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FIFF 2014 à Namur, plateforme d'une douce révolution
critique
rédigé par Djia Mambu
publié le 16/12/2014
Djia Mambu (Africiné)
Djia Mambu (Africiné)
Jawad Rhalib, réalisateur
Jawad Rhalib, réalisateur
Mohamed Amin Benamraoui, réalisateur de Adios Carmen
Mohamed Amin Benamraoui, réalisateur de Adios Carmen
Karim Loualiche dans Chantier A
Karim Loualiche dans Chantier A
Lucie Dèche, coréalisatrice de Chantier A
Lucie Dèche, coréalisatrice de Chantier A
Tarek Sami, coréalisateur de Chantier A
Tarek Sami, coréalisateur de Chantier A
Koumba, dans La Mort du Dieu serpent, 2014
Koumba, dans La Mort du Dieu serpent, 2014
Damien Froidevaux, réalisateur de La Mort du Dieu serpent, 2014
Damien Froidevaux, réalisateur de La Mort du Dieu serpent, 2014
Mahassine El Hachadi, réalisatrice de Carte Postale
Mahassine El Hachadi, réalisatrice de Carte Postale

On en parlait comme d'une édition portée sur les femmes, au regard du nombre de films traitant ce thème, même si en général les réalisatrices demeurent la minorité dans la sélection. Déléguée générale du festival, Nicole Gillet explique que la tendance est plutôt au passage de l'adolescence à l'âge adulte. Entre les deux, on y décèle aussi des femmes, essentiellement du Maghreb en quête de liberté.

Trois sœurs, Selma, Sara, Damia et la petite amie de celle-ci sont en garde à vues pour le meurtre d'un homme. L'histoire se déroule dans une ferme retirée en campagne qu'elles ont héritée suite au décès d'un père dont la disparition ne fait pas des malheureuses. Endettées par cet héritage, elles cherchent un moyen d'y remédier. 7, Rue de la Folie du Belgo-marocain Jawad Rhalib (Le Chant des Tortues) dépeint un portrait de femmes victimes d'un monde d'hommes. Entre un banquier profiteur aux mains baladeuses, un candidat au mariage blanc violent et un père, certes décédé, mais dont le souvenir pèse à travers mémoires d'enfance, aucun des caractères masculins n'est épargné quant à leur responsabilité.



Dans Adios Carmen (Mohamed Amine Benamraoui), le jeune Amar est abandonné par sa mère dont le frère a arrangé un mariage avec un Marocain vivant en Belgique dont on apprendra plus tard qu'il a déjà femme et enfants. L'oncle, maintenant chargé de s'occuper d'Amar, passe son temps à boire avec l'argent que sa sœur envoie pour son neveu. Pour Amar, seul le cinéma de Bollywood constitue une évasion à cette violence si ce n'est son nouvel ami, lui, vendu par son père à un bourreau notoire.



Le documentaire Chantier A réalisé par Tarek Sami, Karim Loualiche et Lucie Dèche, suit le retour de Karim en Algérie après dix ans d'absence. "Il va prier où ?" demande-t-il à sa mère "Là-bas dans le bar… Il a un bide comme ça, on dirait qu'il est enceinte" lui répondra-t-elle. Et pourtant, pendant que les femmes sont aux champs, les hommes prient mais ils leur arrivent aussi de chasser les femmes qui marchent seules le soir au bord du canal. "Parle-moi des femmes de Timmoun" demande Karim à cette jeune qui lui sert à manger au village. "Nous les femmes de Timmoun, nous n'avons pas le droit de sortir, c'est un peu dur pour nous, on ne nous comprend pas", dit-elle.

Un autre retour au pays d'origine mais cette fois-ci par expulsion concerne le documentaire La Mort du Dieu Serpent de Damien Froidevaux. Koumba, jeune sénégalaise arrivée à Paris à l'âge de deux ans, est expulsée suite à une bagarre qui a mal tourné. Arrivée dans le bastion familial au village, elle n'a plus qu'un objectif en tête : retourner en France. Entre temps maman d'un petit Ladjmi, ses chances de rejoindre l'hexagone se resserrent puisqu'elle veut y emmener son fils. En effet, bien que le père de ce dernier a disparu avant sa naissance, son nom figure bien dans l'acte de naissance. Et, comme c'est l'autorité paternelle qui prime, il faut son autorisation pour demander un visa pour Ladjmi. Pire que le rapatriement, Kouba se sent coincée, enfermée.

Dans Selma de Mohamed Ben Attia, l'héroïne tente de reprendre le taxi de son mari récemment décédé afin de subvenir à ses besoins et ceux de sa fille Syrine. Mais sa belle-famille ne voit pas les choses de cette façon. Pour la famille de son mari, Selma fait trop d'allers-retours dans ses démarches, alors que 40 jours ne sont pas encore passés depuis la disparition du défunt. Selon sa belle-mère, c'est au frère du disparu de reprendre le taxi. Impuissante, Selma n'a d'autre choix que d'acquiescer, sous le regard désappointé de sa fille. Sa belle-famille n'a-t-elle pas compris qu'il ne s'agissait pas d'argent mais d'indépendance, de liberté ?



N'est-ce pas cette même liberté à laquelle Amina, 12ans, ne peut résister lorsqu'elle s'échappe en plein rituel alors qu'on marie ses consœurs dans Carte Postale (Mahassine El Hachadi) ? Un mariage dans un village marocain où il est de tradition de marier les jeunes filles à peine en âge de puberté.

par Djia Mambu
Namur, Octobre 2014

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