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Démarrage FESPACO 2015
Le FESPACO des Premières !
critique
rédigé par Abraham N. Bayili
publié le 03/03/2015
Fespaco 2015
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Abraham Bayili (Africiné)
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Revue Africiné, Le Leader Mondial (Cinémas africains & Diaspora)
Revue Africiné, Le Leader Mondial (Cinémas africains & Diaspora)

Après l'annulation du Tour cycliste du Faso et du Salon international de l'artisanat de Ouagadougou (SIAO) en octobre 2014, les dirigeants de la transition - avec l'aval des responsables du département ministériel ayant en charge la santé nationale - ont décidé de maintenir la 24e édition du Festival panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou (FESPACO). Ni la révolution populaire d'octobre dernier, ni Ebola, ni les sautes d'humeur du Régiment de Sécurité Présidentiel (RSP) n'ont pu empêcher ce rendez-vous prestigieux du 7e art africain d'avoir lieu à Ouagadougou.
Placé sous le thème  : "Cinéma africain : production et diffusion à l'ère du numérique", le FESPACO 2015 se tient, malgré tout, du 28 février au 7 mars 2015, avec une ouverture à la diaspora africaine dans la compétition officielle. Une première dans l'histoire de la biennale  !



Les responsables du FESPACO ont décidé de convier l'Égypte comme hôte d'honneur à la 24e édition du Festival qui a enregistré à la date limite fixée au 21 nombre 2014, six cent quatre-vingt (680) œuvres cinématographiques, voire même plus au décompte final (voire infra). Le comité de sélection a retenu cent trente trois (133) films dont quatre vingt-cinq (85) pour la compétition officielle. Parmi ces œuvres, l'on dénombre dix neuf (19) longs métrages venant de créateurs de seize pays, vingt deux (22) courts métrages, vingt (20) documentaires, neuf (9) séries télévision et de quinze (15) films des écoles africaines de cinéma. A ces productions s'ajoutent, en panorama (hors compétition), 48 films de cinémas d'Afrique et du monde.
S'il est difficile de dégager des favoris dans la course à l'étalon d'or de Yennenga, néanmoins l'on ne peut s'empêcher d'affirmer que la compétition dans la catégorie des films longs métrages s'annonce serrée au regard de la présence de certains grands noms du cinéma africain. Les réalisateurs Abderrahmane Sissako de la Mauritanie et Cheick Oumar Sissoko du Mali, deux anciens "yennenguistes" sont en compétition respectivement avec Timbuktu pour le premier cité et Rapt à Bamako pour le deuxième nommé. Abderrahmane Sissako a remporté l'étalon d'or de Yennenga en 2003 avec sa fiction Heremakono - En attendant le bonheur tandis que Cheick Oumar Sissoko montait sur la plus haute marche du festival en 1995 avec Guimba.
D'ailleurs, le jury de la catégorie phare des longs métrages est présidé par le réalisateur ghanéen Kwaw Ansah qui avait obtenu l'étalon d'or de Yennenga, avec son film Heritage Africa, en 1989.



Toujours dans cette même section, malgré leur absence, des cinéastes sont néanmoins présents à Ouagadougou à travers des collaborations artistiques savamment menées. Ainsi, le Marocain Nabil Ayouch - qui a remporté l'étalon de Yennenga en 2001 avec son film Ali Zoua - est le grand frère de Hicham Ayouch, le réalisateur de Fièvres, en compétition long-métrage. Quatorze ans après, Hicham peut prétendre au sacre suprême au nom des frères Ayouch. Notons également que Nabil Ayouch est aussi le producteur du long métrage C'est eux les chiens réalisé par son compatriote Hicham Lasri.



Si des films de la catégorie des longs métrages ont déjà été vus à des festivals comme c'est le cas pour "Timbuktu", C'est eux les chiens ; d'autres par contre feront leur Première Mondiale à Ouaga. Des fictions comme Morbayassa du Guinéen Cheick F. Camara, L'œil du cyclone du Burkinabè Sékou Traoré, Cellule 512 de Missa Hébié, également du Burkina Faso feront leur grande première à cette biennale du cinéma africain.
Le FESPACO 2015 est grandement l'édition des "premières". La présente édition est la première du Burkina Faso post-insurrectionnel. Une nouvelle équipe dirigeante pour le pays, un nouveau délégué général et de nouvelles décisions. Le vainqueur dans la catégorie des films longs métrages partira avec le trophée et la somme de 20 millions de francs CFA. Une première depuis l'édition précédente.



Pour la première fois, trois femmes cinéastes (et de trois pays différents) sont en compétition dans la catégorie films longs métrages. Dyana Gaye du Sénégal est candidate à l'étalon d'or de Yennenga avec son film Des étoiles. L'Ethiopienne Hermon Hailay est elle aussi en course pour le sacre suprême avec sa fiction Price of love ("Le Prix de l'amour", en anglais, tourné en langue amharique). Enfin, la réalisatrice tunisienne Raja Amari ne pense pas faire de la figuration au FESPACO 2015 avec son film Printemps tunisien.
Pour la première fois, des films de la diaspora africaine ont été intégrés dans la compétition officielle. La fiction Haiti Bride ("La Fiancée de Haïti") du réalisateur trinidadien Yao Ramesar, tournée à Haïti en plus (catégorie des films longs métrages) est la preuve de cette ouverture qui est une première dans le festival depuis 1969. Et pour la première fois, le numérique est admis dans la compétition officielle. Ainsi, les réalisateurs africains et de la diaspora ne seront plus obligés de réaliser ou convertir leurs films en 35 millimètres, un format coûteux et anachronique dans une société devenue esclave du digital (outil par excellence des Technologies de l'Information et de la Communication, TIC). Il s'agit incontestablement de la marche évolutive de l'histoire de la biennale enrichissant ainsi la création et la recherche esthétiques de nouvelles approches du cinéma africain. Les défis de ce nouveau départ en adéquation avec la technologie seront longuement discutés lors d'un colloque consacré au "Cinéma africain  : production et diffusion à l'ère du numérique". 



La problématique du "numérique" dans la création cinématographique est un débat récurrent qui a fait école dans le milieu du 7eart pour certains depuis 1945 avec la fin de la deuxième guerre mondiale ; pour d'autres dans les années 1960 avec l'expérimentation de l'art vidéo et pour d'autres enfin, dès le XIXe et ce, avec l'apparition de la photographie.
A la 15e édition du FESPACO, la réflexion s'était greffée autour de la problématique du numérique et ses enjeux pour le cinéma et l'audiovisuel africains. Les éditions de 1999, 2001 et de 2011 ont traité d'une thématique similaire.
Le passage au numérique en Afrique subsaharienne autour des années 2000 a sans doute bouleversé la pratique cinématographique et audiovisuelle sur le continent. Au niveau de la production et de la réalisation, les outils vidéo tout en apportant plus de solution aux créateurs, ont aussi apporté un boom à la production d'œuvres cinématographiques et audiovisuelles africaines. Cela se vérifie par le nombre croissant de films inscrits aux différentes éditions du FESPACO. Sept cent cinquante-cinq (755) films en 2013, contre quatre cent soixante-quatre (464) en 2011.

Abraham BAYILI, Burkina Faso

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