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La mort au bout de l'aventure
Clandestins, de Denis Chouinard et Nicolas Wadimoff
critique
rédigé par Yvette Mbogo
publié le 05/10/2006

Le film de Denis Chouinard et de Nicolas Wadimoff parle des risques encourus par l'immigration clandestine.

Six immigrants, dont deux hommes, deux femmes (une mère et sa fille atteinte de surdité) et un adolescent tsigane, tentent de quitter la France pour le Canada au prix d'une fortune et par le biais d'un passeur. Ils traversent la grille qui les mène directement au port. De là, ils réussissent à se faire enfermer dans un container en partance pour le Canada. Tous rêvent d'un eldorado où leur vie va changer positivement. "Là-bas, les soins médicaux sont gratuits", explique le jeune tsigane. "Ceux qui se sont moqués de moi auront honte quand je vais revenir au pays", pensent un autre. "Tu vas t'acheter une Mercedes et une Bmw", dit une autre. Mais les ennuis commencent. Le cargo tombe en panne en pleine mer et les provisions sont épuisées. Les incompréhensions entre les deux hommes se terminent en une sanglante bagarre et tout bascule au cauchemar. Un des bagarreurs développent un tétanos et en meurt.
Par les enchaînements des scènes bien que lents avec des images nettes, les coréalisateurs construisent tout l'univers du film dans le container. Les images en plongée décrivent l'écrasement des protagonistes face à un destin qui les domine. L'espace insalubre, plein de rats et d'insectes du container fait montre des difficultés des voyages d'aventures. Les couleurs grises, pourpres et sombres, la musique, pathétique avec l'orchestration d'un piano, montrent la tristesse et l'anxiété qui habitent toujours les clandestins durant leur parcours. La mer, tantôt calme, tantôt agitée est le reflet de l'incertitude qui hante le voyageur. En aventure, il n'y a pas d'acquis tant que l'on n'est pas arrivé à destination. La mort d'un clandestin est la manifestation du drame qui guette les clandestins de tout bord. Et l'on comprend par là même "l'illusion d'une terre promise". La lecture de la lettre du clandestin décédé par son amie "Je suis bien arrivé, tout se passe bien ici ; j'ai trouvé un emploi et une chambre. D'ici là, je viendrai te chercher avec nos deux enfants" peint le mensonge et l'illusion dans laquelle les clandestins font miroiter à leurs familles restées au pays. Le plus important étant de partir même s'il faut aller souffrir. Une fuite en avant qui donne toujours aux aventuriers la quête de la réussite même au prix de sa vie. "C'est injuste, c'est la faute des systèmes", lancé par un autre clandestin est le résultat des vices de formes dans l'obtention de visas par les pays riches. Pendant 1h 30 mn, le spectateur vit dans un suspens terrible et ne quitte l'écran des yeux que lorsqu'il voit apparaître le générique de fin. Il interpelle les dirigeants des pays pauvres à améliorer le cadre social des populations pour les dissuader de toute tentative d'immigration. Les pays industrialisés sont également responsables de toutes ces tentatives d'immigration périlleuses. Clandestins est un regard du monde dans sa globalité qui dit les choses telles qu'elles sont. Voyageurs sans papiers, sachez ce qui vous attend au bout de l'aventure !

Yvette MBOGO

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