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Le Repenti, de Merzak Allouache
Ou le difficile retour à la vie civile d'un terroriste
critique
rédigé par Seltana Hamadouche
publié le 14/05/2014
Merzak Allouache, le réalisateur
Merzak Allouache, le réalisateur
Nabil Asli (Rachid, le repenti)
Nabil Asli (Rachid, le repenti)
Khaled Benaissa (Lakhdar, le pharmacien)
Khaled Benaissa (Lakhdar, le pharmacien)
Adila Bendimered (Djamila)
Adila Bendimered (Djamila)
Le Repenti
Le Repenti
Le Repenti
Le Repenti
Nabil Asli et Adila Bendimered dans Le Repenti de Merzak Allouache
Nabil Asli et Adila Bendimered dans Le Repenti de Merzak Allouache
Le cinéaste Merzak Allouache
Le cinéaste Merzak Allouache
Africiné, Le Leader Mondial (Cinémas africains & Diaspora)
Africiné, Le Leader Mondial (Cinémas africains & Diaspora)

Déroutant. Telle est la première impression du spectateur. Le film est inspiré d'une histoire vraie d'un de ces repentis qu'un père d'une victime a payé afin que celui-ci lui montre la tombe de son jeune fils tombé sous les balles des islamistes.
Rachid est de retour à son village. Mais, il n'est pas le bienvenu et ne doit son retour qu'à une loi adoptée à la fin des années 1990. Dès son arrivée, il est pris à partie et menacé par les villageois dont les siens ont été tués par des terroristes comme lui.
C'est ainsi qu'il quittera son village pour un emploi "d'homme à tout faire" dans un café. Là, il prendra contact avec un pharmacien, pour une raison qui demeurera mystérieuse une partie du film. La vie semble s'être arrêtée pour ce pharmacien, qui sombre dans l'alcoolisme.



Le film évoque le difficile retour à la vie "civile" d'un ex-terroriste amnistié par "La concorde civile" [note 1]. Or, le réalisateur ne fait pas la critique d'un islamiste ayant participé à des massacres, mais attribue cela au malaise d'une jeunesse algérienne qui préfère aller au maquis plutôt qu'un futur sans perspective. Allouache expliquera qu'il : "évoque, depuis son premier film, Omar Gatlatou (1976), la mal-vie de ces jeunes qui représentent 80% de la population [algérienne]qui en ont marre des vieux. Marre de cette génération […] qui squatte encore tous les rouages de l'Etat et des partis. Ils voudraient que cela change…" [note 2]

Le scénario, écrit par Allouache, met le doigt sur la complexité "humaine" de cette loi sur le pardon. À l'image de ses acteurs, le film est sobre et tente d'expliquer les traumatismes que vit l'Algérie. Allouache prend le parti des non-dits, sous-entendus, mais surtout du suspense et des rebondissements. Certains diraient que le film s'égare voire que celui-ci est opaque. Peut-être est-ce volontaire, faisant ainsi référence à cette loi sur la concorde qui n'est pas claire ou plus encore au système politique algérien si opaque.
Il est indéniable que le film n'est pas simple. Mais il reste à l'image de ces années noires, de cette guerre sans nom, si difficile à nommer mais aussi à expliquer. Il est vrai aussi que nous n'avons que très peu d'explications, ne serait-ce sur le lien qui lie les personnages. À titre d'exemple, ce n'est qu'à la fin que nous comprendrons la tension qui à la fois les déchire et les lie. Mais est-ce essentiel, tant que ce film réussit à nous transporter dans ce climat de "Concorde" ; nous dirons plutôt de rancœur, de douleur, et de souffrance ?

Ce film est empli d'émotions mais aussi de dureté, traduisant ce deuil rendu si difficile par cette impossible cohabitation entre bourreaux et victimes, dans une société meurtrie par les traumatismes des guerres.
Le repenti a reçu 4 prix et 9 nominations dans divers festivals.

Seltana Hamadouche

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