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Le feu et la flamme
Before the sunrise, de Fred AMATA (Nigeria/Cameroun)
critique
rédigé par Jean-Marie Mollo Olinga
publié le 21/07/2006

Le Cameroun et le Nigéria sont des pays voisins, mais qui ne vivent pas toujours en paix. Leurs relations sont régulièrement distendues par des disputes autour d'une zone frontalière soupçonnée d'être riche en poissons et surtout en hydrocarbures. C'est le conflit de Bakassi. Porté au tribunal international de La Haye, le Cameroun en a eu gain de cause. Bakassi est donc entièrement camerounaise.

Première co-production camerouno-nigériane, Before the sunrise se présente comme un produit post-conflictuel, fruit d'une coopération culturelle et cinématographique devant sous-tendre les relations entre les citoyens des deux pays. Mieux, c'est la vision personnelle d'un réalisateur de ce que doivent être des relations éternelles de bon voisinage.

Si l'élément déclencheur de cette love story est le coup de feu que tire M. Fongang pour éliminer physiquement son ennemi Chief Eno, n'est-ce pas pour évoquer - afin de l'exorciser - la situation ayant prévalu pendant des années dans cette presqu'île de Bakassi ? Au Cameroun, les adolescents qui s'initient - maladroitement - au jeu de l'amour ont coutume de dire que celui-ci, l'amour, commence souvent par la haine. Ce n'est pas toujours vrai, mais c'est une manière de relever que d'une situation conflictuelle peuvent jaillir des sentiments d'amour ou d'amitié. N'observe-t-on pas quotidiennement sur le plan international que la haine ou la guerre peuvent servir de plateforme à des relations amicales ou de coopération diverse ?

Comme à Bakassi, Fongang (un nom à consonance camerounaise) et Eno (un nom nigérian) se disputent un lopin de terre dont ils ne maîtrisent qu'approximativement les modalités de cession, la transaction ayant été effectuée longtemps avant eux. Par leurs ascendants.

Comme à Bakassi, il y a des coups de feu et des mouvements de personnes se déplaçant dans des véhicules puissants, et qu'on pourrait assimiler à des mouvements de troupe sur le champ de bataille. Ne pouvant donc trouver d'eux-mêmes une issue pacifique à leur différend, les deux belligérants ont saisi un organisme neutre : le tribunal de La Haye. Mais avant, pendant et même après cette étape, il y a eu plusieurs médiations internationales, incarnées dans Before the sunrise par les enfants qui, à travers leur innocence, tentent chacun de convaincre ses parents de la nécessité de la paix. "La haine engendre la haine. La violence engendre la violence". D'ailleurs, le fils de Fongang et la fille de Chief Eno ne se sont-ils pas passés du consentement de leurs parents respectifs pour leur union ? Tout bien considéré, ces deux enfants ne représentent-ils pas fatalement l'union des deux familles voisines, et partant, la communauté des citoyens des deux pays que sont le Nigéria et le Cameroun, prise en otage par les ambitions de leurs dirigeants représentés ici par les deux parents ?

Après tant d'années de haine et de violence, pour parvenir à une paix stable et durable, il faut non seulement des sacrifices, d'où la mort de Papy - qui symbolise celle des soldats tombés sur le champ d'honneur -, mais aussi l'intégration absolue, par les liens du mariage de Gilbert et Goretti, par exemple. Ces derniers symbolisant le futur.

Fortement influencé par le "home cinema" nigérian, Before the sunrise est très proche d'un film de télévision quant à ses cadrages. Sans véritable recherche artistique, il est formaté sur un cinéma populaire basé sur des histoires de proximité racontées de façon linéaire. Ici, les mouvements de la caméra ne participent nullement de la recherche d'une quelconque esthétique. Le film décrit, un point c'est tout. D'où sa plus importante insuffisance.

Cependant, on peut souligner, pour le relever, le choix des musiques accompagnant certaines séquences. Elles sont appropriées et démontrent que malgré la lourdeur, la gravité et la tristesse de leur tonalité, Before the sunrise est un film positif. Comme l'avenir entre le Cameroun et le Nigéria, deux pays condamnés à vivre éternellement ensemble.

Jean-Marie MOLLO OLINGA,
Cameroun

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