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Adam aux JCC 2019 Session Najib Ayed
L'humanité dort et se réveille en Warda
critique
rédigé par Bassirou Niang
publié le 11/12/2019
Bassirou Niang est rédacteur à Africiné Magazine
Bassirou Niang est rédacteur à Africiné Magazine
Maryam Touzani, réalisatrice et scénariste marocaine
Maryam Touzani, réalisatrice et scénariste marocaine
Scène du film, avec Lubna Azabal (en noir) et Nisrin Erradi (en beige)
Scène du film, avec Lubna Azabal (en noir) et Nisrin Erradi (en beige)
Scène du film
Scène du film
Scène du film, avec Lubna Azabal (Abla)
Scène du film, avec Lubna Azabal (Abla)
L'actrice belge Lubna Azabal, dans une scène du film
L'actrice belge Lubna Azabal, dans une scène du film
Scène du film, avec Douae Belkhaouda (Warda)
Scène du film, avec Douae Belkhaouda (Warda)
Scène du film
Scène du film
Scène du film, avec Lubna Azabal (Abla) & Aziz Hattab (Slimani)
Scène du film, avec Lubna Azabal (Abla) & Aziz Hattab (Slimani)
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film, avec Douae Belkhaouda (Warda)
Scène du film, avec Douae Belkhaouda (Warda)
Scène du film
Scène du film
JCC Session Néjib Ayed
JCC Session Néjib Ayed

On en parlait dans les couloirs de salles de cinéma, dans les palabres des critiques, jusque dans les restaurants surchauffés des JCC. Adam, "un beau film" marocain, disait-on, en compétition officielle, catégorie longs-métrages. D'une durée de 98 mn, réalisé en 2019 par Maryam Touzani, actrice, scénariste et réalisatrice, elle dénote de la lutte des sentiments antagonistes chez l'humain.


La réalisatrice a cru en ce qu'il y a de profondément humain et maternel chez la (une) femme. Deux destinées - et non destins - croisées, fournissant à elles seules les grilles de lecture du film : de la condition humaine, un réveil de la compassion, de la libération de soi.




Lorsque Samia, fille enceinte, débarque sac à la main, dans une rue quelconque de la Médina, à la recherche d'un être sensible à sa peine, capable de l'aider, elle ne se douta point de ce qui allait se jouer dans sa vie. Les portails repoussants des occupants de celle-ci, lui rappelleront tout son désespoir. Mère d'une gentille petite fille, occupée à faire prospérer son commerce, Abla cherche elle aussi par tous les moyens, à fuir son passé. Et surtout à ne pas s'encombrer d'un intrus dans l'errance ou à la recherche d'un refuge. Et pourtant, elle ne put s'empêcher d'ouvrir sa porte à cette candidate de nulle part. Mais ne s'agit-il pas dans Adam tout d'abord d'une errance sentimentale ? D'une double errance : celles de Samia et d'Abla ? D'une errance qui, au lieu d'éloigner, rapproche ?

En ce lieu (la maison-boutique d'Abla) où elles noient leur souffrance et conquièrent leur liberté, les deux héroïnes du film nourrissent toutes les raisons de s'éloigner l'une de l'autre. La honte du rejet, la perte de repères dominent dans les premières séquences le jeu d'acteur de Samia basé sur le mode de la colère, comme pour faire écho à la frustration d'Abla qui s'aménage son monde cloisonné. Les deux trajectoires de souffrance semblent des vases communicants dans lesquels suinte toute leur amertume. La réalisatrice en réussit bien la mise en scène puisque trouvant le génie de créer une sorte d'osmose entre les sentiments et la réalité de l'espace qui les épouse.

Un espace réduit qui, généralement, est source de conflits, mais qu'heureusement la petite Warda illumine de sa jovialité. On en croirait, avant d'en arriver à la scène finale, qu'elle est la lumière qui ramène l'espoir, le courage de se regarder soi-même, la raison de s'apercevoir (re)naître en l'autre. Le trait d'union entre deux caractères (de femmes) se rejetant : dureté et fierté débordante. En vérité, l'humanité dort et se réveille en Warda.

Et quand Samia met au monde son bébé, ça semble être ce que Baudelaire appelle dans l'un de ses poèmes "la guérison au bout d'une lame". Au rejet du nouveau-né, succèdent le réveil de la compassion chez Abla et le retour de l'amour maternel. Oui, de l'amour il en est question dans Adam, et d'où qu'il vienne ! Abla l'entrevoit derrière les sonorités d'une musique chargée de romantisme et lourde de souvenirs ; une musique qu'elle fuyait, parce que pleine de charge émotive, source d'un coeur en peine.

Le mérite de ce film, c'est d'avoir su montrer combien l'humanisme est un pouvoir insondable de la réhabilitation de l'être tenaillé par le sentiment de fatalité, et se sentant sur le déclin.

par Bassirou Niang

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