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Claire Diao : "L'Afrique a toujours eu sa place à la Quinzaine"
critique
rédigé par Falila Gbadamassi
publié le 25/05/2019
Claire Diao, membre du comité de sélection de la Quinzaine des Réalsiateurs
Claire Diao, membre du comité de sélection de la Quinzaine des Réalsiateurs
Falila Gbadamassi est rédactrice à Africiné Magazine
Falila Gbadamassi est rédactrice à Africiné Magazine
Paolo Moretti, délégué général Quinzaine des réalisateurs 2019
Paolo Moretti, délégué général Quinzaine des réalisateurs 2019
Djia Mambu, membre du Jury, Semaine de la Critique
Djia Mambu, membre du Jury, Semaine de la Critique
Fatou Kiné Sène, présidente de la FACC
Fatou Kiné Sène, présidente de la FACC


La journaliste et critique de cinéma Claire Diao a rejoint en 2018 le comité de sélection de la Quinzaine des réalisateurs, l'une des sections parallèles du Festival de Cannes. Membre de l'association des critiques de cinéma du Burkina Faso, elle a cofondé Awotele, une revue dédiée aux cinématographies africaines. Présentatrice de plusieurs émissions consacrées au septième art (France O et Canal + Afrique), elle a reçu la Médaille Beaumarchais 2018 SACD pour son essai "Double Vague, le nouveau souffle du cinéma français" (éd. Au Diable Vauvert). Claire Diao est également à l'origine du programme itinérant de courts métrages, Quartiers lointains. Elle a aussi mis sur pied la société de distribution de films d'Afrique et de sa diaspora, Sudu Connexion. Au terme de l'édition 2019, Claire Diao revient sur son expérience à la Quinzaine.

Comment avez-vous été contactée pour rejoindre le comité de sélection de la Quinzaine ?
En mars 2018, j'ai reçu un mail de Paolo Moretti qui venait d'être nommé délégué général de la Quinzaine des réalisateurs. Alors que nous ne nous connaissions pas personnellement, il a souhaité me rencontrer et m'a proposé d'intégrer son comité de sélection.

En quoi a consisté votre travail ?
A l'instar de tous les autres membres du comité et des différents correspondants situés aux quatre coins du monde, j'ai visionné l'ensemble des films reçus pour l'édition 2019. Le comité a ensuite statué sur la sélection finale composée cette année de 24 longs métrages et 10 courts métrages. Au-delà de ce travail de visionnage intensif, j'ai mené un travail de prospection autour des cinémas d'Afrique et de sa diaspora et suivi l'ensemble des films africains qui nous ont été proposés cette année, soit une cinquantaine de projets, courts et longs confondus.

C'est une première que quelqu'un avec votre profil fasse partie du comité de la quinzaine ? A savoir une franco-burkinabée très au fait du cinéma africain et de celui porté par ces jeunes Français issus de l'immigration africaine à qui vous avez consacré le livre "Double vague"
Je n'aime pas le terme de première car cela équivaut à tirer la couverture à soi et à rendre invisibles les actions menées avant mon arrivée. L'Afrique à toujours eu sa place à la Quinzaine puisque des cinéastes comme Sembène Ousmane, Djibril Diop Mambéty, Idrissa Ouedraogo, Merzak Allouache ou encore Nabil Ayouch y ont été sélectionnés. Mais je peux dire qu'il s'agit d'un geste fort en faveur des cinémas que je défends depuis des années.

Quel accueil a reçu votre sélection et comment se sent-on par rapport à cela en tant que membre du comité ?
Notre sélection a été très bien accueillie et les salles ont été pleines tout au long du Festival de Cannes. La ligne éditoriale était assez claire et lisible et nous avons pu présenter à Cannes 16 réalisateurs qui n'y avaient jamais été invités. J'ai croisé un producteur qui m'a dit qu'il remettait le "Prix de l'effort" à la Quinzaine pour l'exigence de sa sélection. Cela est surtout dû à Paolo Moretti qui est un programmateur chevronné et à sa vision du cinéma. Il nous a permis de travailler collectivement et intelligemment, sans jamais imposer un film à l'ensemble du comité.

Un mot sur la sélection africaine présente sur la Croisette ?
À la Quinzaine, nous avons présenté pour la première fois le travail du cinéaste tunisien Alaa Eddine Slim. Tlamess, son second long-métrage après The Last of Us qui lui avait valu un Lion du futur à Venise en 2016.






Nous pouvons nous réjouir qu'à l'exception de la catégorie Cinéfondation dédiée aux films d'école, toutes les sections du Festival 2019 aient présenté des films africains pour la plupart d'Afrique du Nord et pour beaucoup réalisés par des femmes. Cette tendance s'est également ressentie dans les jurys avec la présence de Maïmouna N'Diaye dans celui de la Compétition, Alice Diop à la Caméra d'or et Djia Mambu à la Semaine de la critique. J'espère que ce vent favorable se poursuivra et que davantage de critiques et professionnels du continent seront conviés. Si Djia et moi sommes davantage visibles dans les médias et les festivals en Occident, c'est certainement parce que nous sommes basées en Europe. La question de la visibilité de nos confrères et consœurs critiques vivant sur le continent demeure cruciale car pour des raisons de coût de transport ou par méconnaissance, les festivals internationaux les invitent encore trop peu. Pourquoi notre nouvelle présidente de la FACC, Fatou Kiné Sène du Sénégal, ne siègerait-elle pas par exemple dans un grand jury international ? Ce serait un signe fort en faveur de notre fédération et des critiques africains. D'ailleurs, l'Afrique se doit de décrocher une Palme d'or avant 2075 pour que cent ans ne s'écoulent pas entre Chronique des années de braise de l'Algérien Mohamed Lakhdar-Hamina et la prochaine...

Falila Gbadamassi

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