AFRICINE .org
Le leader mondial (cinémas africains & diaspora)
Actuellement recensés
25 008 films, 2 562 textes
Ajoutez vos infos
Palmarès Festival de Cannes (13-24 mai 2015)
Ces petits qui font les grands
critique
rédigé par Hassouna Mansouri
publié le 02/06/2015
Ida Panahandeh, réalisatrice iranienne
Ida Panahandeh, réalisatrice iranienne
Sareh Bayat dans "Nahid"
Sareh Bayat dans "Nahid"
Scène de "Nahid"
Scène de "Nahid"
Scène de "Nahid"
Scène de "Nahid"
Neeraj Ghaywan, réalisateur indien
Neeraj Ghaywan, réalisateur indien

Jacques Audiard, bien sûr ! Il était temps. C'est bien à propos que le cinéaste français rendait, ironiquement mais surtout modestement, hommage à Michael Haneke en le remerciant de ne pas avoir fait de film cette année, lui laissant ainsi la voie libre à la consécration qu'il convoitait depuis des années et qu'il a dû voir lui passer sous le nez en 2009 lorsqu'il présenta Un Prophète salué par la critique internationale comme le film qui méritait la Palme. Mais cette année-là, la compétition ne comptait que des talents incontestables et des cinéastes de grande renommée. Ce n'est certes pas parce que la sélection de cette année en compte moins que Jacques Audiard a pu enfin repartir avec la Palme d'Or de la 68ème édition. Non seulement il y a comme chaque année des cinéastes de grosses pointures venus ou revenus faire les yeux doux au trophée de la croisette, mais il y a eu aussi de nouveaux talents qui sont venus essayer de se faire une petite place parmi les grands. C'est en cela que le Festival de Cannes est magique.

Malgré le nombre énorme de films soumis à la sélection, il y a de la place pour les nouveaux talents, des jeunes qui promettent de devenir grands. Je ne parle pas de la Cinéfondation par exemple qui est une section dédiée explicitement aux films d'école. Je ne parle pas non plus de la Semaine de la Critique dont la vocation est de chercher les graines de nouveaux cinéastes qui reviendront dans quelques années, mais pour être au devant de la grande scène. Je voudrais parler de certains jeunes qui ont atterri, par je ne sais quel effet, dans les grands couloirs de Cannes.

Dans le palmarès d'un Certain Regard, un prix ne devrait pas manquer de susciter l'attention de certains avertis et à raison: le Prix de l'Avenir. Cette année, il a été reçu par deux jeunes venant de contrées lointaines, mais bien de pays de cinéma : Ida Panahandeh (Iran) et Neeraj Ghaywan (Inde). Des deux, c'est encore Panahandeh qui attire plus l'attention. Ghaywan est issu de la grande industrie du film bollywoodien et il a le mérite d'avoir fait le choix difficile pour le film d'auteur [Masaan - Prix de l'Avenir - Un Certain Regard 2015, ndlr]. Quant à l'Iranienne, son mérite est bien particulier.
Femme, venant d'une société où le patriarcat et de règle et où le cinéma, bien qu'indiscutablement important, se développe dans un environnement très hostile, elle vient présenter Nahid, son premier long métrage qui remet tout le système sociétal iranien en question. Pourtant ce n'est qu'une petite histoire d'une jeune femme sans force qui se bat pour la garde de son fils et pour son droit à la liberté et à l'amour. Avec, une grande subtilité et pertinence (un peu à la manière de Sembène dans Moolaadé), elle met le doigt sur les contradictions de sa société. Mais en même temps, éclairée comme elle le paraît, elle montre comment les contradictions sont en même temps la voie vers le changement. Un autre tempérament, très en finesse, se fait place sur la scène du cinéma iranien. Tout en restant dans le moule d'une sensibilité générale que l'on retrouve chez Farhadi, Makhmalbaf ou même Panahi, Panahandeh laisse entendre un autre son de cloche.

C'est donc cela aussi le Festival de Cannes : le lieu où il faut être quand on se sent concerné par la chose cinématographique. On a souvent parlé de la faible présence, voire l'absence tout simplement, de l'Afrique. Faut-il penser que la participation de l'Afrique et de ces régions éloignées du monde n'ont de sens que de donner des couleurs au festival le plus important au monde ? La présence de cette partie laisse nécessairement moins de chance à l'autre. Se disputeraient-elles le même quota, sans jamais empiéter sur l'espace réservé aux cinématographies mieux "évoluées" ?

Hassouna Mansouri

Films liés
Artistes liés
événements liés