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Cinéma Africain.
critique
rédigé par
publié le 23/11/2005

Mémoire et représentation historique.

Le cinéma s'est toujours mêlé de l'Histoire. Plusieurs titres de films récents viennent confirmer que ce thème continue d'être une source privilégiée d'inspiration pour les cinéastes africains. Si l'Histoire continue de constituer un sujet de choix, elle fait l'objet d'approches idéologiques et esthétiques diverses.



De l'Afrique du Sud au Maroc passant par le Togo et le Burkina Faso, des cinéastes s'essaient à la lecture ou la relecture, de l'histoire de leurs pays. L'intérêt que continue de prendre ce thème dans le cinéma africain, est en relation étroite avec les changements que les sociétés africaines sont en train de connaître. Il fut un temps où l'époque coloniale faisait l'objet de dissection au nom des causes nationales et de la construction des nations africaines. L'évolution des sociétés en l'Afrique étant passée à une deuxième vitesse, le propos a changé, et il ne pouvait que changer.



La reconstitution historique est l'approche qui a la part du lion dans les traitements cinématographiques. Plusieurs films constituent un retour sur les années sombres où la société étouffait sous le poids de l'oppression politique. C'est à ce titre que La chambre noire de Hassen Ben Jalloun et Drum de Zeka Maseko constituent deux exemples opportuns. Le premier revient sur ce qui est appelé au Maroc "les années de plomb" en en faisant le procès d'une manière frontale. Le second choisit de réinterroger l'atmosphère de l'Apartheid à travers l'histoire d'un journaliste "noir" d'investigation. Si l'un fait de son film une œuvre purement politique, l'autre enveloppe son discours dans la structure d'un thriller à la manière hollywoodienne.



D'autres réalisateurs ont choisi, plutôt que de reconstruire une époque, d'en disséquer les séquelles. Ceci prend plusieurs formes. C'est une mutilation physique dans Un Héros de Zézé Gamboa ; mais elle est psychique dans Lettre d'amour Zoulou de Ramadan Suleman. La mutilation de Vittorio ou la hantise qui ronge la conscience de Thandeka sont autant de métaphores qui disent tout simplement le traumatisme qui a secoué les sociétés angolaise et sud-africaine pendant des décennies.



Dans leur diversité, ces approches ne disent qu'une chose : le cinéma africain est tragiquement fragile. Autant l'Afrique est riche d'inspiration, ses blessures sont multiples peut-être, autant il est facile de se laisser aller à la facilité et de sacrifier le cinéma pour traiter notre mal. C'est l'une des batailles les plus délicates dont un auteur de cinéma en Afrique devrait prendre conscience.



La Rédaction



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