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Une comédie à faire pleurer
Les Habits Neufs du Gouverneur, de Dieudonné Mwézé Ngangura
critique
rédigé par DieuMerci Monga
publié le 23/09/2006

La deuxième édition du Festival Afrique Taille XL s'est ouverte le 19 avril dernier au Théâtre Molière de Bruxelles avec le dernier long métrage de Dieudonné Mwézé Ngangura intitulé Les Habits Neufs du Gouverneur.

Adaptation du célèbre conte d'Andersen, ce film de genre qui se veut en réalité une comédie musicale, pose le problème de la gestion du pouvoir et de son influence sur la relation conjugale dans un contexte tribaliste.

Après La Vie est Belle, Mwézé revient ici sur l'option du film populaire et musical. Les Habits Neufs du Gouverneur met à nu le comportement mou d'un gouverneur, Féli, "nommé comme on gagne à la loterie". Partagé entre le pouvoir, autrement dit, "sa carrière", et l'amour d'une épouse délaissée du fait de son appartenance à une ethnie opposée à celle de son mari, Féli pourra-t-il s'en sortir honorablement ?

En effet, depuis peu, les Zerbos et les Krowas nourrissent les uns envers les autres une haine qui déteint sur leurs relations. Ce conflit va éloigner Féli de son épouse, Mopaya, et partant, de sa famille. Autour du gouverneur, la foule des courtisans qui ne lui disent que ce qu'il veut entendre participera inéluctablement de son isolement. Au point de négliger ses véritables amis, à l'image du tailleur Mati. Devenu vaniteux, Féli doit cependant faire face aux conspirations visant à déstabiliser son pouvoir. Et lorsqu'il se retrouve nu, le réalisateur ne veut-il pas nous montrer l'isolement dans lequel sont finalement confinés ceux-là mêmes qui exercent la charge suprême, surtout quand ils commencent à manquer de lucidité ? Mais, si Féli par la suite porte son fils sur ses épaules, comme pour le hisser au-dessus de tout le monde, n'est-ce pas parce que les conflits ethniques doivent se résoudre par le métissage qui se lit sur la peau de Petit Prince ? Et la famille retrouvée ne prouve-t-elle pas que les décideurs n'ont plus que leur famille quand ils ont tout perdu ?

Au final, cette comédie musicale de Mwézé Ngangura, dans laquelle on ne rigole pas beaucoup du fait de situations pathétiques à l'image de Mopaya qui pleure sans cesse, n'est-elle pas qu'un hommage à la rumba congolaise où on voit défiler les vedettes de la chanson de ce pays ? Le conte de Mwézé, tel qu'il appelle son film, finit comme tous les contes africains par une sagesse, en l'occurrence celle-ci : "l'homme doit se dépouiller du vieil homme qui est vaniteux pour retrouver le nouvel Adam".

DieuMerci MONGA MONDUKA
Georges NZUZI SALAMBIAKU

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