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Walls, de Narcisse Wandji
Eprouvé jusqu'à la dernière estime
critique
rédigé par Pélagie Ng'onana
publié le 02/11/2016
Pélagie Ng'onana (revue Africiné)
Pélagie Ng'onana (revue Africiné)
Narcisse Wandji, réalisateur camerounais, sur le plateau de Walls
Narcisse Wandji, réalisateur camerounais, sur le plateau de Walls
Le cadreur Pierre Tenze, avec le réalisateur Narcisse Wandji
Le cadreur Pierre Tenze, avec le réalisateur Narcisse Wandji


Le jeune réalisateur camerounais infiltre le psychique d'un géniteur incarcéré en proie aux différents soupçons.


La voix sérieuse de Gérard Essomba interpelle l'attention du spectateur dès les premières images du film. Cette voix mature et posée du personnage Edimo qui guidera la compréhension de l'intrigue portée par ce court métrage de 14 minutes. Surtout que la fiction nous plonge dans ce système opaque et sombre qu'est l'univers carcéral. Un univers que crée l'auteur, avec des personnages qui tiennent leurs rôles. C'est en effet au centre de détention de Madibo que le spectateur fait la connaissance de Richard Meka, directeur d'une entreprise d'énergies renouvelables écroué depuis 4 ans. Accusé de détournement de fonds publics, il attend toujours son jugement. Walls c'est surtout cette souffrance psychologique qui torture ce père qui réalise que son fils, son avocat, finit lui aussi par douter de lui. Le combat d'un homme qui se rend compte qu'il est peut-être seul à mener ce combat pour son innocence, face à un système judiciaire flou et complexe. Au regard de Richard Meka (interprété par Jacobin Yarro), lors de sa dernière conversation tendue avec son fils, transparait une déception qui vient se mêler à l'ambiance glaciale et muette de cette salle de communication.






Mais le réalisateur n'a pas voulu s'enfermer dans un mutisme lourd. Co-écrit avec Françoise Ellong, le scénario opte de faire raconter l'aventure par le personnage singulier de Edimo (Gérard Essomba), l'un des anciens détenus de la prison. L'histoire du centre de Madibo, il la connait par cœur. Le récit d'Edimo permet donc au spectateur de comprendre ce qui n'est pas dit dans les différents dialogues. Hormis la scène qui montre Martin Meka chez lui en compagnie de son épouse, le reste du film se déroule dans les cellules et les couloirs de la prison de Madibo. Un décor approprié, soigneusement adapté, qui, avec le concours d'un éclairage tamisé offre un résultat satisfaisant. Le réalisateur fait également preuve de créativité sur le choix des costumes. L'univers carcéral camerounais ne prévoit pas de tenues pour ses prisonniers. Mais Walls si. Un ensemble (pantalon-boubou) en matériaux traditionnels de laine solide servant à fabriquer des sortes de grands filets fourre-tout.

Avec Walls, Narcisse Wandji a pris le risque d'aborder un sujet très complexe (corruption et détournement de deniers public) dans un court métrage. La profondeur des dialogues et l'intensité des comédiens sont donc revendiquées pour une meilleure compréhension de l'intrigue. Pour y parvenir, le jeune réalisateur confronte l'ancienne et la jeune génération de comédiens camerounais. Une sorte de transmission de flambeau, expliquera-t-il. Gérard Essomba, et Jacobin Yarro, deux références locales donnent la réplique aux étoiles montantes comme Axel Abessolo ou encore Anurin Nwunembom, l'un des rôles principaux du film Ninah's Dowry (Prix du Meilleur film camerounais Ecrans noirs 2015) du réalisateur Victor Viyuoh.

Walls fait en même temps cette belle fusion entre comédiens anglophones et francophones. Jadis très méfiants, les productions camerounaises de ces derniers temps nous offrent de plus en plus ces collaborations admirables entre cinéastes anglophones et francophones du pays. Des choix judicieux qui ont fait de Walls le lauréat du Meilleur court métrage camerounais au 20ème festival Ecrans noirs de Yaoundé 2016. Quelques mois plus tôt, il avait remporté le Prix de Meilleur décor et le grand prix du festival au Festival international du court métrage de Douala. Une entame très encourageante pour cette œuvre ayant bénéficié, en 2015, de l'aide à la production du Fonds Image de la Francophonie (OIF / CIRTEF). Il est en Compétition Officielle à la 27ème session des Journées Cinématographiques de Carthage - JCC 2016, Tunis.

Pélagie Ng'onana

Tags : African films, cinémas africains, Cinémas arabes.

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