AFRICINE .org
Le leader mondial (cinémas africains & diaspora)
Actuellement recensés
24 994 films, 2 562 textes
Ajoutez vos infos
Noura rêve, Tanit d'or des JCC 2019 Session Nejib Ayed
Quand Hinde Boujemaa débusque l'interdit
critique
rédigé par Bassirou Niang
publié le 10/12/2019
Bassirou Niang est rédacteur à Africiné Magazine
Bassirou Niang est rédacteur à Africiné Magazine
Hinde Boujemaa, réalisatrice et scénariste tunisienne.
Hinde Boujemaa, réalisatrice et scénariste tunisienne.
Scène du film, avec Hind Sabry
Scène du film, avec Hind Sabry
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film

Tanit d'or des JCC 2019 Session Nejib Ayed, Noura Rêve, une fiction réalisée en 2019 par Hinde Boujemaa, d'une durée de 93 mn, et sélectionné à Toronto et San Sébastien, a pourtant moins obtenu les faveurs de la critique, au contraire d'autres longs métrages, concurrents de ses ambitions, à l'image d'Adam, de la réalisatrice marocaine Maryam Touzani, sélectionné à "Un certain regard" au Festival de Cannes. Mais comme il y a de la "subjectivité" dans les décisions d'un jury - comme le reconnait le cinéaste sénégalais Alain Gomis, qui a présidé celui de cette année - la récompense lui est revenue.


Voilà une réalité sociale qu'une réalisatrice a daigné éloigner du tabou qui l'entourait. Par-delà l'immoralité de l'acte, l'accent est mis sur la liberté et le désir d'aimer sans souci des "qu'en dira-t-on ?". Il s'agit moins de produire un scénario, de découper des scènes, de poser des caméras que de susciter un débat et une réflexion sur l'interdit dans une société tunisienne encore aux confins du conservatisme. Noura Rêve est une ligne sociale repoussée sans cesse par des êtres assoiffés de vivre, enclins croient-ils au bonheur. Mais que la menace de la limite ravalait dans la peur.






Ce film révèle la conscience de la responsabilité chez une réalisatrice qui sait pertinemment que l'un de ses rôles demeure le fait de recentrer l'humain au coeur de la société. La quête du bonheur n'est pas - et ne peut pas, naturellement être - étranger à ses semblables vivant avec lui sur un même territoire. Noura, l'héroïne du film, incarne le symbolisme de ce sursaut d'un cinéma arabe qui, depuis des années, aborde des sujets entretenus par des catégories culturelles et populaires figées, pour briser l'inconcevable.

Hinde Boujemaa réussit là à dire l'indicible sans langage de violence - quand bien même les oripeaux de celle-ci sont visibles dans certaines scènes. Un détachement que certains de ses pairs n'ont pas pu faire dans bon nombre de leurs opus.

Cela n'empêche, le jeu d'acteur de Noura (Hind Sabry), femme ballotée d'une part entre l'amour d'un amant (Lassad) et''l'entêtement'' amoureux d'un mari (Jamel) habitué de la station prison, et d'autre part confrontée au refus de la honte face à ses enfants quand le secret de ses cachoteries extra-conjugales tombe, prouve toute la délicatesse de l'histoire et l'extrême angoisse d'une liaison dangereuse.

Tout en disant le talent d'actrice et/ou de comédienne, on en croirait par de brefs moments que le scénario bascule sur les planches théâtrales.Ou du moins fait se "théâtraliser", sous une satire camouflée soupçonnée surtout dans la scène finale, une question aussi chargée de non-dits, de malentendus, de révolte, de pleurs, de désespoir, de silence...

Un nouveau pas d'un art que l'on pourrait qualifier de''cinéma-social''.

par Bassirou Niang

Films liés
Artistes liés
Structures liées