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Weldi : ode à la paternité
critique
rédigé par Falila Gbadamassi
publié le 14/05/2018
Falila Gbadamassi est rédactrice à Africiné Magazine
Falila Gbadamassi est rédactrice à Africiné Magazine
Mohamed BEN ATTIA, réalisateur tunisien
Mohamed BEN ATTIA, réalisateur tunisien
Scène du film
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Cannes 2018
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Africiné Magazine, the World Leader (Africa & Diaspora Films)
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La deuxième fiction du réalisateur tunisien Mohamed Ben Attia, Weldi (Mon cher Enfant) en compétition à la Quinzaine des réalisateurs, explore avec justesse le désarroi d'un père dont le fils semble préférer un sombre avenir aux rêves paternels.

À quelques jours du bac, Sami (Zakaria Ben Ayyed) est malade. Est-il stressé par l'épreuve qui approche ? La mère, Nazli (Mouna Mejri), tout comme le père, Riadh (Mohamed Dhrif) sont inquiets pour leur fils unique. Futur retraité, Riadh redouble d'attention pour sa progéniture qui montre des signes de faiblesse. Mais du jour au lendemain, Sami disparaît en laissant derrière lui un message angoissant : il est parti en Syrie rejoindre le groupe terroriste Daech.
Que faire quand votre unique enfant choisit le terrorisme comme projet d'avenir, alors que vous rêviez pour lui d'une vie tranquille, avec femme et enfant(s), si possible ? Le second long métrage du cinéaste Mohamed Ben Attia est une lancinante réponse à cette interrogation, à travers les yeux d'un père à qui le comédien tunisien Mohamed Dhrif donne vie avec maestria.






La véracité de Weldi (Mon cher Enfant), en compétition à la Quinzaine des réalisateurs, doit beaucoup à son casting. Dès les premières images, tous les acteurs arrivent à établir les enjeux de leurs personnages. Zakaria Ben Ayyed a plus que jamais la tête de l'emploi. Avec sa composition - un Sami taiseux qui a tout l'air de préparer un mauvais coup - on sent poindre les ennuis. La désolation qui entoure déjà tous les protagonistes de Weldi fonctionne comme un aimant sur le spectateur. Ce dernier ne se pose alors qu'une question : comment vont-ils se sortir du pétrin qui les attend ? Notamment ce père qui transpire l'inquiétude quel que soit l'angle de l'objectif.
Sous la caméra de Ben Attia, le personnage de Riadh traverse ainsi trois phases. D'abord, il cherche à expliquer ou à s'expliquer l'attitude de son enfant, puis décide de réagir en faisant, lui aussi, le voyage pour la Syrie afin de ramener le fils prodige. Enfin, la dernière étape émotionnelle de cet homme, sur le qui-vive, tient à l'issue de la mission de sauvetage.

Avec Weldi, Mohamed Ben Attia choisit un thème qui a souvent été traité au cinéma ces dernières années depuis l'apparition de Daech et de la cohorte de jeunes que l'organisation terroriste attire avec sa vision intégriste de l'Islam. Pour aller guerroyer, Sami renoncera au bac et surtout au confort de l'appartement propret de ses parents, dans un quartier résidentiel de Tunis.
Cette problématique, qui relève aujourd'hui de l'ordinaire, est le cadre qui permet à Ben Attia de mettre au goût du jour une réflexion tout aussi éculée sur la paternité. Cette capacité à faire du neuf avec du vieux confère paradoxalement force et intelligence à l'œuvre.

Weldi est un subtil et convaincant road movie sur les chemins d'une paternité en crise. Il gagne en puissance à chaque nouvelle séquence. Le réalisateur ne s'appesantit pas sur les motivations de Sami. Il décortique plutôt, comme il le dit lui-même, les émotions de ceux qui restent. Et surtout d'un père gangrené par ce sentiment de culpabilité, celui qu'éprouvent tous les parents dont les enfants viennent étoffer les rangs d'une armée fanatisée.
A l'instar du héros du film Heidi, un vent de liberté, son remarquable premier film, Mohamed Ben Attia s'intéresse également ici à une jeunesse en résistance qui ne veut plus que ses géniteurs, sous prétexte qu'ils leur ont donné la vie, lui dictent ses choix. Quitte à prendre "LA" mauvaise décision. Cependant, Weldi est une fiction plus dense et plus complexe. Elle garde la lumineuse signature de Mohamed Ben Attia.

Falila Gbadamassi

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