AFRICINE .org
Le leader mondial (cinémas africains & diaspora)
Actuellement recensés
24 941 films, 2 562 textes
Ajoutez vos infos
Un "huis clos" à fleur de peau
El Kotbia (La Librairie), de Nawfel SAHEB-ETTABA (Tunisie)
critique
rédigé par Zouhour Harbaoui
publié le 09/09/2005
Zouhour Harbaoui (Africiné)
Zouhour Harbaoui (Africiné)
Le réalisateur tunisien Nawfel Saheb-Ettaba
Le réalisateur tunisien Nawfel Saheb-Ettaba
El Kotbia
El Kotbia
El Kotbia
El Kotbia
El Kotbia
El Kotbia
El Kotbia
El Kotbia

Que de rumeurs n'avons-nous pas entendues durant les J.C.C. 2002 sur le premier long-métrage de Nawfel Saheb-Ettaba, à savoir El Kotbia ! Des rumeurs qui faisaient de ce film un "navet".
Nous avons pu constater, avec un soulagement, que les rumeurs étaient... infondées. El Kotbia est un huis-clos à fleur de peau...

Jamil (Ahmed Hafiène) débarque à Tunis. Grâce à son oncle, il a trouvé un emploi dans la librairie de Tarek (Yadh Béji), époux de Leïla (Hend Sabri) et fils de Aïcha (Martine Gafsi). Jamil va être le témoin d'un trio qui se détruit progressivement pour mieux se reconstituer. Tarek n'a pas de buts dans la vie, à part de continuer à s'occuper de la librairie léguée par son père (adoptif ?). Sa femme Leïla, elle, est emplie de rêves. Elle voudrait quitter la librairie, le quartier où elle étouffe et qui lui rappellent sans cesse qu'elle n'est qu'une "roturière". Elle s'évade, à sa manière, par la chanson, car elle ne veut pas être comme sa belle-mère Aïcha, prisonnière de l'espace, du passé et de son esprit.

Des personnages opposés et complémentaires

Nawfel Saheb-Ettaba, le réalisateur mais aussi le scénariste d'El Kotbia, a voulu, comme il l'a indiqué dans sa note d'intention, "parler de la difficulté d'être en avançant des personnages fragiles et attachants en proie à l'ambivalence des sentiments".
Jamil, Tarek, Leïla et Aïcha sont à la fois opposés dans leur manière d'être et de penser, mais complémentaires car chacun d'eux a un mal-être différent.
Aïcha retrouve en Jamil un amour de jeunesse dont elle est tombée enceinte (aurait-elle donné naissance à Tarek avant d'avoir consommé son mariage avec El Hadj ?). Jamil ressent aussi une attirance pour elle. Mais elle pourrait être sa mère et les ragots vont bon train, surtout au marché où "Le Borgne" (Hatem Belakhal) aime à les colporter, sermonné par le marchand de fruits (Mustapha Adouani).
Jamil a, également, une peine d'amour. Celui qui a voyagé, connu plusieurs coins du monde, est revenu à son point de départ sans avoir fait fortune, mais en ayant perdu des personnes qui lui étaient chères. Leïla envie Jamil d'avoir connu d'autres horizons, et dès que l'occasion se présente en la personne d'un client (Raouf Ben Amor), elle part pour devenir chanteuse. Alors, Tarek, qui vivait dans un cocon, un monde de livres et de souvenirs où trône constamment la photo d'El Hadj, découvre la dure réalité, celle qu'il a voulue fuir à tout prix en s'enlisant dans la routine.

Un film émouvant

Bien que nous ayons trouvé El Kotbia tirant un peu en longueur, nous pensons que cela a été voulu par le réalisateur afin de permettre aux spectateurs de bien s'imprégner de la détresse des personnages. Nous sommes entrés dans une douce torpeur, pistant presque les émotions. El Kotbia se laisse voir par des images sans superflu, sachant capter et mettre en valeur les acteurs, utilisant l'ombre et la lumière.
El Kotbia se laisse entendre, surtout par ses moments de silence, qui sont très importants pour le "feeling".
El Kotbia est un film qui sort des sentiers battus.

Zouhour HARBAOUI (Tunisie)

Films liés
Artistes liés
Structures liées