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Moustapha Alassane, le pionnier du cinéma d'animation d'Afrique noire, a tiré sa révèrence
critique
rédigé par Clément Tapsoba
publié le 27/03/2015
Moustapha Alassane (1942-2015)
Moustapha Alassane (1942-2015)
Clément Tapsoba (Africiné)
Clément Tapsoba (Africiné)

PROPOS DE MOUSTAPHA ALASSANE
"Pour moi, le cinéma peut et doit servir à modifier la mentalité de la masse. Chacun de mes films touche à la politique, ne serait-ce que parce qu'il suscite un intérêt auprès de la masse et est susceptible de lui faire prendre conscience de sa culture. Je pense que, pour le moment, le cinéma n'a pas suffisamment prouvé au monde que l'Afrique a une culture propre. Il doit pouvoir éveiller la conscience du spectateur sur des problèmes spécifiquement africains et guider l'Afrique dans une direction plus viable."
- Moustapha Alassane

Avec Oumarou Ganda, Djingarey Maiga, il était un des
doyens du cinéma nigérien. Moustapha Alassane a tiré sa révérence mardi 17 mars 2015, en début de soirée, à l'hôpital Yalgado de Ouagadougou. Il avait 73 ans. Arrivé depuis le 20 février dans la capitale burkinabèe pour des soins,la maladie dont il souffrait depuis un certain temps a ainsi eut raison de celui qu'on appelait à juste titre "l'inventeur.
Né en 1942 à N'dougougou, Moustapha Alassane n'a effectivement pas usurpé son titre d'inventeur du cinéma. Très tôt passionné de 7ème art, il délaisse son métier de mécanicien et se fait connaitre d'abord grâce à des projections d'images découpées dans du carton. Sa passion ne passe pas inaperçu. Il est initié aux techniques du cinéma, tour à tour aux cotés de Jean Rouch, et par le Canadien Norman McLaren au Canada pour le cinéma d'animation.

Ainsi le nom de Moustapha Alassane s'identifie à l'histoire du cinéma nigérien lorsqu'il réalise la première fiction de ce pays, en 1961, Aouré. Le film raconte sous forme ethnographique une cérémonie de mariage, dans la société djerma.
Mais le nom de Moustapha Alassane est collé surtout au cinéma d'animation africain. Ses premières tentatives dans ce genre cinématographiques remontent à 1962 puis qu'on lui doit Le Piroguier (2') suivi de La pileuse de mil, toujours en 1962. Avec La mort de Gandji, en 1965 et Bon voyage Sim (5'), en 1966, il marque définitivement la naissance du cinéma d'animation subsaharienne.


Moustapha Alassane, Cinéaste du Possible par cinedocfilms

Comment ne pas accoler le nom de Moustapha Alassane au western africain ? Avec Le Retour d'un aventurier réalisé en 1966, il signe un western décapant dans un quartier nigérien, pour raconter les tribulations d'un groupe de jeunes dans la banlieue de Niamey. Parés d'attributs de cowboys, ils commettent des exactions à la manière de hors la loi. Moustapha Alassane offre dans ce film son premier rôle à la doyenne des comédiennes nigériennes, Zalika Souley.
Par-delà le caractère humoristique et décalé, Moustapha Alassane dénonce déjà en 1966 une certaine modernité mal assumée par la jeunesse africaine. Tout comme il dénonce dans son long métrage Femme, villa, voiture, argent en 1972 la soif de pouvoir et du gain des nouveaux riches de l'Afrique post indépendance. Ce long métrage est une des premières expériences réussies de coproduction sud sud entre le Niger et le Burkina.. Le comédien Sotigui Kouyaté y joue le rôle principal tandis que sa compatriote Ai keita apparait pour la première fois à l'écran aux cotés de la Nigérienne Zalika Souley.
Le film remporte du reste le prix de la meilleure coproduction au Fespaco 1972 tandis que le film nigérien Le Wazzou polygame (par Oumarou Ganda) remportait le premier Étalon de l'histoire du Fespaco, contribuant à faire du Niger dans les 60 et 70 un des grands pays du cinéma africain.

Pendant 15 ans, Moustapha Alassane a été le Responsable du Département de Cinéma à l'Université de Niamey, pour passer sa passion du cinéma aux jeunes. Cette passion il l'a transmise à ses enfants, notamment Razak et Wahab.
Informé de l'hospitalisation de Moustapha Allasse alors qu'il se trouvait toujours à Ouagadougou après la clôture du Fespaco le Secrétaire Général de la FEPACI, M. Cheick Omar Sissoko, ainsi que les cinéastes burkinabès sont allés au chevet de Moustapha Alassane mercredi dernier afin d' apporter leur soutien aux membres de la familles du cinéaste. A l'annonce de son décès, la fédération nationale des cinéastes du Burkina (FNCB), ainsi que le Ministère de la Culture et du tourisme se sont activés pour apporter leur contribution et leur soutien en vue du rapatriement de la dépouille de Moustapha Alassene à Niamey dès le jeudi 19 mars.
Au nom de l'ensemble des cinéastes africains, le secrétaire général de la Fepaci a présenté depuis Bamako ses condoléances à la famille du cinéaste nigérien.
QUE SON ÂME REPOSE EN PAIX

par Clément TAPSOBA
(Ouagadougou, le 18 mars 2015)

Filmographie

Comme réalisateur
1962: La Bague du roi Koda
1962: Aouré
1962: La Pileuse de Mil
1962: Le piroguier
1963: La mort du Gandji
1964: L'arachide de Santchira
1966: Le Retour d'un aventurier
1966: Bon voyage Sim
1967: Malbaza
1969: Les contre Bandiers
1970: Deela ou Albarka
1971: Jamyya
1972: FVVA: Femme, voiture, villa, argent
1972: Abimbola ou Shaki
1973: Siberi
1974: Soubane
1974: Toula ou Le génie des eaux
1975: Zaboa
1978: Samba le grand
1982: Agwane mon Village
1982: Kankamba ou le semeur de discorde
1982: Gourimou
2000: Soolo
2000: Adieu Sim
2001: Les magiciens de l'Ader
2001: Agaissa
2001: Kokoa
2003: Tagimba

comme acteur
- 1971 : Petit à petit : Moustaphe
- 1976 : L'Étoile noire
-
comme scénariste
- 1974 : Toula ou le génie des eaux

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