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D'abord tes études, de Sylvain Adjahossi
D'abord tes études, de Sylvain Adjahossi (Bénin)
critique
rédigé par Jean-Marie Mollo Olinga
publié le 16/07/2005

Par Jean-Marie MOLLO OLINGA (Cameroun)

Peut-on construire un pays avec les jambes ? Autrement dit, un pays peut-il se construire en faisant abstraction de ses intelligences, de ses cerveaux ?

Dans le cadre de la coupe du monde de football de 2006 qui se déroulera en Allemagne, le gouvernement germanique a commandé des courts métrages de 05 mn sur le football. Les lauréats ont été invités avec leurs œuvres, à participer à l'animation culturelle de cet événement sportif. Et Sylvain Adjahossi, avec son tout premier film, en est.

Produit avec des bouts de ficelle, ce film ramasse en un laps de temps toute la problématique de la pratique du sport dans un milieu défavorisé, dans les pays pauvres. Machine à rêves - du fait de sa médiatisation à outrance - pour adolescents en mal de célébrité ou de réussite sociale d'un côté, celui-ci peut-il apparaître comme la voie la mieux indiquée pour y parvenir, ou tout au moins pour avoir sa place au soleil, pour assurer son quotidien ? De l'autre, la majorité des parents qui font encore le choix des études en consentant d'énormes sacrifices pour envoyer leurs enfants à l'école. D'où, le sempiternel problème, objet de tant de conflits entre parents et enfants sur l'option la plus appropriée. Ce qui peut expliquer la colère de cette maman qui n'hésite pas à frapper son fils pour l'obliger à étudier.

Si l'œuvre de Adjahossi se contente de poser le problème sans le solutionner, telle n'est pas son intention. "J'ai simplement voulu relever, pour le déplorer, la précarité dans laquelle les jeunes pratiquent le foot chez nous. Montrer qu'il ne peut pas se développer en l'absence de structures adéquates". Si cette précarité assassine les Mozart du football, "D'abord tes études" pose là une autre question qui fait appel à une autre réflexion: celle des équipements sportifs qui susciteraient ou cultiveraient des vocations. Mais, tel ne semble pas être le souci du petit garçon et de ses copains. Ils se contentent de leur ballon crevé et d'un espace tracé à la cendre. Le sport pour eux, à ce niveau, n'aurait-il pas simplement qu'un caractère ludique ? D'où peut-être le choix vite fait du jeu, au détriment du stress des études.

Malgré quelques erreurs de jeunesse à l'exemple de ce lien effectué au moment où le gamin rentre à la maison (il fait jour et on se retrouve brusquement en pleine nuit), D'abord tes études se laisse regarder, non seulement du fait de l'enthousiasme qui y transparaît, mais surtout du fait de l'ensemble des problèmes qui s'y retrouvent.

Jean-Marie MOLLO OLINGA
Correspondant Afrique Magazine, Cameroun

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