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Journal de Cannes 2016 (2 /3)
critique
rédigé par Azzedine Mabrouki
publié le 28/05/2016

Jeudi 12 Mai
Dans Fais de Beaux Rêves de Marco Bellocchio, Massimo, 9 ans, perd sa mère, ce qui brutalement interrompt sa relation passionnée, exclusive, absolue avec elle. C'est une chose incompréhensible pour lui. Souffrante, elle s'est jetée du 5° étage de l'appartement à Turin. Mais cela, il ne l'apprendra que beaucoup plus tard. Marco Bellocchio revient à ses thèmes favoris : la grande place de la mère dans la vie, la mamma chose essentielle en Italie. Le drame de Massimo c'est aussi le mensonge de la famille qui lui cache la vérité. La sobre mise en scène, la douceur des voix et de la musique ont conquis la salle où le film qui ouvrait la Quinzaine des Réalisateurs a été applaudi.
Clash (Echtibak) de Mohamed Diab met face à face les révolutionnaires, les frères musulmans, l'armée, la police. Il y a des flots d'images de répression, de harangues à la foule, de désir effréné des Egyptiens de clamer leur liberté. Cela se passe quand le maréchal El Sissi a mis en prison Morsi et banni le parti des frères musulmans.

Vendredi 13 Mai
Pablo Neruda, gloire littéraire en Amérique Latine, était un homme complexe ;il écumait les maisons closes, c'était un incorrigible égoïste. Sous la dictature Videla, dans les années 40, Neruda se cachait. La police était à ses trousses. C'est dans sa vie clandestine qu'il a écrit Canto General, son plus célèbre recueil de poèmes, œuvre frénétique, vision de l'Amérique Latine en crise, désespérée. Le film de Pablo Larrain évoque aussi Delia Del carril, la femme de Neruda, issue de la noblesse argentine, amie de Picasso et Garcia Llorca. Délia a mis toute sa fortune pour aider Néruda, pour publier ses livres, mais le poète l'a quittée et cette trahison était pour elle dure à avaler.

Samedi 14 mai 16
Sise à la Villa Abdelatif (Ager), l'AARC est revenu sur la Croisette, au Village International du Festival de Cannes. Pour tenter d'informer les participants peu au fait des affaires du cinéma algérien. Inutile d'agiter le spectre de la crise actuelle et de rappeler sans cesse qu'au Festival de Cannes l'Algérie a connu ses heures de gloire, avec Chronique des années de braise, La Citadelle, Omar Gatlato, etc… De jeunes talents vont mettre le cinéma national dans le coup.
Deux superbes actrices sud coréennes Kim Min-Hee et Kim Tae-Ri sont consumées de passion, à la Kéchiche, dans Mademoiselle, long métrage en compétition de Park Chan-Wook. La Corée était une colonie japonaise. Un grand mystère enveloppe un récit à rebondissements et le travail de mise en scène ne manque pas de souffle.

Dimanche 15 Mai
Le nouveau cinéma allemand arrive au Festival de Cannes avec Toni Erdmann, titre du film de Maren Ade, très applaudi, plein d'humour, filmé en Roumanie, une jeune allemande mène une vie tranquille soudain gâchée par l'arrivée de son père, facétieux, encombrant.
Curieux temps à Cannes, un orage peut éclater en plein soleil. Sidérés et trempés, on court vers la Quinzaine pour le film de Rachid Djaidani : Tour de France. Un peintre du dimanche (Gérard Depardieu) entame un voyage à travers cinq ports sur les traces de Joseph Vernet qui, au XVIII° siècle, a été envoyé par Louis XV sur les mêmes lieux. Un rappeur (Far-Hook) suit le peintre et au fil des jours une amitié nait entre deux types totalement dissemblables. Djaïdani dit des choses sur la politique du pouvoir actuel en France, sur les préjugés et l'attitude hostiles des médias.

Lundi 16 Mai
Sous Hissein Habré, le Tchad a perdu sa dignité, son honneur, sa liberté et des milliers de morts. Sur cette tragédie le film de Mahamet-Saleh Haroun interroge les survivants dont le long combat a abouti à l'arrestation de Habré à Dakar et à son procès pour crime contre l'humanité. Le verdict est attendu pour la fin de ce mois de mai.
Moyennement accueilli, Mal de pierres de Nicole Garcia n'a pourtant pas démérité. Le film parle de rêve, de passion, de liberté quand une jeune fille, mariée de force, cherche à fuir son milieu de la bourgeoisie agricole très traditionnelle et fermée.

Mardi 17 mai 2016
Brillantissime documentaire sur l'histoire du cinéma français de Bertrand Tavernier, un ami de la Cinémathèque Algérienne. Il montre des images d'Octobre à Paris et revient sur le très beau cinéma d'avant-guerre en France. Sur Renoir, qui a fait Le Bled à la gloire de la colonisation de l'Algérie, à l'occasion du Centenaire, Tavernier rappelle le talent énorme du cinéaste, fils du grand peintre Auguste Renoir, mais ajoute : quand on est le fils d'Auguste Renoir on ne prend pas la nationalité américaine…
De bon matin, Julieta de Pedro Almodovar. Le récit ne se perd pas dans les méandres inutiles. Cette œuvre c'est essentiellement les relations difficiles entre mère et fille qui vont jusqu'à la rupture parfois. Mais Almodovar ne prétend pas que les familles en Espagne ont en l'exclusivité.

Azzedine Mabrouki

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