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Omar Sharif, Henri Duparc, Gaston Kaboré, Safi Faye, Menna Shalaby : Honneur à 5 figures du cinéma africain
critique
rédigé par Yacouba Sangaré
publié le 24/04/2016

La séquence Hommages du LAFF 2016 a mis en lumière la carrière de cinq noms importants du cinéma africain : deux disparus et trois vivants.

L'un était acteur, l'autre cinéaste. Chacun de son côté, ils ont écrit de belles pages de l'histoire du cinéma, dans le monde, surtout pour Omar Sharif, et en Afrique, singulièrement la Côte d'Ivoire, pour Henri Duparc. Mais, ils restent deux figures emblématiques du 7ème art sur le continent.
C'est justement, pour rappeler cela au monde entier, que la 5ème édition du festival du film africain de Louxor, en Egypte, a décidé de braquer ses projecteurs sur eux. Histoire de leur faire un peu de lumière, mais également de rappeler aux professionnels du secteur, ce que leurs devanciers ont fait.
C'est la symbolique forte de la séquence hommages du LAFF 2016. En tout, il y en a eu 5, pour autant de personnalités du 7ème art en Afrique. D'un côté, il y a les disparus Omar Sharif et Henri Duparc et de l'autre, ceux qui sont encore en vie : les cinéastes Gaston Kaboré, Safi Faye et l'actrice égyptienne, Menna Shalaby.

Une pensée forte pour Omar Sharif et Henri Duparc

A Louxor donc, par la magie du cinéma, Omar Sharif et Henri Duparc sont revenus à la vie. Comme s'ils étaient encore parmi nous. La mémoire de l'acteur égyptien a été honorée, à travers une table-ronde qui a suscité la réflexion autour du thème : "Omar Sharif dans les yeux du monde". Quatre panélistes de haut vol, à savoir les critiques Ali Abou Shadi et Hala El Maoui, l'acteur américain Danny Glover et la star égyptienne Mahmoud Hamida, ont ainsi jeté un regard croisé sur la longue et riche carrière d'Omar Sharif, révélé au monde entier par sa remarquable interprétation dans Lawrence d'Arabie de David Lean, aux côtés d'un certain Peter O'Toole, qui campait le héros de ce film d'aventure, sorti en 1962.
Plus que ses rôles, ce panel a mis en lumière la perception que la planète avait d'Omar Sharif, des Amériques (Nord et Sud) à l'Afrique, en passant par l'Europe, l'Asie et l'Océanie. Celle d'un acteur talentueux, capable de se glisser avec une aisance déconcertante dans la peau de plusieurs personnages : le bon, le méchant, le valeureux. Omar Sharif était un acteur multidimensionnel, mais surtout une grande fierté non seulement pour l'Egypte, mais pour tout le continent. Le LAFF 2016 l'a rappelé à juste titre, via cet hommage mérité à cet acteur, qui a tiré sa révérence, chez lui, au Caire, preuve de son attachement à sa patrie bien qu'il ait vécu longtemps en Europe et aux Etats-Unis.

Comme Omar Sharif, Henri Duparc a marqué, à sa manière, le monde du cinéma, notamment en Afrique. Ses films, pour la plupart des comédies, véhiculaient, derrière l'humour qui les sous-tendait, l'image d'une Afrique gaie, où il faut bon vivre également. Une écriture cinématographique porteuse d'espoir, qui n'occulte pas le quotidien difficile des Africains, mais qui montre que l'Afrique ce n'est pas que les conflits, les guerres, la famine, les épidémies…
Pour nous rappeler au bon vieux souvenir d'Henri Duparc, deux de ses films ont été projetés : Bal Poussière et Le Sixième doigt, deux comédies pétillantes, qui font tordre de rire à tout vent. C'était cela le cinéma du Duparc : rire de notre société, pour prendre conscience de ses tares. Sa mort en avril 2016, à Paris des suites d'une maladie, a laissé un grand vide dans le cinéma ivoirien voire africain, qui, jusque-là, n'a pas, hélas, été encore comblé. "Je suis très fière que le travail d'Henri Duparc soit encore reconnu par les professionnels du cinéma", nous confiait sa veuve Henriette Duparc, toute émue, après avoir reçu le trophée que le LAFF a symboliquement décerné à son défunt époux, ainsi qu'aux autres personnalités du cinéma africain distinguées.

Focus sur le parcours de Gaston Kaboré, Safi Faye et Menna Shalaby

En plus de ses deux illustres disparus, le cinéaste Burkinabé Gaston Kaboré, sa collègue du Sénégal Safi Faye et la célèbre actrice égyptienne, Menna Shalaby, héroïne de Nawara, une superproduction égyptienne réalisée par Hala Khalil, étaient également à l'honneur à Louxor. Signe patent, qu'il ne faut pas toujours attendre que des gens passent l'arme à gauche, pour se souvenir de leurs œuvres. Les hommages posthumes, c'est bien. Mais, les hommages "vivants" c'est encore mieux. Car, cela permet aux concernés de rendre témoignage, eux-mêmes, de leurs actions.

Ainsi, au Winter Palace Hotel de Louxor, Gaston Kaboré, Safi Faye et Menna Shalaby ont raconté leur parcours, fait de hauts et de bas ; livré des anecdotes sur le tournage de certains de leurs films. De leurs confessions, on retient une leçon essentielle : le socle de leur succès, c'est la passion et le travail.
Pour apporter du poids aux propos de Gaston Kaboré et Safi Faye, leurs films ont été diffusés. Il s'agit d'une part des deux plus grands succès de Gaston Kaboré, Wend Kuuni et Buud Yam, Etalon de Yennenga au Fespaco 97 ; et d'autre part de Mossane, l'un des films les plus aboutis de la réalisatrice sénégalaise.

Ces cinq hommages ne sont que le juste renvoi de l'ascenseur à des passionnés de cinéma, qui ont, non sans difficultés, chacun à sa manière, de belles pages de l'histoire du 7ème art en Afrique. Que le Laff 2016 les magnifie, c'est montrer la voie à suivre à la génération. Et vu le parcours de ces cinq, elle a du chemin à faire…Pour être un jour sous les feux de rampe.

Yacouba Sangaré*

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