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Timgad
Balle de match pour la cohésion algérienne
critique
rédigé par Michel Amarger
publié le 20/12/2016
Michel Amarger (magazine Africiné)
Michel Amarger (magazine Africiné)
Fabrice Benchaouche, réalisateur et coscénariste
Fabrice Benchaouche, réalisateur et coscénariste
Aziz Chouaki, co-scénariste
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Scène du film
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LM Fiction de Fabrice Benchaouche, France / Algérie, 2016
Sortie France : 21 décembre 2016


Le patrimoine antique de l'Algérie est rarement mis en avant par le cinéma de fiction. Il est vrai que les autorités semblent avoir du mal à l'entretenir, et à le considérer comme une valeur sûre de la culture algérienne. Fabrice Benchaouche ne se laisse pas arrêter par ces considérations pour valoriser les ruines antiques en réalisant Timgad, 2016. Cette production française est pourtant largement tournée vers le présent, en contant les péripéties d'une équipe de minimes qui veulent se qualifier pour représenter l'Algérie dans un match à Marseille.






Un prologue, situé en 1996, a lieu la nuit de la naissance successive de 11 garçons. Seul, l'épicier dépité a une fille. Mokhtar, l'instituteur se réjouit de ce repeuplement miraculeux tandis qu'autour du village, les islamistes rôdent. Lorsqu'on retrouve les 12 enfants presque adolescents, après le générique, l'instituteur caresse le rêve d'en faire une équipe de foot conquérante. Mais les moyens manquent.
L'arrivée de Jamel, un archéologue d'origine algérienne, né en France, ravive les ambitions de Mokhtar. Tout en étudiant les vestiges romains pour une mission française, Jamel pénètre les douleurs de la "décennie noire", le conservatisme des villageois et la bienveillance de Djamila, sa voisine, veuve balafrée par les islamistes. Son fils est l'une des meilleures recrues de l'équipe de foot.

Apprenant que l'archéologue a joué dans une équipe française réputée, l'instituteur le bombarde entraîneur de l'équipe de Timgad. L'enjeu est de vaincre les voisins de Batna. Grace au concours de l'épicier, devenu sponsor, et aux tactiques volontaires de Jamel, l'équipe progresse, gagne en cohésion en franchissant les obstacles : récupérer des maillots pour les joueurs, des chaussures de sport…
Le responsable de l'équipe de garçons de Batna, s'alarme. Il essaie de détourner le meilleur butteur en embauchant son père. L'équipe désorganisée, doit alors trouver une parade en s'appuyant sur l'enthousiasme fiévreux de l'instituteur, les prières de l'imam, gagné à la cause, les astuces de Jamel. Le tout se combine pour intégrer de manière surprenante, un joueur inédit dans l'équipe, capable de vaincre Batna.

Timgad se déroule comme l'histoire d'une conquête pour divertir et édifier après avoir débuté sous l'égide du conte. "Derrière une trame de comédie, il y en a une plus dure, plus dramatique puisque la plupart de ces enfants, quelques temps après leur naissance, vont perdre leur père tué par les islamistes", explique Benchaouche. Rappelant cette période douloureuse, au fil du récit, il suggère que les problèmes actuels dans la société algérienne, découlent de son histoire.
"L'instituteur symbolise cette génération qui a cru à la jeune Algérie contre vents et marrées, celle qui s'est battue pour son indépendance, celle qui s'est battue contre les islamistes et l'instituteur projette ce rêve perdu dans son équipe de minimes", dit le cinéaste. Un rôle tenu par une figure de référence du cinéma algérien des premiers temps, Sid Ahmed Agoumi, qui joue avec emphase l'enseignant commentant les batailles de l'émir Abd el-Kader comme des matches.

Les péripéties, parfois burlesques, permettent de dénoncer le conservatisme des adultes et l'immobilisme de l'Algérie qui manque cruellement de moyens. Le film bénéfice du décor grandiose des ruines de Timgad où il a été tourné en partie, et des rues de Benifouda, village plus au nord, près de Sétif, où les commerces ont été reconstruits.
Et cette fiction entraînante, au montage vif, est ainsi pleine de couleurs toniques. Les dialogues sont piquants, entre arabe dialectal populaire et français. Autour de Mounir Margoum qui est l'archéologue, on remarque le jeu expressif des gamins de Timgad, et des figures familières du cinéma algérien comme2 Yahya Jedidi, l'épicier teigneux, ou Fettouma Bouamari en guérisseuse.

Timgad est une production française solide qui bénéficie d'une participation belge conséquente et du soutien de l'Agence Algérienne Régionale pour la culture. En présentant une image vive du pays, le réalisateur n'occulte pas la lenteur de l'évolution des moeurs. Il relève le mépris de l'émigré, des harkis, mettant en scène des hommes bravaches mais attachants, des gamins frondeurs, et des femmes dont il incite fermement à reconsidérer la place.
Fabrice Benchaouche filme l'Algérie rurale comme un défi aux images toutes faites. Né à Paris, d'un père algérien et d'une mère franco-belge, il est assistant réalisateur puis travaille sur de grosses productions publicitaires avant de signer un court-métrage remarqué, Tout l'univers, 2004. Sa dextérité technique est au service d'une histoire simple, mais pas simpliste, pour composer Timgad, cultivant le sens du spectacle avec un esprit volontariste. Et l'on peut suivre Fabrice Benchaouche lorsqu'il résume : "C'est un film sur l'envie, l'espoir, l'affirmation."

Vu par Michel AMARGER
(Afrimages / Médias France),
pour Africiné Magazine


Le film est à apprécier dès mercredi 21 décembre dans les cinémas suivants :
Paris : Espace St Michel
Conflans Ste Honorine : Cinéville
Marseille : Gyptis
Montpellier : Diagonal
Perpignan : Castillet
Grenoble : Club
La Rochelle : Olympia Cgr
Le Havre : Siruis
Le Mans : Les Cinéastes
Rouen : Omnia
Gaillac : Imagin
Lans en vercors : Cairn

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