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Weldi (Mon cher enfant)
Un père tunisien en quête
critique
rédigé par Michel Amarger
publié le 12/11/2018
Michel Amarger est rédacteur à Africiné Magazine depuis sa création en 2004
Michel Amarger est rédacteur à Africiné Magazine depuis sa création en 2004
Mohamed BEN ATTIA, réalisateur tunisien
Mohamed BEN ATTIA, réalisateur tunisien
Scène du film
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Scène du film
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L'équipe du film, à Cannes
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L'équipe du film, à Cannes
L'équipe du film, à Cannes
L'équipe du film, à Cannes
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LM Fiction de Mohamed Ben Attia, Tunisie / Belgique / France, 2018
Sortie France : 14 novembre 2018


Les coproductions permettent d'élargir le cercle du cinéma tunisien et son audience. Le succès de Hedi (Un vent de liberté), premier long-métrage de Mohamed Ben Attia, en 2016, repose sur un montage financier solide entre la société Nomadis Images de Dora Bouchoucha, et la structure belge Les Films du Fleuve, des frères Dardenne, avec une participation française. La formule est reprise pour Weldi, 2018, la nouvelle fiction de Mohamed Ben Attia, sélectionnée à Cannes dans la Quinzaine des Réalisateurs. Cette exposition lui permet déjà une distribution en Chine, par Time Vision, à Taïwan, avec Andrew Films, comme au Brésil, via Providence Filmes. La sortie française, prévue en amont, se fait sous le titre Mon cher enfant, imposé par les distributeurs mais jugé trop restrictif par le réalisateur tunisien.






Le sujet est centré sur Riadh, cariste sur le port de Tunis, proche de la retraite. Nazli, son épouse, enseigne hors de la ville. Et dans ce couple fatigué, Riadh reporte toute son attention sur Sami, le fils, fragilisé par des migraines violentes et inexplicables alors qu'il prépare le bac. Taciturne et mal à l'aise même dans les partys où l'entraînent ses camarades, Sami tente d'esquiver l'amour pesant de son père. Lorsqu'il disparaît brutalement, au milieu du film, l'histoire prend un nouveau tournant. Des indices laissent croire que Sami est parti en Syrie, faire le Djihad. Alors Rhiad s'embarque lui aussi par la Turquie, pour gagner la Syrie dans un voyage en forme d'impasse. Le retour à Tunis est ponctué d'un drame, d'un règlement de compte familial, d'un nouveau départ.

Avec Weldi, Mohamed Ben Attia s'attaque au sujet brûlant de l'engagement pour le Djihad de la jeunesse. Mais cet axe est subordonné au regard de Rhiad, le véritable héros du film. Il s'agit de "coller à ce père qui soulève des questions à travers son point de vue. Sa mise à la retraite puis la disparition du fils, déclenchent une remis en question de la cellule familiale. "Cela trouble sa perception simpliste de la vie et le pousse à s'interroger sur lui-même", confirme le réalisateur. Il ne dramatise pas l'engagement de Sami pour les valeurs islamiques, la rupture sociale de la retraite pour Riadh, mais il montre les émotions de son personnage principal qu'il suit dans ses démarches. "Je voulais dépasser le premier sujet du film, le départ du fils, pour parler de choses plus proches de nous, le couple, le travail, la solitude", explique Mohamed Ben Attia, en soulignant la fragilité de la structure familiale en Tunisie.

Le style de Weldi, avec sa caméra portée, paraît alors comme s'efforcer de se faire discret. "Nous voulions une caméra pudique et au service de l'histoire", confie le cinéaste. "Je voulais une mise en scène réaliste qui s'effacerait presque face aux situations dramatiques." Ce souci se retrouve dans le choix des lieux de tournage, dans la banlieue sud de Tunis avec la maison familiale, comme dans les rues d'Istanbul pour accompagner l'errance de Riadh. Les plans-séquences sont alors au service des acteurs, de leur jeu retenu mais sensible. Mohamed Dhrif, professionnel du cinéma tunisien, incarne Riadh, et le jeune Zakaria Ben Ayed, vu dans des publicités, son fils. Nazli est jouée par Mouna Mejri qui est aussi la vraie mère de Majd Mastoura, l'acteur principal de Hedi.






Les deux films de Mohamed Ben Attia ont aussi pour points communs des héros masculins à fleur de peau, des déambulations en voiture, des désajustements avec la société tunisienne. "Ce qui m'intéresse aussi, c'est ce paradoxe entre notre incapacité à vivre ensemble et notre peur de la solitude", estime le cinéaste en isolant ses personnages comme pour mieux détourer les contradictions de la condition des Tunisiens d'aujourd'hui. Les couleurs froides de Weldi, résultant d'un tournage hivernal, au moment où la végétation est sèche, participent à la volonté de cultiver un regard distancié mais proche des protagonistes. Mené avec un rythme sûr, le film approche une jeunesse désorientée, des parents usés par le quotidien, en évoquant la fragilité des vies tracées d'avance.

Vu par Michel AMARGER
(Afrimages / Médias France)
pour Africiné Magazine

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