C'est un troisième rendez-vous pour le festival des films LGTB d'Afrique et de ses diasporas à Bruxelles. Cette année encore, outre les œuvres d'Afrique, il y a des films d'Amérique du Nord, centrale et latine ainsi que des Caraïbes. Si les avant-premières ne sont pas la priorité de la programmation, c'est sans doute ici qu'on peut voir des films qui peinent à être projetés dans leur propre pays.
Avec pas moins de dix documentaires, le festival annonçait déjà un programme solide pour les trois journées de manifestation. Pas de compétition en vue, certes, mais le contenu y est tout aussi intéressant. À l'image du festival, il se dégage davantage un esprit de solidarité que de concurrence.
En ouverture, We Came to Sweat - coréalisé par Kate Kunath et Sasha Wortzel - suit le combat d'une communauté gay pour le maintien d'un club symbolique dans un quartier populaire de Brooklyn. Le Starlite est menacé de fermeture pour des raisons de sécurité, comme le justifie le propriétaire. Mais ses habitués vivent cette annonce comme une menace ; car ce bar est bien plus qu'un lieu de rencontres, il est leur identité, leur droit.
Présenté en sélection officielle du festival de Cannes en 2002, Madame Sata de Karim Aïnouz est un des seuls longs métrages fiction de cette sélection. Le récit est basé sur la vie de Jao Francisco Dos Santos, personnalité notoire des quartiers hot de Rio de Janeiro dans les années 30.
L'auteur a mis huit ans pour faire Madame Sata, interprété majestueusement par le comédien brésilien Lázaro Ramos. "C'est mon premier long métrage et le plus difficile à réaliser", confie Karim Aïnouz. Les autorités du pays ont rejeté le film. À l'époque où il est projeté à Cannes, il fait scandale : un Noir, pauvre, gay, travesti, violent en tête d'affiche. C'était too much.
Le Retour de Yohann Kouam
Le Retour, le court métrage de Yohann Kouam (Fragments de Vies, Frères) met en scène Willy, un jeune ado qui aime traîner avec ses potes du quartier. Après un an d'absence, son grand frère Théo revient vivre à la maison avec son père et lui. Alors que sa bande d'amis passent leur temps à vanner sur les homosexuels affichant, ainsi leur homophobie, lui commence à avoir des soupçons sur les orientations sexuelles de son grand frère bien aimé. Pris de peur ou de honte, il tentera de refouler cette réalité qui semble l'obséder jusqu'à penser que lui-même développe une attirance pour les hommes. Au fur et à mesure que ces sentiments "étrangers" s'emparent de son être, Willy comprend qu'il n'y a pas de place pour cette vie dans son quotidien. L'homosexualité le répugne comme une maladie, comme la peste, comme une malédiction dont personne ne veut en aucun cas.
TRAILER - The return, by Johann KOUAM - AfricineORG Mezzanine Films - English from Africiné www.africine.org on Vimeo.
Djia Mambu,
Bruxelles, Mai 2015