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FIFH 2019
Amérique Latine, terres de feu
critique
rédigé par Bassirou Niang
publié le 18/11/2019
Bassirou Niang est rédacteur à Africiné Magazine
Bassirou Niang est rédacteur à Africiné Magazine
Scène du film Notre-Dame du Nil
Scène du film Notre-Dame du Nil
Scène du film Algérie, la guerre des Appelés
Scène du film Algérie, la guerre des Appelés

C'est comme un geste annuel de redécouverte des tiroirs de l'histoire. Mais de celle, cette fois-ci, d'un continent bouillonnant de paradoxes et de contradictions, parfois heureuses, parfois violentes ou tragiques. Le FIFH, événement scientifico-culturel, prévu du 18 au 25 novembre 2019, est un rendez-vous du Pessac (dans la métropole de Bordeaux, au Sud de la France) qui se propose de relire le monde d'hier à aujourd'hui avec l'apport de l'image dans ce temps de bousculade des "formidables incertitudes d'un monde déséquilibré".


"Amérique Latine, terres de feu" ; ce n'est pas (encore ?) le titre d'un ouvrage, mais le thème saisissant d'un rendez-vous festivalier du côté de Bordeaux entre des manuels d'histoire et des écrans qui montrent tout en racontant. C'est la 30ème édition du Festival International du Film d'Histoire (FIFH), pour tout dire ! Un prétexte pour "voguer vers des terres lointaines, où les rudesses de l'histoire s'entremêlent avec les extravagances du rêve", explique son Président d'honneur, Jean-Noël Jeanneney. Durant huit jours, le temps sera rythmé par la projection de 63 films - dont 13 avant-premières - pour quatre compétitions, par 50 rencontres et par des séances spéciales.

La fascination des anciennes civilisations, le choc des religions entremêlées, la geste des indépendances, l'invention des régimes spécifiques entre les dictateurs et les révoltés, des littératures sans pareilles, etc. constitueront, durant ce festival, selon son Président d'honneur, "des ressorts d'un cinéma dont nous allons, autant que jamais, nourrir nos bonheurs de découvertes", dans une ambiance de partage et de discussions contradictoires qui feront se confronter des points de vue bien différents ou complémentaires. Autant dire, un regard-écran sur un continent sud-américain qui, d'après Alain Rousset, le Président du FIFH, "semble être la proie d'un mauvais film-catastrophe". Ce, dans un contexte d'actualité brûlante.

Au chapitre de la programmation, de séduisantes affiches (dont certaines touchent à l'Afrique et sa diaspora) : Cuban Network (par Olivier Assayas), l'histoire de ressortissants cubains vivant à Miami, cherchant à infiltrer les groupuscules antiracistes ; Notre Dame du Nil (par Atiq Rahimi), film mettant à nu le bouillonnement des antagonismes au Rwanda des années 70 et le défi que cherchent à relever de jeunes filles, conscientes qu'elles peuvent faire partie de l'élite par les études (avant-premières, en compétition fiction) ; Algérie, la guerre des Appelés (par Thierry de Lestrade & Sylvie Gilman), ou quand des soldats, après la marche du temps, libèrent leur propre parole face "aux dilemmes moraux" ; Une belle époque (de Hugues Nancy), faisant revivre l'heureuse parenthèse mondaine de la France d'avant la première guerre mondiale (en Panorama du documentaire) ; Le Dossier Chaplin (de Patrick Cabouat), un duel entre un Fbi dirigé par Hoover, persuadé que Chaplin est à la solde de Moscou, et déterminé à éloigner le péril jaune des frontières de l'Amérique et un Charlie Chaplin, lui-même, qui veut à la fois divertir son pays et dénoncer ses injustices (sélection Prix du Documentaire d'Histoire du cinéma) ; ou encore Charlie 172 (de Philippe Picard & Jérôme Lambert), une mémoire douloureuse des tueries de Charlie Hebdo ; mais aussi Afghanistan, le Tombeau de l'URSS (par Nicolas Jallot)... (section "Séances Spéciales") ; Les orphelins de Sankara (de Géraldine Berger), un film abordant la lancinante question du retour et de la reconstruction pour 600 enfants burkinabès, orphelins et ruraux, envoyés à Cuba pour apprendre un métier, et contraints de retourner au bercail après l'assassinat de Thomas Sankara en 1987.

Dans la section "Amérique Latine, terres de feu", toutes les histoires y passent : de plus intimistes à celles collectives. Des combats personnels pour la survie, les affres de la dictature, le pouvoir des gangs, les élans humanistes, le combat des femmes, la confrontation d'opinions médiatiques inconciliables (États-Unis, pays étrangers et Nicaragua) sur la situation de ce dernier pays cité dans la parenthèse ("État de guerre, Nicaragua", documentaire), etc.

Enfin, le FIFH, c'est aussi des débats et rencontres avec des réalisatrices et réalisateurs, animées par de grands spécialistes. On peut retenir parmi les sujets : La conquête et l'évangélisation ; Amérique Latine, Amérique Catholique ? ; Portraits de dictateurs ; Nicaragua 1979 ; Colombie, une histoire culturelle de la violence ; L'Amérique espagnole, un empire face aux autres.

Bassirou Niang

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