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Rafiki, de Wanuri Kahiu
Vie des homosexuels africains en débat
critique
rédigé par Rodéric Dèdègnonhou
publié le 28/02/2019
Rodéric Dèdègnonhou est rédacteur à Africiné Magazine
Rodéric Dèdègnonhou est rédacteur à Africiné Magazine
Wanuri Kahiu, réalisatrice kényane
Wanuri Kahiu, réalisatrice kényane
Scène du film
Scène du film
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Scène du film
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"Rafiki" signifie "amie", en langue swahali. Dans ce film Wanuri Kahiu va au coeur d'un univers hostile à l'homosexualité.


Wanuri Kahiu a choisi de commencer son film avec un plan général afin de préparer les cinéphiles à intégrer un quartier populaire de la banlieue de Nairobi, la capitale du Kenya. A travers les immeubles juxtaposés, où s'opèrent des scènes de vie quotidienne, elle campe le contexte de l'action. Ce premier angle de vue ordinaire se focalise sur l'actrice principale, Kena, incarnée par Samantha Mugatsia.






La réalisatrice raconte comment, à Nairobi, Kéna et Ziki (Sheila Munyiva) mènent deux vies de jeunes lycéennes bien différentes, mais qui cherchent, chacune, à sa façon, à poursuivre ses rêves. Leurs chemins se croisent en pleine campagne électorale au cours de laquelle s'affrontent leurs pères respectifs. Attirées l'une vers l'autre, à travers des comportements homosexuels à suffisance exposés. Dans une société kenyane conservatrice, les deux jeunes femmes vont être contraintes
de choisir entre amour et sécurité. Leur sentiment amoureux se heurte au refus catégorique de la société : elles sont violentées, châtiées par leurs familles respectives, rejetées par leurs propres amis et, enfin, traitées de sataniques. Une dame, incarnant la commère, fait appel à la
population qui surprend les deux jeunes filles en flagrant délit, dans leurs ébats amoureux. Elles n'échappent pas à la révolte sociétale. Elles sont molestées avant d'être remises aux éléments de la sécurité publique.

Si la majorité des pays occidentaux acceptent et protègent l'homosexualité, et l'existence des couples homosexuels, c'est le contraire dans la plupart des pays africains. Ceux-ci restent intransigeants et imperméables à cette pratique.
La réalisatrice touche une question d'actualité mondiale en la portant sur le continent africain où les valeurs traditionnelles et religieuses sont prépondérantes. Dans ce débat, il y a d'un côté les thuriféraires de l'homosexualité, de l'autre les conservateurs.

Durant quatre-vingt-deux (82) minutes, Wanuri Kahiu utilise des plans rapprochés mettant les valeurs les questionnements psychologiques des personnages. Outre ce constat, elle a offert des plans plongés et contre-plongés et des travelings afin de monter sa maîtrise du sujet abordé. La musique de Frédéric Salles donne une tonalité particulière au film, de même que le va-et-vient constant entre l'univers urbain et la campagne. L'autre travail remarquable, opéré par la réalisatrice, réside dans le casting, notamment le choix des actrices qui incarnent les deux personnages principaux. Leurs apparences sont bien soignées. La dernière image du film reste ouverte, dans la mesure où, les deux jeunes filles se sont retrouvées finalement au sommet d'une montagne, suite à la réussite de leur carrière envisagée. Cette séquence montre, qu'en dépit de tout, les deux jeunes filles sont au-dessus de la mêlée et ont l'espoir de vivre leur amour au grand jour.

Rodéric Dedegnonhou (Bénin)

Africiné Magazine No.3 - Mercredi 27 février 2019, pages 01 et 03 /// 26è FESPACO

Ce magazine est publié par la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC / AFFC). La publication a été rendue possible grâce au soutien de l'OIF, Africalia Belgium, le Goethe-Institut et l'Ascric-B. Il est réalisé par un collectif de 42 journalistes provenant de 23 pays.

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