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Le Prophète
La sagesse orientale revisitée en Amérique
critique
rédigé par Michel Amarger
publié le 01/12/2015
Michel Amarger (magazine Africiné)
Michel Amarger (magazine Africiné)
Roger Allers, réalisateur américain
Roger Allers, réalisateur américain
Khalil Gibran, écrivain libanais (1883 - 1931)
Khalil Gibran, écrivain libanais (1883 - 1931)
Scène du film
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Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
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Scène du film
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Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Le Roi lion, réalisé par Roger Allers et Rob Minkoff, 1994, USA
Le Roi lion, réalisé par Roger Allers et Rob Minkoff, 1994, USA
Affiche américaine (Kahlil Gibran's The Prophet)
Affiche américaine (Kahlil Gibran's The Prophet)
Africiné Magazine, the World Leader (African & Diaspora Films)
Africiné Magazine, the World Leader (African & Diaspora Films)

LM Animation de Roger Allers, Etats-Unis, 2014
Sortie France : 2 décembre 2015

Le cinéma américain puise son inspiration dans la poésie orientale pour en tirer un film d'animation multiforme. L'idée est de rendre spectaculaire, un texte fameux du Libanais Khalil Gibran, Le Prophète, publié en anglais en 1923, traduit en 40 langues, et devenu un best seller, vendu à plus de 100 millions d'exemplaires dans le monde. Ce succès repose sur la vision romantique et humaniste de l'écrivain, né au Liban en 1883, mort à New York en 1931, puisant ses écrits aux sources spirituelles du monde oriental et occidental. Le Prophète se présente comme une sorte de précis de sagesse, constitué de 26 petits essais philosophiques, devenu très populaire dans le courant de contre-culture américain des années 60.
Aujourd'hui, le film adapté des récits et des préceptes de l'auteur libanais, vise à faire entendre sa voix sous d'autres formes, empruntées au dessin animé. Le Prophète, 2014, réalisé par Roger Allers, est une production d'envergure, pleine de couleurs et de moyens comme aime les concevoir le cinéaste américain. Scénariste réputé pour les studios Disney, dans les années 80, il s'impose en réalisant Le Roi Lion, 1994, grand succès commercial. Depuis qu'il a quitté Disney, en 2005, il s'est encore illustré avec Les Rebelles de la forêt, 2006, produit par Sony Pictures. Fort de sa renommé, Roger Allers a pu mobiliser neuf cinéastes d'animation, célèbres dans le monde, pour participer à la confection des visions choisies pour Le Prophète : Tomm Moore, Michel Socha, John Gratz, Nina Paley, Joann Sfar, Bill Plympton, Mohammed Harib, Paul et Gaëtan Brizzi.



Le récit est situé sur une île imaginaire, dénommée Orphalese. Almitra, fillette de 8 ans, muette depuis le départ de son père, mène la vie dure aux habitants avec ses espiègleries. En suivant sa mère dans une résidence militaire où elle fait le ménage, Almitra fait la connaissance d'un étrange prisonnier. Mustafa est assigné à résidence, tenu à l'écart des villageois sous le charme trop prégnant de ses préceptes libérateurs. Il écrit, dessine et fascine Almitra par sa malice.
Le jour de leur rencontre est aussi celui de l'annonce de la libération de Mustafa qu'un militaire doit reconduire au bateau qui peut le ramener dans ses terres. La route est longue jusqu'au port où la population célèbre le passage de Mustafa en provocant ses récits et ses attentions. Au terme de ces scènes, projetées dans l'imaginaire, qui enchantent les habitants, le Prophète, restant une menace pour le gouvernement, est emprisonné au port. Refusant d'abdiquer ses vues pacifiques et libertaires, il ne reste à son esprit qu'à se perpétuer grâce aux bons soins d'Almitra et de sa mère.

Le mysticisme cultivé dans le livre originel par Khalil Gibran, se trouve au confluent de plusieurs influences dont l'islam, le soufisme, le christianisme et les religions indiennes. Sa poésie véhicule des idées sur la vie et la sagesse, en des termes spirituels sensibles. Le film de Roger Allers tente alors d'illustrer les récits du Prophète par une galerie de tableaux animés, inspirés par des techniques picturales anciennes : pointillisme, tachisme, expressionnisme… Parmi elles, par exemple, Mohammed Harib qui s'est occupé d'une séquence sur "le bien et le mal", utilise l'animation par des aquarelles. La diversité des styles et des auteurs, de Joann Sfar à Bill Plympton, produit une palette de genres attrayants sans toujours contribuer à l'unicité du film.
Des stars prêtent leurs voix aux personnages comme Liam Neeson, John Krasinski ou Selma Hayek. Elle est aussi productrice du film, justifiant son engagement par les origines libanaises de son père. En réunissant des moyens venus des Etats-Unis, du Canada, du Liban, du Qatar, Le Prophète vise une audience universelle. La gamme plastique de ses récits animés peut séduire sans toutefois renforcer l'impact des idées de Khalil Gibran. Les effets visuels prennent souvent le dessus sur les réflexions philosophiques du Prophète, en détournant l'attention vers les exercices de style. Le dessin animé devient alors prépondérant sur son sujet sans que la construction linéaire du trajet de Mustafa n'apporte de surprise ou de variation rythmique. Ainsi Le Prophète, né en Orient mais entraîné si loin, semble véritablement redessiné par les codes du spectacle américain pour en épouser les contours.

Vu par Michel AMARGER
(Afrimages / RFI / Médias France),
pour Africiné

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