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8° festival d'Oran du film arabe (03-12 Juin 2015)
Un déluge d'images
critique
rédigé par Azzedine Mabrouki
publié le 02/07/2015
Azzedine Mabrouki (Africiné)
Azzedine Mabrouki (Africiné)
Brahim Seddiki, Commissaire du FIOFA 2015
Brahim Seddiki, Commissaire du FIOFA 2015
Leila Eloui, actrice égyptienne, honorée par le FIOFA 2015
Leila Eloui, actrice égyptienne, honorée par le FIOFA 2015
René Vautier, réalisateur (1928-2015)
René Vautier, réalisateur (1928-2015)
Mohamed Lakhdar-Hamina, Président d'Honneur du 8è FIOFA
Mohamed Lakhdar-Hamina, Président d'Honneur du 8è FIOFA

Parfaitement orchestré par l'équipe de Brahim Seddiki, le festival d'Oran du film arabe a rassemblé beaucoup de films, d'invités du star-system arabe, de journalistes et de cinéphiles. Ce fut une fête simple et joyeuse animée par une pléiade d'actrices et d'acteurs venus de tous les pays arabes dont la sculpturale diva égyptienne Leila Eloui.
Pas de gigantisme au festival d'Oran. Deux hôtels pour l'accueil et l'hospitalité généreuse des Oranais. Un tapis rouge sur le chemin des cérémonies d'ouverture et de clôture. Trois salles au nouveau "look" bien agréable, contre-pied de nos salles refaites mais toujours fermées d'Alger.
Au milieu de ce tohu-bohu sympathique, des oeuvres de niveau supérieur étaient au programme. Des oeuvres ô combien émouvantes comme 10949 femmes, le documentaire de Nassima Guessoum sur la singulière héroïne de la lutte de libération, noble figure de la Révolution algérienne : Nassima Hablal qui a pris les armes à l'âge de 17 ans. Et aussi comme le document inédit et foudroyant Rif 1958-59 du Marocain Tarik El Idrissi sur les assauts meurtriers du pouvoir contre les populations du Rif en révolte.



Des hommages ont été rendus à Assia Djebar, Mohamed Lakhdhar Hamina, René Vautier, Amar Laskri et Rachid Boudjedra. Ce dernier est devenu aussi le carburant indispensable à toute manifestation culturelle en Algérie, l'auteur dont le talent se retrouve dans ses oeuvres à la densité incroyable.

Le film marocain L'Orchestre des aveugles a décroché le grand prix. Le jury a préféré cette oeuvre non dénuée de subtilité d'un cinéaste déjà reconnu et doué de talent à d'autres films tout aussi méritoires. Comme Theeb, du cinéaste jordanien Naji Abou Nouar, un travail d'auteur d'envergure majeure. Un chef d'oeuvre réjouissant.



Le festival d'Oran apparaissait tout au long de son déroulement du 3 au 12 juin comme une belle entreprise d'anoblissement du cinéma arabe et du cinéma algérien en particulier. L'évènement a pourtant subi le contrecoup de critiques. Peu de choses sérieuses. Seulement sur la cérémonie d'ouverture et son organisation difficile. Mais aucun festival au monde, on peut en témoigner, ne peut hardiment prétendre que le travail à l'ouverture est parfait. Une soirée d'ouverture dure quelques heures. Un festival dure 10 jours et dix nuits. C'est comme si on juge tout le très sérieux colloque d'Oran (De l'écrit à l'écran) sur une seule communication qui n'était pas à la hauteur.

Au moins deux films venus de Turquie (pays invité d'honneur) ont fait vibrer les cinéphiles oranais : Le Rêve du Papillon de Yilmaz Erdogan et La Prunelle de mes Yeux de Hakki Kurtulus et Melik Saracoglu. Deux morceaux de fiction concrets qui témoignent de l'excellent niveau du cinéma en Turquie. Et aussi deux imposantes et émouvantes productions syriennes : 4'Oclock at Paradise de Mohamed Abdelaziz et Mother de Bassel El Khatib ont remué profondément les spectateurs de la salle Maghreb. La crise majeure que traverse la Syrie est aussi dans les films produits à Damas avec son cortège de violence, de séparation, de déchirement.
Ni à la salle Maghreb, ni à la Cinémathèque, on n'a vu tout au long du festival une baisse de fréquentation. Les Oranais de nature joyeuse et souvent drôle ont rempli les salles en famille et applaudi à la fin de chaque projection même quand ils sortaient les larmes aux yeux car le film ne les a pas fait rigoler...



Bref, le festival d'Oran ne doit pas douter de son avenir. Le chemin est aujourd'hui tracé. Le festival avait commencé sous le signe de la fête sous la présidence créative de Hamrawi Habib Chawki. La fête continue pour le plaisir des Oranais qui voient de plus en plus de films produits avec le soutien de la France. L'OIF (Organisation Internationale de la Francophonie) et le CIRTEF sont au générique de Ezziara (La lune noire) du cinéaste tunisien Nawfal Saheb Etaaba, ainsi que El Wadi (La Vallée) du Libanais Ghassan Salhab par ailleurs coproduit avec Les Films d'Ici (Paris). Femmes d'Algérie / 10949 femmes de Nassima Guessoum est produit par le GREC (Groupe de recherches et d'essais cinématographiques, Paris). L'Orchestre des Aveugles de Mohamed Mouftakir dispose d'Avalanche Productions (Paris,Montréal), comme producteur. Le Conseil Général de la région Rhône-Alpes et les films Pélléas (Paris) ont financé le film turc La Prunelle des mes Yeux (déjà cité) tourné en partie à Lyon, à l'Institut Lumière. L'AARC aussi est derrière un certain nombre de productions dont le long métrage fiction de Nejwa Nejjar (Liban) : Eyes of the Thief.

Azzedine Mabrouki

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