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Le cinéma nigérien représenté à la 20ème édition du Festival Ecran Noirs au Cameroun
Le pagne, de Moussa Djingarey, nominé
critique
rédigé par Youssoufa Halidou Harouna
publié le 02/07/2016
Moussa H. DJINGAREY, réalisateur nigérien
Moussa H. DJINGAREY, réalisateur nigérien
Scène de Mon retour au pays, 2012, Moussa Djingarey
Scène de Mon retour au pays, 2012, Moussa Djingarey


Le film Le pagne est nominé à la 20ème édition du Festival Ecran Noirs au Cameroun en Sélection Internationale dans la catégorie Long Métrage.
Moussa Djingarey est toujours égal à lui-même à travers les thématiques qu'il développe dans ses films, axées sur la dénonciation des vices de sa société, tels que : le mariage précoce et forcé, l'abus dans la chefferie traditionnelle et des porteurs de tenue (gendarmerie, police, douane, …), la prostitution, la famille, la justice, l'autorité patriarcale, la santé, l'éducation, la trahison, les religions, mais surtout l'intégrité de certaines personnes face à une décadence sociétale.






Dans Le pagne, le réalisateur nous donne à voir de manière esthétique la place de la femme dans la société. Une place peu louable, vu l'irresponsabilité des hommes qui ont presque droit de vie ou de mort sur les femmes. Cette place se manifeste dans Le pagne par le silence de la femme dans sa société avec toutes les injustices à son égard. Plusieurs séquences de l'héroïne principale en témoignent, à l'instar de la séquence de son viol (le roi n'accorde pas de crédit aux accusations de la victime et préfère croire un de ses proches qu'il protège). Moussa Djingarey va plus loin, en mettant à l'écran de manière ironique, le comportement de certains individus de la haute classe nigérienne. Ainsi, on peut voir Yacouba Beidari, jouant le rôle du père adoptif de la jeune héroïne, prendre le transport en commun du village (un camion non sécurisé, car surchargé par de marchandises et de personnes). A sa descente du camion, dans une geste de mépris, il s'essuie sur les personnes avec qui il était dans le camion. Beaucoup de scènes émouvantes sont construites pour provoquer chez le cinéphile et la population dans son ensemble une prise de conscience sur les manquements de la société.

La thématique du film est certes dramatique, mais aussi, de beaucoup d'espoir : la jeune fille dans le film, malgré son statut, a reçu de la part de ses parents adoptifs, une fière éducation qui l'a conduit à finir une formation qualifiante. Le titre du film fait référence au sens de la prévision et de l'organisation de la femme dans la vie d'ici bas, car, ce pagne légué a permis à la fille de l'héroïne principale de découvrir la vérité. Le Pagne a beaucoup de similitudes avec certains films des pionniers du cinéma nigérien qui évoquaient déjà dans les années 60-70 les thématiques de la justice en montrant des procès et les abus, à l'exemple de Djingarey Maiga et sa série noire.






Il faut noter que Moussa Djingarey, est l'un sinon le tout premier réalisateur à recevoir une décoration nationale et des mains du président de la République du Niger, en 2009. C'est un réalisateur régulier dans sa production avec au moins une réalisation annuelle, ces cinq (5) dernières années. Il est son propre producteur et parfois il est figurant dans ses films. Parmi ses productions les plus représentatives, il y a Mon retour au pays, 2012 ; Hassia, amour ou châtiment, 2010 ; La mystérieuse croix d'Agadez, 2005.
Le Pagne avait récemment reçu quatre nominations aux AMAA 2016 (Lagos) dans les catégories Meilleur film fiction, Meilleur réalisateur, Meilleur son et meilleur acteur (pour Yacouba Beidari).

Youssoufa HALIDOU HAROUNA, Critique de cinéma

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