaires attribuaient aux Tutsis) où travaillait l'animatrice-vedette, Valérie Bemeriki, un des personnages du film ; le quartier où habitait Immaculé qui a sauvé sa famille grâce à la protection de son voisin Hutu ; l'aéroport de Kigali où Français, Belges et Américains ne sauvent que leurs ressortissants.

L'horreur est décrite par les protagonistes. Des cadavres partout, des piles de corps à Kigali, des viols, même sur des enfants innocentes. Ceci n'est que dit. C'est ce qui rend salutaire la démarche des cinéastes, car tout au long du film, ils semblent donner plus d'importance à la vie. Et ce panorama des photos joyeuses des victimes à la fin du documentaire le démontre.

Mehdi Bâ et Jeremy Frey établissent dès le début du film, avec un rappel historique, la responsabilité des forces étrangères belges, françaises et américaines et celle de la Mission des Nations-unies pour l'assistance au Rwanda (Minuar). L'un des coréalisateurs du film Mehdi Bâ - d'origine sénégalaise et mauritanienne - reste constant dans ses convictions. Journaliste à l'hebdomadaire Jeune Afrique (Paris), il est l'un des premiers à écrire sur le génocide avec son livre "Rwanda, un génocide français", publié en décembre 1997.

… La complexité d'un pays berné

Cette vérité de la "responsabilité des Occidentaux dans ce génocide rwandais" est aussi retracée dans la fiction Sometimes in April (Quelques jours en avril) du réalisateur haïtien Raoul Peck produit en 2005 et projeté mercredi au Warc. Peck s'accorde aussi avec Mehdi Bâ et Jeremy Frey, par des faits historiques, sur l'origine du drame qui remonte à la colonisation. Le cinéaste haïtien raconte le génocide à travers deux frères. Augustin Muganza, Hutu, est capitaine, Officier dans les Forces Armées Rwandaises au moment du génocide était marié à une Tutsie, père de deux enfants. Son frangin, Honoré, animateur à la radio mille collines, faisait partie des génocidaires. Pourtant, en risquant sa vie, il a voulu épargner la famille de son frère. De même que son frère a voulu épargner un de ses amis officiers Tutsis.
Dix ans après, Augustin devenu instituteur va assister au procès de son frère jugé au tribunal international pour le Rwanda d'Arusha en Tanzanie pour comprendre ce qui s'est passé lors de cette fuite de sa famille.



Le film sera ponctué ainsi d'images d'hier, avec les flash-back, et d'aujourd'hui où les personnages cherchent à comprendre le drame. Malgré cette complexité basée sur l'ethnie, sur beaucoup de séquences, le cinéaste montre qu'entre Rwandais l'opposition n'était pas aussi radicale. Car des Hutus ont aidé des Tutsis à s'en sortir. Mais la machine génocidaire était plus forte, préparée en amont par ces machettes importées de la Chine, ces fusils et mitraillettes venus d'Israël, de la France, Belgique, Usa, etc.
Ajouté à cela la fuite des forces étrangères et la propagande de la Radio mille collines, le génocide rwandais était alors inévitable. En cent jours, il enregistre plus d'un million de morts dont huit mille par jour, 280. 000 en quinze jours…
Contrairement au documentaire 7 jours à Kigali où l'image atroce est épargné, ici l'horreur est montrée. On vit la douleur à travers les images. Un récit bien incarné par les acteurs.


Sometimes In April (BA) par peace4all

Au sortir du film de Raoul Peck, on comprend mieux le génocide rwandais de 1994. Le cinéaste milite pour que ce drame soit connu par la nouvelle génération, car il démarre son film dans une classe d'écoliers. Un appel du pied pour un devoir de mémoire.

Fatou Kiné SENE

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