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Contre-Pouvoirs
La presse algérienne en indépendance
critique
rédigé par Michel Amarger
publié le 24/01/2016
Michel Amarger (magazine Africiné)
Michel Amarger (magazine Africiné)
Malek Bensmaïl, réalisateur algérien
Malek Bensmaïl, réalisateur algérien
Scène du film
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Malek Bensmaïl, cinéaste
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Hikayet Films
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Institut national de l'audiovisuel
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Magnolias Films
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Thala Films Production
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Zeugma Films
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Africiné Magazine, the World Leader (African & Diaspora Films)
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LM Documentaire de Malek Bensmaïl, Algérie / France, 2015
Sortie France : 27 janvier 2016

A l'heure des remises en question de la fonction des journalistes, liées aux évolutions des médias, de la politique, il est toujours utile de mieux cerner leurs actions et leurs engagements. C'est ce que propose Malek Bensmaïl avec Contre-Pouvoirs, 2015, en s'immergeant dans les salles de rédaction du quotidien algérien El Watan. Ce journal, fondé en 1990, sous le régime du président Chadli Bendjedid, est l'un des seuls organes de presse privée, très suivi dans le pays. "L'Algérie possède un système politique verrouillé et autoritaire", analyse Bensmaïl. "Paradoxalement, ce même "système" a permis, il y a 25 ans, l'unique liberté possible, celle de l'expression dans la presse écrite".



Réunis sous la direction éditoriale d'Omar Belhouchet, les journalistes d'El Watan sont attachés aux avancées démocratiques de l'Algérie, épinglant le régime au pouvoir comme l'influence des islamistes. Avec ses pages rehaussées de couleurs, ses chroniques, ses caricatures, le quotidien publié en français, se déploie aussi sur le Net en renforçant son audience locale et internationale. "El Watan est francophone et assume l'héritage de cette langue", souligne Bensmaïl en regardant le fonctionnement de la rédaction comme une alternative à l'immobilisme politique.
Contre-Pouvoirs est filmé pendant les dernières semaines de l'élection présidentielle, en 2014, alors qu'Abdelaziz Bouteflika se prépare à obtenir un quatrième mandat. En face, les propositions d'Ali Benflis et des autres candidats, intéressent les rédacteurs sans peser dans la balance d'un scrutin à l'issue prévisible. "Les journalistes restent tout de même les adversaires ou les prisonniers des dirigeants politiques, des militaires et des personnalités influentes du pouvoir", relève Bensmaïl en cadrant de près les réunions de rédaction, les échanges vifs des journalistes entre eux, manifestant des sensibilités différentes

Soucieux de "prendre le temps d'écouter, d'observer", le cinéaste sait aussi comme il le déclare, "prendre le temps de saisir et d'examiner la pensée, la réflexion et le travail au quotidien des journalistes". En ce sens, Contre-Pouvoirs entrouvre les portes sur les questions liées à la communication dans un pays où la démocratie a des limites étroites. "Je pense et repense à la rage des journalistes algériens qui ont trop souvent été les oubliés de notre histoire, si douloureuse", ajoute le réalisateur qui dédie son film "aux 120 journalistes algériens assassinés durant la décennie noire".
En poursuivant ses investigations sur le fonctionnement de sa société, Malek Bensmaïl développe l'ambition d'occuper les écrans par un spectacle soigné. Il aère les scènes de réunions par des séquences ouvertes sur le futur siège d'El Watan, en construction pour surplomber la mer avec des baies vitrées. Il rythme les plans de discours par des ponctuations tournées sur la chaîne d'imprimerie du journal. Des images de manifestations, prises dans la rue ou vues sur les écrans de télévision que consultent les rédacteurs, rappellent le contexte de la campagne controversée du président en lice.

Ces transitions parfois aléatoires, semblent quelquefois superflues en s'éloignant du cœur du film qui culmine dans les échanges d'idées et de positions entre les journalistes. En resserrant son cadre sur quelques leaders du journal, Malek Bensmaïl recueille des observations qui paraissent croiser ses propres inquiétudes mais aussi ses espoirs sur la situation de l'Algérie contemporaine. Contre-Pouvoirs prolonge ainsi sa pratique du documentaire de proximité sociale, engagée dans Algérie(s), 2002, ou La Chine est encore loin, 2010.
En approchant des personnages ordinaires pour Des vacances malgré tout, 2001, des gens écartés du système dont les pensionnaires d'un centre psychiatrique avec Aliénations, 2004, ou des professionnels de la politique tel Ali Benflis pour Le Grand jeu, 2005, ou Guerres secrètes du FLN en France, 2012, le réalisateur étoffe sa cartographie indépendante de l'Algérie contemporaine. "Il y a un devoir à continuer d'enregistrer les évolutions, les réflexions, les batailles, d'enregistrer une démocratie qui peine à naître mais qui se construit malgré tout, jour après jour", estime Malek Bensmaïl. Son cinéma participe à cet élan, à hauteur de citoyen.

Vu par Michel AMARGER
(Afrimages / Médias France),
pour Africiné

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