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"Adam", somptueux portrait de femmes
critique
rédigé par Falila Gbadamassi
publié le 20/05/2019
Falila Gbadamassi est rédactrice à Africiné Magazine
Falila Gbadamassi est rédactrice à Africiné Magazine
Maryam Touzani, réalisatrice et scénariste marocaine
Maryam Touzani, réalisatrice et scénariste marocaine
Scène du film
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La réalisatrice marocaine Maryam Touzani présente Adam à Un Certain Regard. Porté à l'écran par un exceptionnel duo d'actrices, ce projet très personnel est une belle et convaincante expérience cinématographique pour la cinéaste qui signe sa première fiction.


Samia (Nisrin Erradi) erre avec son gros ventre dans la médina de Casablanca, au Maroc, jusqu'à ce que son chemin croise celui de Warda (Douae Belkhaouda), une fillette de 8 ans, et surtout celui de la mère de l'enfant, Abla (Lubna Azabal). Cette dernière hésite à accueillir chez elle Samia mais l'idée de la laisser dans la rue l'empêche de dormir. Les deux femmes, qui ont chacune un caractère bien trempé, cohabitent bientôt. En retour de l'hospitalité offerte, Samia met ses dons au service d'Abla qui n'en veut surtout pas mais qui tient une petite boutique de pâtisseries.

Pour son premier long métrage de fiction, Maryam Touzani filme en gros plan ces visages de femmes butées. Chacune de leurs expressions - ainsi que leurs regards - montre bien les efforts qu'elles fournissent pour ne pas se laisser submerger par les émotions qu'elles enfouissent au plus profond d'elles-mêmes. A raison, car les digues érigées ne résisteraient pas au déluge émotionnel qui les guette. Samia cherche la meilleure solution pour éviter à son enfant à naître un cruel destin. Quant à Abla, elle est enfermée dans une armure qui l'empêche même d'être plus proche de la petite Warda. Samia devient ainsi celle grâce à qui la fillette peut laisser libre cours à son âme d'enfant.

En s'appuyant sur la justesse de ses comédiennes, Maryam Touzani raconte le destin de deux femmes qui vont mutuellement panser leurs blessures passées et à venir. Impressionnante de rectitude dans la peau d'Abla, Lubna Azabal livre ici l'une de ses plus belles performances au cinéma. Nisrin Erradi, qui campe une Samia inflexible et déterminée, lui donne admirablement la réplique. L'alchimie du duo Azabal-Erradi irradie. La mise à scène de la cinéaste marocaine exploite les face à face de ces héroïnes pour faire avancer son récit. L'appartement qui abrite les trois femmes, la boutique où Samia et Abla travaillent et puis, plus tard, la chambre occupée par Samia et son bébé sont des huis-clos - écho à toutes les limites imposées par la société patriarcale dans laquelle ces héroïnes évoluent -, dont les personnages d'Adam sortent toujours avec des solutions. Comme un pied de nez à cet amer mais pragmatique constat que fait Samia à propos du statut des femmes. "Peu de choses nous appartiennent vraiment", dit-elle à Abla.

Fruit d'un scénario qui appartient au vécu de Maryam Touzani, Adam est un film doté d'un vrai parti pris artistique. La simplicité et l'efficacité des choix narratifs de la réalisatrice donnent à chaque scène la juste dose d'émotion. La proposition cinématographique de Maryam Touzani sur les choix des femmes, en général, et la maternité en particulier, est par conséquent très convaincante pour un premier coup d'essai.

Falila Gbadamassi

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