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JILANI SAÂDI
"La fiction est une réalité magnifiée"
critique
rédigé par Zouhour Harbaoui
publié le 13/07/2006

Jilani Saâdi a toujours été attiré par le cinéma. Il fait des études de… cinéma (justement) et réalise son premier court-métrage Marchandage nocturne en 1994.

En 1997, il sort un moyen-métrage, Café-hôtel de l'avenir, avant d'entamer le tournage de Khorma, la bêtise.

Rencontre…

Zouhour HARBAOUI : Vous avez choisi Bizerte pour le cadre de Khorma, la bêtise car vous êtes originaire de cette ville. Mais n'est-ce pas, aussi, un répondant aux autres films tunisiens qui se focalisent sur des villes comme Tunis, Sfax, Djerba, Sousse et même Kairouan ?

Jilani Saâdi : J'ai choisi Bizerte car c'est ma ville natale et c'est là aussi où je me sentais le plus en confiance pour réaliser mon film. Loin de moi toute idée régionaliste. J'espère que mon film n'est pas simplement un film bizertin, mais un film tunisien tout court. Ceci dit, je profite de votre question pour dire à quel point j'ai été ému par l'accueil et la participation des Bizertins au tournage. Ils ont été d'une générosité extraordinaire. Les deux techniciens français qui ont participé à ce film ainsi que tous les techniciens tunisiens ont eu du mal à quitter cette ville à la fin du tournage.


Z.H : Comment vous est venue l'idée de réaliser Khorma, la bêtise dont vous êtes aussi le scénariste ? Vous êtes-vous basé sur des faits réels ?

J.S : Tous les scénarii que j'écris partent de faits et de personnages que j'ai croisés dans ma vie. Tous les personnages cités dans le film ont existé à Bizerte : Khorma, Bou Khalbe, Mohammed Boy, Hadj Khalifa, etc. Cela ne veut pas dire qu'ils ont vécu cette histoire. La fiction, du moins c'est ce qu'il me semble, est une réalité magnifiée qui, pour atteindre son efficacité émotionnelle, dépasse le réel.


Z.H : Pourquoi cette histoire d'un arriéré mental ? Que vouliez-vous prouver par là ?

J.S : Je ne le vois pas comme un arriéré mental. C'est la société qui le place dans ce statut de débile. L'histoire du personnage est l'histoire de toute personne à qui on n'accorde pas le statut qu'il souhaiterait avoir : c'est une histoire de malentendus... Khorma ne fait que ressembler à l'image qu'on attend de lui : c'est le seul moyen pour lui de survivre dans cette société.


Z.H : Que symbolisent pour vous le cimetière et l'univers des morts ?

J.S : J'exorcise peut-être les angoisses de mon enfance... ma grand-mère habitait près du cimetière et le soir, j'avais très peur en passant à côté. C'est aussi un moyen d'aborder la marginalité de ce "sous-prolétariat" et d'interroger la société tunisienne d'aujourd'hui sur la complexité de ses rapports sociaux, entre modernité et traditions.


Z.H : Dans votre film, on remarque un clin d'œil au Christ. Qu'en est-il vraiment ?

J.S : Malheureusement ou heureusement pour le Christ, je ne lui ai pas fait de clin d'œil. Il se trouve juste que les panneaux d'interdiction de jeter les ordures sont tous en forme de croix... Comme mon film fonctionne comme une fable qui finit de façon tragique, on peut trouver des similitudes à plusieurs mythologies.


Z.H : A quand votre prochain long-métrage ?

J.S : Le plus tôt possible mais personne ne peut deviner dans ce métier quand les choses se font ou se défont...


Z.H : Quels en seront le thème, l'histoire et le lieu de tournage ?



J.S : J'ai plusieurs idées mais cela sera toujours un film centré sur des personnages forts comme celui de Khorma.

Zouhour HARBAOUI

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