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MOHAMED HASSINE GRAYA : "Khorma est un personnage cadeau"
Khorma, la bêtise, Jilani SAÂDI
critique
rédigé par Zouhour Harbaoui
publié le 14/09/2005

Mohamed Hassine Graya était, en 2002, un nouveau visage pour le cinéma tunisien.

Pourtant Mohamed Hassine Graya, originaire du gouvernorat de Mahdia (Tunisie), ne s'était pas destiné à devenir comédien. Après des études normaliennes, il devient instituteur durant trois ans. Mais cela ne marche pas. C'est à ce moment qu'il tombe sur une annonce à propos de la nouvelle Ecole Pratique des Arts dramatiques et Scéniques au Kef. Il y tente sa chance, lui qui avait déjà côtoyé le théâtre scolaire et le comité culturel de Mahdia.


Bien qu'il réussit à l'examen théorique, la pratique est plus chaotique. Il est quand même admis et, à force d'acharnement, il est le premier de sa classe à la fin de sa première année.


Au bout de sa seconde année, Mohamed Hassine Graya travaille dans Danse sur braises, une pièce théâtrale mise en scène par Fethi Ben Aziza, inspirée des œuvres de Becket. Par l'intermédiaire de différents stages, il fait la connaissance de personnalités du monde culturel.


Et après plusieurs pièces de théâtre, c'est le film Khorma, la bêtise de Jilali Saâdi...

Zouhour Harbaoui : Comment t'es-tu retrouvé dans la peau de Khorma ?


Mohamed Hassine Graya :
Il paraît qu'au départ Jilani Saâdi avait choisi Jamel Madani pour le rôle. Mais, apparemment, le réalisateur voulait quelqu'un de moins âgé, tout en insistant sur les critères qu'il imaginait pour le personnage. Jamel Madani a demandé qu'on me contacte. J'ai rencontré Jilani. Il était un peu indécis. On est resté pendant trois mois à parler du personnage, du jeu, de l'histoire. Jusqu'à un mois du tournage, je n'avais pas reçu la confirmation pour le rôle.



Z.H. : Quel a été pour toi cet univers du cinéma, toi qui ne jouais que des pièces ?


M.H.G. :
Au départ, c'était bizarre. J'étais angoissé. Je me demandais comment quelqu'un pouvait jouer sur un plateau plein de techniciens, de projecteurs etc. Par la suite, j'ai pu composer avec le tout. Je me suis, carrément, détaché de ce qui m'entourait, des contraintes.



Z.H.: Que penses-tu de ton personnage Khorma ?


M.H.G. :
C'est un personnage cadeau de la part de Jilani, parce qu'il permet au comédien de présenter tout un "palier" de jeu. Ce n'est pas un personnage limité dans une seule voie. C'est un rôle difficile, de composition : orphelin, marginal, différent même dans son teint, dans son visage, dans sa logique. Je pense que n'importe quel comédien aime ce genre de personnage.



Z.H. : Khorma nous fait penser à "Khalifa, le teigneux", personnage de Béchir Khraïef.


M.H.G. :
En fait, Khorma peut s'associer à plusieurs personnages : au Bossu de Notre-Dame, à Jean-Baptiste Grenouille du Parfum, à Elephant-Man, à Khalifa le teigneux etc. Il y a toujours un personnage qui lui ressemble dans son état.



Z.H.: N'as-tu pas peur qu'on te classe dans des personnages ressemblant à Khorma ?


M.H.G. :
Ah! Si je pouvais jouer un personnage totalement différent de Khorma pour affirmer que je peux interpréter n'importe quel autre rôle. Mais si on me propose quelque chose d'approchant, ça sera un défi pour moi. Je l'interpréterais d'une autre manière même si c'est dans le même contexte, la même logique.



Z.H. : Quel personnage aimerais-tu interpréter au cinéma ?


M.H.G. :
N'importe quel rôle qui a son charme, qui attire. J'aime les personnages paradoxaux : violent et tendre, fort et faible etc.



Z.H. : Après le film, quel a été le regard des autres à ton sujet ?


M.H.G. :
D'abord, le film m'a posé une problématique : la relation entre l'être et son image. J'ai l'impression -même chez les personnes que je côtoie habituellement- qu'on me regarde différemment. Je me demande pourquoi. Cela m'inquiète un peu. J'ai l'impression qu'ils croient que je suis descendu directement de l'écran.



Z.H. : Des projets ?


M.H.G. :
Quelques réalisateurs m'ont contacté pour travailler dans leurs films. Il y a aussi Jilani Saâdi qui désire réaliser un autre long-métrage, mais je ne sais pas de quoi il s'agit exactement. Et puis il y a de jeunes réalisateurs inconnus, cela m'intéresserait de travailler avec eux.

Zouhour HARBAOUI (Tunisie)

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